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Les domaines de la laïcité
La laïcité s’est donc toujours exercée à travers les âges, et elle a toujours été bafouée.
Si nous résumons les objectifs qui dérive de sa simple définition, nous parvenons à tout un ensemble de critères.
La laïcité est le principe résumé en séparation de l’église et de l’Etat.
Le clip de l’Education nationale rappelle que la laïcité repose sur trois piliers : l’égalité des citoyens devant la loi, la liberté de croire ou de ne pas croire, la neutralité de l’Etat.
C’est dont le fait de séparer de façon claire :
Sur le plan collectif
Sur le plan individuel
Sur le plan de l’institution
Ce qui relève du fonctionnement d’un Etat et qui implique donc la totalité de sa population
L’Etat en tant que représentatif de normes de fonctionnement acceptées par tous collectivement et individuellement
Une organisation collective est nécessaire sauf à retourner à l’époque des tribus et des guerres de clans.
La prise en compte de tous en tant que citoyen, à la mesure de ce que chacun peut percevoir et appréhender à son propre niveau, ce qui pose la question de la définition de ce qu’est un citoyen
L’individu a besoin d’un espace de liberté et d’autodétermination.
Sur le plan individuel
De ce qui relève des croyances spécifiques aux religions ou autres mouvements religieux, philosophiques ou politiques qui ne concernent que les personnes impliquées dans ces croyances, religions, partis, mouvements ou opinions personnelles.
La personne en tant qu’individu avec ses croyances et représentations personnelles du monde qui l’entoure.
Le savoir, repose sur la science, incontestable car elle repose des expériences reproductibles et constatables par tous.
La laïcité réclame une ouverture envers le monde qui nous entoure en dehors de tout jugement préétabli, de tout préjugé, donc un détachement même provisoire de ses propres opinions personnelles permettant d’examiner d’autres « thèses » que les siennes afin de les accepter … ou de les rejeter. Refuser cette ouverture ponctuelle équivaut à avoir un esprit fermé sur lui-même. L’organisation d’une société qui nécessite un compromis reposant sur une base commune la plus solide (est-elle large ou plus étroite ?) entre différentes conceptions quelques fois opposées voire incompatibles.
L'opinion, qui est l’ensemble de ce qu’on croit individuellement,
La croyance en ce qui est probable, possible, envisageable, même en dehors de toute validation scientifique.
La foi, qui est l’acceptation comme étant sienne d’une croyance transmise par une religion, une chevalerie, …
La conviction, qui est l’opinion fondée sur une preuve jugée irréfutable, scientifique (donc reproductible et constatable par tous).
Distinguer entre ces différentes croyances nécessite de différencier entre :
- La conception individuelle du monde que chacun a obligatoirement, qu’elle soit religieuse, politique, écologique ou sociale
- Soit la confronter à celle des autres
Cela pose aussi la question de la limite dans laquelle une personne peut exercer un choix individuel sans porter atteinte à la conception de penser de ses voisins, tout en respectant les bases du bien commun (les droits de l’homme, de la nature flore et faune, de la météo …)
Sur le plan social
Ce qui garantit le fonctionnement la séparation entre ces deux entités Etat / religion ou croyance : la neutralité de l’Etat, en rappelant qu’il est aussi garant de l’organisation des cultes, donc de l’exercice de la liberté de croyance.
Le rapport individuel établi par chacun de nous entre ces deux entités, donc notre rapport personnel aux autres et à l’Etat, à la norme.
La loi s’exerce dans le domaine collectif ou dans un espace commun défini (entreprises, commerces…)
Délimitation de l’espace collectif et de l’espace particulier à un groupe ou personnel.
Choix des personnes qui déterminent la loi :
- Loi de constitution, inamovibles car reposant sur des principes universels : le respect de la nature, les droits de l’homme, des animaux (et à travers l’écologie des plantes et des climats)
- Lois générales par pays
- Lois particulières tenant du règlement interne de structures particulières : règlements d’établissements, d’associations … comme autrefois les conseils de fabrique, aujourd’hui les coopératives …
Chacun est libre d’agir de façon privée dans son espace privé, s’il est le seul à subir les conséquences de ses actes.
Quelle est la part de liberté de chacun : notre corps est-il à nous et a-t-on le droit à l’euthanasie ou non ? a-t-on le droit de porter volontairement un bébé pour quelqu’un d’autre ? Quels sont les droits respectifs de chaque partie dans ce cas et quels droits donne-t-on au bébé qui n’est pas encore né ?
Que devient le mouvement démocratique / laïque au travers du temps ?
Certaines familles évoquées dans les articles précédents ont prolongé les parcours initiés par leurs familles, sans pourtant avoir connaissance du passé engagé et parfois tumultueux de leur famille. Voici quelques extraits glanés au fil des pages :
Journal de Francfort DU LUNDI, 3o JUILLET 1798. Extrait des Nouvelles de Paris, du 24 Juillet.
Une pétition des militaires pensionnés est lue à la tribune ; ils se plaignent de ne pas recevoir leur traitement ; ils se sont adressés au Directoire, qui a trouvé leurs réclamations justes ; mais il a déclaré ne pouvoir les traiter que comme des militaires réformés, attendu que la loi gardoit le silence à cet égard. Jourdan (de la Haute Vienne) prend la parole ; il appelle l’attention du Conseil sur l’état de ces militaires. Pour prix de leurs services & de leurs blessures, ils languissent dans le besoin. Il demande qu’il soit fait un message au Directoire pour lui demander si l’état des finances permettra, pour l’an 7, de traiter les militaires suspendus comme les militaires réformés. – Adopté.
Le même membre dénonce au conseil un écrit distribué au corps législatif, ayant pour titre : Les invalides mutilés en défendant la patrie, au corps législatif. Voici quelques passages de cet écrit :
« On nous expulse arbitrairement (disent les invalides), on nous envoie dans les départements pour nous y faire égorger par les royalistes. Ceux qu’on nous a donnés pour chefs sont des requins royaux qu'on florie grassement au ministère de la guerre. Ne vous appliquerez vous pas, législateurs, à faire cesser des vexations contre-révolutionnaires qui ont privé de la mission nationale un grand nombre de nos camarades mutilés, tandis que la plus grande partie de ceux qui y restent ont l’usage de leurs membres, & que plusieurs n’y ont d’autres titres que d’avoir servi des ci devant nobles en qualité de portiers ou de cuisiniers | ces Directeurs qui avoient serré l’entrée du corps législatif au citoyen Remigeon, ( invalide élu, par l'oratoire) pouvoient-ils ne pas le chasser de la maison nationale? De quel œil verrez-vous qu’on appelle au commandement de nos compagnies des ci-devant chevaliers, tandis que de braves invalides redescendent au rang de simples soldats ? Ne seroit-on pas tenté de croire qu’on nous fait un crime d’avoir servi la République, & que ses ennemis seuls ont droit à ses récompenses ? Nous abhorrons les usurpateurs, les flatteurs & leurs mouchards. Ne permettez pas qu’on dégoûte, par des manœuvres perfides, ceux que le sort des combats a épargnés jusqu’ici. Si, pour avoir réclamé nos droits, nous étions livrés sans appui à la fureur du Directoire, où à celle de ces exécrables agents, nous supporterions avec courage les persécutions, la misère, les fers & les cachots : nous saurions braver la mort avec calme. »
Non, s’écrie Jourdan, cet écrit n’est point ouvrage des braves militaires, qui ont si bien défendu la patrie ; non, les défenseurs de la liberté ne calomnient pas le corps législatif, le Directoire exécutif, & la journée du 18 Fructidor qu’ils ont eux-mêmes provoquée par leur adresse. Cet écrit et l’ouvrage du royalisme, qui veut jeter parmi nous & dans les armées une pomme de discorde : mais cette nouvelle manœuvre sera encore déjouée, & les ennemis de la République auront fit des frais d’impression en pure perte. – Aréna manifeste une même indignation contre les auteurs de cet écrit.
Il demande qu’il soit transmis, par un message au Directoire, pour en faire poursuivre les auteurs. — Adopté.
Un Rémigioux est inscrit dans les listes des Vendéens recherchés, les descendants de la famille Rémigioux / de Blet font partie des dépossédés qui seront indemnisés sous l’empire napoléonien.
Le semeur algérien – 11 novembre 1921 :
Alger - L’accaparement des œufs
L’accaparement des œufs fait l’objet des préoccupations non seulement des conseillers algérois, mais surtout de toute une population qui ne peut admettre – et elle a parfaitement raison – qu’on lui fasse payer les œufs « à un prix axorbitant par suite de l’accaparement et de l’exportation de la presque totalité des œufs algériens en France.
Dans une des séances du Conseil général, M. Billet s’est fait l’éco du mécontentement des consommateurs. Il a demandé que des mesures soient prises d’urgence pour mettre un terme à cet état de choses.
Au Conseil municipal d’Alger, dans la séance du 4 novembre, M. Ramigeon a déposé un vœu tendant à ce que l’exportation des œufs soit totalement interdite ou tout au moins fortement limitée et sévèrement contrôlée ; mais que de toutes façons il y ait interdiction totale lorsque le cours normal dépassera 30 centimes dans le port d’embarquement.
Etant donné qu’un vœu est la plupart du temps sans résultat, le conseil a décidé qu’une délégation serait envoyée au Gouvernement général pour lui exposer la situation. *MM. Raffi, Pasquier-Bronde, Paoli, Barrucani et Ramigeon ont été chargés de ladite mission.
Annales africaines – 34ème année – Nouvelle série n° 23 – 8 juin 1922
Sidi-Ferruch, 15 mai 1922
Cher Monsieur Mallebay,
Voulez-vous être assez aimable pour aviser M. Ramigeon que j’ai trouvé une solution au problème de la vie chère ? Je ne doute pas que M. le Gouverneur Général, justement ému de ses doléances, n’obtienne du gouvernement de la République :
1- Que toutes les marchandises d’Espagne et d’Italie rentrent en France en franchise ;
2- Que les mêmes marchandises, en provenance d’Algérie, paient un droit d’entrée de 200 francs par 100 kilos.
Les effets de cette mesure tutélaire ne se feront pas attendre ; les électeurs de M. Ramigeon pourront pendant quelque temps se nourrir à bon marché et mettre quelques billets de côté pour le cinéma.
Cette satisfaction, une fois obtenue, peut-être serait-il plus sage, de leur part, d’émigrer, l’Algérie risquant de devenir par la suite, au point de vue prospérité, quelque chose comme la Russie soviétique.
Agréez, cher Monsieur Mallebay, l’assurance de mes meilleurs sentiments.
S.
Ce billet d’humeur de trouve sur la page regroupant ce qu’on pourrait qualifier de courrier des lecteurs ou de billets d’humeur.
Ainsi, il est suivi d’un poème
:
Fleur
Douce, autour d’elle ruisselait
Comme une lumière inconnue.
Elle a seize ans tout juste, elle est
Folâtre, naïve, ingénue.
Petite, avec un peu d’azur
Ainsi qu’un Ange, elle est de celles
Dont on admire le front pur.
Ses yeux d’or sont pleins d’étincelles.
Pareille au gai matin vermeil,
Elle est enfantine et superbe,
Et sous un rayon de soleil
Semble un grand lys, fleuri dans l’herbe.
Théodore de Banville
LE MAITRON - Notice RAMIGEON Jean-Pierre
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article145340
Né le 17 novembre 1904 à Folles (Haute-Vienne), mort le 19 septembre 1981 à Gourieux (Oise) ; ouvrier métallurgiste ; président de la Fédération des locataires.
Fils de cultivateurs, Jean-Pierre Ramigeon se maria à Paris, XVIIIe arr. avec Marie Boyer, le 5 février 1927.Militant communiste, il participa à la Résistance et devint colonel FTPF. En 1950, il vivait rue Chapu dans le XVIe arr.de Paris ; il présida la Fédération nationale des locataires puis la Confédération nationale des locataires en 1950. Il était directeur du journal Le Réveil des locataires, et affilié à la CGT.
Le peuple CGT – Organe officiel de la Confédération générale du travail – Lundi 8 mai 1939
La fédération des locataires poursuivie par les « colonnards »
Par personnes interposées, le trust de l’électricité et des colonnes montantes, en particulier l’Expansion électrique, 4 rue Chauveau-Lagarde, a réussi à faire inculper le secrétaire de la Fédération des locataires de la région parisienne, 62 bis rue Richard-Lenoir, à Paris, notre ami Ramigeon, et plusieurs militants pour soi-disant séquestration, violences et menaces sous conditions.
Le but recherché est d’anéantir le mouvement de protestation des usagers de l’électricité contre le paiement de la location des colonnes montantes électriques.
En collaboration avec le Secours populaire de France, la Fédération a envisagé la défense de tous nos camarades inculpés. Elle demande à tous les locataires et aux usagers de l’électricité d’élever avec elle une énergique protestation contre les procédés employés par les « colonnards ». Il faut que celle-ci soit assez puissante pour les faire reculer ainsi que les pouvoirs publics, qui ont mis deux ans à prendre en considération une plainte non fondée dont le caractère pour le moins abusif n’échappera à personne.
La Fédération des locataires de la région parisienne, 62 bis boulevard Richard-Lenoir Paris
Jean Ramigeon devint colonel FTPF dans la résistance, sous le nom de Duncan (commandant). Il voyageait dans la France en reliant les groupes de résistants sous couvert de son métier d’agent immobilier. Il était présent lors de la libération de Limoges, s’écroulant en soirée et hospitalisé d’urgence pour cause de … très forte fièvre (peut-être une grippe), ce qui fit bien sourire ses hommes qui allèrent placer la casquette de colonel sur sa tête le lendemain matin.
Il a écrit ses mémoires tout au long de sa vie, gardées pieusement par sa fille, mais il pratiquait aussi la poésie quand son emploi du temps le lui permettait.
Sur cette photo de la famille d’André Louis Ramigeon et de sa femme Jeanne Guinard prise à Folles (87), leurs père et mère, Pierre Gaston (appelé Gaston) est l’enfant assis au premier plan à droite, son frère Jean Pierre (appelé Pierre dans sa vie privée, Jean dans sa vie publique) est celui qui chevauche le tonneau.
A mon frère
Tu es mon frère et mon parrain,
Tous les deux, nous nous aimons bien.
Entre nous deux pas de disputes,
Je ne trouve pas trace de lutte.
Te souviens-tu mon cher Gaston,
On a été douze à la maison,
Sept filles et cinq garçons ! Les tout petits, nous les aimions,
Trois n’ont pas connu les misères
Que nous avons vu sur cette terre.
L’un n’a vécu que peu de temps,
Notre Maurice avait cinq ans !
Notre Renée n’en n’avait pas tant.
Quelle douleur pour nos parents !
Quand j’y pense, soixante ans plus tard,
De moi s’empare le cafard.
Nous avons vieilli tous les deux.
Nous ne sommes pas trop malheureux.
Parfois je pense au wagonnet
Quand nous descendions des Caunées,
Tu avais le diable à cet âge,
Au tournant du pont des Bellages,
Dedans tu m’avais fait monter,
Dans les virages j’ai culbuté,
Et quand je reprends ce chemin,
Je souris et pense aux galopins
Que nous étions, pour jouer comme ça.
Plus tard j’aurais joué au soldat,
Toi tu l’étais et pour de bon,
Et on chantait la Madelon,
Je voulais me battre contre les Allemands,
Je me plaignais à nos parents.
Et tu m’a dit bien gentiment :
T’es mieux ici qu’au régiment.
Ainsi tu m’as donné l’éveil,
Sagement, j’ai suivi ton conseil.
La résistance a fait de moi un gradé,
Mais je t’en ai toujours su gré.
Tu es chez toi, tu as deux enfants,
Tu en as même des petits, charmants.
J’ai une fille que j’adore,
Pour moi, c’est la fin du décor.
La vie vois-tu c’est une lutte.
Elle est belle si elle a un but.
Je te sais souffrant, cela me chagrine.
Elle ne dit pas de quoi ? Petite Nadine,
Mais je voudrais bien vite et j’en serais heureux
Te savoir guéri, je crois que ça se peut.
J’irai te revois, plaisanter encore,
Peut-être fêter tes Noces d’or.
Va mon cher parrain, profite de la vie,
Car elle est bien courte, après c’est fini.
Ton filleul te souhaite, du fond du cœur,
Une bonne santé, et encore du bonheur.
Fait à Orcemont le 23 mai 1973 pour mon frère Gaston Ramigeon. Jean Pierre Ramigeon
Le brassage initié par les mariages entre familles déplacées ou éclatées rend cousines nombre de familles de la bourgeoisie de robe, marchande, ou civile (la gestion des communes étant souvent assurées soit par des nobles de robe, des enseignants, des marchands) et les familles plus populaires, comme les propriétaires terriens, agriculteurs, artisans … alors même que si l’Etat-civil est seulement survolé, les mariages y paraissent autrefois endogènes.
Et beaucoup d’édiles font partie de ces familles par alliance : les pré-démocrates et pré-laïques s’impliqueront dans la vie de leur commune, comme certains qui ont déjà été cités parmi les auteurs, académiciens, mais aussi échevins ou édiles des communes, à la Rochelle, Niort, Tours, Poitiers, Montmorillon, Limoges, Argenton, Châteauroux, Saintes, La Réole, Bordeaux, ou dans des communes plus petites : Chaillac, Sacierges, Roussines, Bersac sur Rivalier, Saint Sulpice Les Feuilles Laurière, Fursac, La Souterraine pour ne citer que quelques communes rencontrées dans le bas Berry ou la Marche de L’époque.
Ces familles sont « courantes » et donc représentatives de celles de cette époque, présentant un mélange de convictions personnelles, d’actions engagées ou non, parfois de d’échecs ou de dérives, comme dans toutes les familles.
Quels enseignements de l’histoire pour aujourd’hui ?
Cette histoire semble aujourd’hui bien dépassée, la révolution étant passée par là.
Mais dans les faits, la démocratie ne suffit pas à garantir la laïcité.
En effet, les principes sur lesquels repose la laïcité dépasse largement les limitations entre religion et Etat.
Ils englobent de façon plus générale les rapports entre :
- L’individu, ses opinions ou croyances personnels, ses savoirs,
- L’Etat, son obligation de neutralité,
- La liaison entre les individus qui le compose, le construise mais aussi l’utilise,
Ainsi peut-on se poser la question de son application dans des domaines très différents et pourtant bien d’aujourd’hui :
La définition du citoyen
Est-ce celui qui vit sur un territoire, ou qui y travaille, y ajoute-t-on une notion d’âge, de sexe, de capacités, d’implication dans la société (par le travail, les réunions, l’appartenance à un parti ou un syndicat…)
La délimitation des pouvoirs de l’Etat
Quels sont les domaines dans lequel l’Etat peut légiférer, par exemple pour déterminer ce qui relève du domaine personnel et n’a pas à être évoqué en public et ce qui doit l’être absolument, sur quels sujets peut porter un référendum et comment l’engager.
La constitution de bas à laquelle aucune loi ne peut déroger, par exemple :
- Quelle place y fait-on à la protection du climat, qui devrait être un préalable, au respect des paysages, des plantes, des animaux, en un mot de la biodiversité…) Comment réagir par rapport à des étendues à perte de vue de cultures intensives non écologiques, même si leur utilité est reconnue ?
La reconnaissance de l’autre
Quelle prise en compte fait-on de l’opinion de l’autre :
- Peut-on rejeter une proposition au titre que celui qui la formule la justifie personnellement par une opinion que l’on ne peut pas épouser (il justifie sa proposition parce qu’il est religieux, étranger, c’est une femme, il est noir, juif, il est extrémiste) ?
- Peut-on parvenir à détacher la loi qui se doit d’être neutre et laïque des opinions personnelles de ceux qui la proposent. Ceux-ci peuvent-ils vraiment parvenir à « neutraliser » leurs opinions personnelles pour proposer une loi juste et applicable à tous ?
- Quelle part faire dans nos expériences personnelles entre ce qui relève d’une expérience que l’on peut transmettre à tous et dont on peut témoigner et ce qui est une réalité particulière et individuelle qui nous vient de nos rêves, de nos illusions, ou d’une situation particulière que l’on a vécue ?
Quel rapport institue-t-on entre les différentes intelligences. A une époque où celui qui pense est censé être « le premier de cordée », quelle définition et quelle place lui donne-t-on :
- Celui qui a une idée, et qui de ce fait pense le maître de ceux qui vont l’aider à la mettre en place, la personne indispensable apte à tout gérer et donc à en tirer un très large bénéfice (voire tout le bénéfice). Fera-t-il appel à un financement participatif ou prendra-t-il un crédit pour devenir par la suite un actionnaire privilégié voire unique de l’entreprise créée par les efforts de tous?
Certains pays ont porté attention aux intelligence autres qu’intellectuelles en favorisant les apprentissages dès le plus jeune âge. Ces pays affichent un taux de chômage très bas pour leurs jeunes. En France, s’est mise en place une course aux diplômes dès le plus jeune âge, avec l’illusion que les voies d’apprentissage sont des voies de garage. Pourtant, tous se plaignent dans le monde du travail des jeunes qui arrivent diplômés mais en fait sans expérience, et qu’il faut presque reformer sur « le tas » avant qu’ils ne deviennent efficaces … ou pas. Pourrait-on favoriser les processus de promotion interne plutôt que ceux d’engagement externe de personnes non intégrées à l’entreprise dans laquelle elles travaillent ?
Quel rapport entre décisionnaires et exécutants : poursuivra-t-on le mouvement de déresponsabilisation de la base au profit d’une oligarchie qui règne par rapports / enquêtes / audits interposés, sans connaissance du terrain et entraînant une perte considérable d’efficacité dans la création d’administratifs chargés de gérer ses rapports ?
Ainsi, dans l’Education nationale, le primaire recule dans les sondages européens depuis plusieurs décennies, en fait depuis que l’université prend en compte la formation des maîtres sans y avoir intégré des formateurs de ce niveau de spécialité autrement que pour des stages très limités . Cela a entraîné :
- La suppression de ceux qui avaient fait carrière de l’instituteur jusqu’à professeur d’école normale, en passant par le statut de PEGC, et donc pour tout dire la quasi suppression de la possibilité d’évoluer des enseignants du primaire : maintenant, s’ils veulent entrer à l’université, ils doivent abandonner leurs savoirs pour adopter ceux du secondaire. La hiérarchisation entre les constructions des notions de base qui font l’objet du primaire et les savoirs complexes délivrés du secondaire entraîne-t-elle vraiment une hiérarchisation des capacités à enseigner des enseignants ? L’architecte est-il plus indispensable dans la construction d’un ouvrage que le maçon ? Leurs métiers sont-ils complémentaires ou hiérarchisés de façon pyramidale ? Quel niveau de reconnaissance donne-t-on à travers le salaire à chacun : tout à l’actionnaire, un peu au contremaître, peu à l’ouvrier ? Croit-on vraiment que celui qui a fait fortune sur une idée récolte vraiment le fruit de son seul travail ? Comment partage-t-il les bénéfices de ce qu’il a mis en place avec l’aide des autres ?
o A ce propos, comment les syndicats d’enseignants peuvent-ils accepter une situation si désavantageuse pour les enseignants de la maternelle et du primaire, dont les savoirs pédagogiques ne sont pas « absorbés ni transmis » par les savoirs des enseignants du lycée ou du supérieur (par exemple : la formation des nombres chez le jeune enfant, l’apprentissage de la lecture, les découvertes spatiales ou l’appréhension du temps historique, la connaissance ressentie de son corps, la première socialisation, les premières notions de gestion du travail). Ces enseignants du primaire qui sont tout autant adhérents chez eux que leurs collègues de tous niveaux (qui font très bien leur travail … à leur niveau, pas à ceux des autres.
- La diminution des heures de cours des élèves, trouvées trop lourdes, mais qui organisées par les maîtres leur permettaient de laisser aux élèves le temps de respirer dans la classe. Ainsi, est-on passé des « leçons » dans lesquelles l’élève avait une heure pour découvrir une notion aux « séances de découverte » dans lesquelles il n’a plus qu’une demi-heure pour effectuer le même travail.
- Enfin, la quasi suppression d’éléments venant du primaire dans les staff des universités de formation de maître au bénéfice d’une intelligentsia qui commandite par l’intermédiaire de rapports et d’évaluation (autant des écoles que des élèves) pousse cette hiérarchie oligarchique, devant le recul de la France dans les évaluations internationales, à réclamer encore plus de rapports pour promulguer encore plus de bons objectifs assignés à tel ou tel domaine scolaire en difficulté, le tout par l’intermédiaire d’une hiérarchie que l’on voudrait bien renforcer, par exemple en nommant les directeurs d’école comme chef d’établissement avec les avantages administratifs qu’on leur laisse miroiter : ils deviendraient les chefs hiérarchiques de leurs collègues, aurait un salaire supplémentaire, et absorberaient la responsabilité de la chute des résultats des élèves, en la déplaçant entièrement sur la pédagogie des maîtres. Pourtant, les méthodes d’autrefois comme les méthodes d’aujourd’hui donnent de bons résultats … ailleurs. Alors pourquoi nos élèves ne se sentent-ils pas investis dans des études qui ne donnent plus accès à des métiers qu’après moult études ?
Mais aussi la gestion du temps :
- Peut-on croire qu’une société qui ne parvient pas à équilibrer le travail, la participation de tous, les revenus à un temps T de son existence pourra les équilibrer en prenant hypothèque sur un futur dont elle ne sait à peu près rien. Est-il crédible que cet argent que les banques souhaitent à tout prix nous faire économiser pour notre retraite aura dans cinquante ans une valeur suffisante pour garantir un niveau de vie décent dans une société dont l’équilibre sera forcément modifié ? Comment garantir une répartition des efforts sur une société dont on ne connaît pas par avance la composition, les contraintes ni les besoins ?
- Qu’en est-il d’une société où ses compétences et domaines de base sont sacrifiés :
- Sous paiement des fonctionnaires, contrairement à ce qu’en pense le privé, qui ont toujours été et sont toujours considérées comme des dépenses sociales. En fait, la déclaration même des droits de l’homme oblige à ces dépenses dont tous les français bénéficient. Pourtant, beaucoup trouvent normal de jouer sur les salaires des fonctionnaires comme ajustement du budget, fonctionnaires qui ne bénéficient pas des augmentations du privé, ni des avantages :
o Ils ne sont jamais au chômage, donc pourquoi les payer autant que le privé, qui lui pourtant a le droit de cumuler indemnité de licenciement et des indemnités chômage, et conserve pendant un temps leurs droits à la retraite. En fait, cela revient à dire : le fonctionnaire travaille sans rupture, donc il n’a pas à être payé pour un travail continuel.
o Les fonctionnaires d’Etat n’ont pas une vraie retraite complémentaire, l’Etat ayant joué pour eux à bas coût le rôle de retraite de base et de complémentaire (sinon il aurait dû augmenter les salaires dont le net serait devenu indécent) : pour ma part, en tant que maître formateur partie à la retraite après 40 annuités, j’ai touché 1500 € par mois de retraite complémentaire … mais un seul et unique mois. Les fonctionnaires comme les enseignants partent avec maximum 75% de leur dernier salaire diminué de toutes leurs indemnités, soit environ 60 % de leur dernier salaire net (encore une fois sans aucun versement complémentaire). Certaines banques leur ont d’ailleurs proposé d’investir de façon privée dans un fond de retraite, ce qui revient à dire que contrairement au privé qui voit apparaître sa retraite complémentaire sur sa fiche de paie, celle des fonctionnaires n’y apparaît pas, ce qui gonfle d’autant leur net à gagner.
Qu’en est-il des choix de chacun en ce qui concerne l’équilibre en apports personnels à la société ou collectivité et bienfaits attendus d’elle ? :
- Est-il juste de penser qu’on peut cumuler une formation alors qu’on n’occupera pas les postes proposés,
- Est-il juste de penser que la société peut protéger quelqu’un qui a vécu d’indemnités sans contreparties d’un travail adapté ou d’une présence (associative, transmissive …), que l’on soit au chômage, handicapé, malade ou vieux ?
Bref, la laïcité, dans les questions qu’elle pose sur les rapports entre individualité, rapport à l’autre et société implique bien d’autres sujets que les rapports religion / Etat ou égalité des sexes, même si ce sont ces deux sujets qui sont abordés principalement.
Et même l’écologie !
En ce qui concerne le rapport public, privé impacté par la laïcité, on voit face au défi climatique que personne ne peut penser que son action personnelle dérivée de ses opinions est sans conséquence pour la société, et qu’il peut vivre dans une bulle préservée ou réservée sans qu’il y ait impact plus ou moins grand sur les autres :
- Quand on parle de continuité écologique, de préservation des terres cultivées ou protégées,
- Quand on parle des respects de la flore et de la faune, de la biodiversité, de bien-être animal,
- Quand on parle de manger local (en respect avec la biodiversité, et pas en vivant de salades composées de produits exotiques venus d’ailleurs à grand coups de multiples pollutions), et même de vivre local (diminution des déplacements et des transports, que ce soit pour le travail, pour la consommation ou pour le plaisir / vacances, et donc diminution de la pollution qui leur est due)
- Quand on parle d’isolation des logements, au lieu de parler de bâtiments à énergie positive avec réserve d’eau de pluie …
- En réduisant les déchets car la seule énergie propre est celle que l’on n’a pas utilisée, et le seul déchet propre est celui que l’on n’a pas fait, les efforts portant sur son traitement et son réemploi local (par quartier comme dans certaines communes cherchant à diminuer le coût de transport et de traitement des déchets verts),
- Quel est le coût en énergie des avancées modernes : téléphone, SMS, box, … que l’on utilise largement pour diffuser des idées … écologiques …
- …
On voit que le grand défi d’aujourd’hui est de faire comprendre à tous que la moindre petite action et un grand pas pour la Terre, et que nul ne peut se prévaloir de ne pas y porter atteinte car son impact sur la nature n’y est forcément pas nul.
Et pour finir
En fait, pour être laïque, il suffit de prendre conscience que quelque soit la motivation personnelle de l’un ou de l’autre qu’on peut vouloir entendre … ou non, car elle correspond ou non à une recherche ou une expérience personnelle, la vie réclame une participation active de tous (quelle que soit son opinion) à une société qui ne peut pas redistribuer des richesses de production ou de services s’elles n’ont pas été créées et équilibrées.
C’est aussi reconnaître que son positionnement personnel dans cette société a forcément un impact qui devrait tendre à être positif de préférence, même si on peut avoir transitoirement ou plus durablement besoin d’aide, et ce que l’on soit jeune, actif ou retraité.
Enfin, comme le savent ceux qui travaillent à la conservation de châteaux, sites naturels, entreprises … l’impact qui permet de préserver l’outil collectif ou naturel en l’adaptant à son temps est celui qui met en valeur l’objet, le site, la nature à conserver et à ce titre qui efface ses traces personnelles pour laisser place à son objectif, quel que soit ses opinions intérieures.
Alors il reste à chacun à se dire : pour que je puisse atteindre un rêve de laïcité, d’écologie, de société équilibrée, je dois me dire :
Vis, pense, agis mais
Efface tes traces !
La laïcité devient donc une forme de home staging universel, l'art de transformer :
- ce qui constitue notre identité venue de notre expérience et dont nous pouvons témoigner
- en un apport acceptable par tous dans une société dans laquelle nous sommes tous interdépendants,
- en accord avec les principes de base de préservation d'un Environnement dont nous ne sommes que passagers.
Et c'est aussi se dire que tout ce qui nous est apporté par la société a été initié par des individus qui ont une personnalité, des conceptions et des opinions, qu'ils ont le droit d'exprimer ce qu'ils vivent et ressentent dans la limite de leurs droits d'homme, sans porter atteinte ni aux autres, ni à l'environnement (flore, faune, écosystèmes ...).
La laïcité comme aller-retour permanent entre son propre soi et le "soi" des autres.
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