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Discutons
Discussion / discutons
Ces réflexions sont personnelles et très résumées voire succinctes, mais sans doute sont-elles partagées par beaucoup d’entre vous.
Elles sont également parfois presque volontairement agressives, face à une situation qui ne prend en compte que des données conventionnelles établies par ceux même qui échouent à prouver l’efficacité de ces indicateurs (« réflexions agressives, voire caricaturales pour des besoins d’exposition).
Les résultats internationaux laissent apparaître que les 7 pays les plus performants sont asiatiques, un seul se distingue en Europe.
Mais cette étude ne cache-t-elle pas des données politiquement non formulables :
- Ces pays pratiquent des méthodes de forcing scolaires à coup d’heures supplémentaires d’enseignement
- Certains allègent l’enseignement en proposant aux élèves un choix parmi certaines disciplines
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Si la France faisait le bilan des évolutions de son école depuis ces dernières décennies, que verrait-elle ?
Autrefois
Aujourd’hui
1887 : 30 heures de cours : 10 X 3 heures
Jour d’interruption le jeudi.
- 1922 : prolongation des grandes vacances de deux semaines
- 1938 / 1939 : deux semaines de vacances supplémentaires, pour éviter la charge fiscale d’une augmentation des salaires
- 1969 : 27 heures de cours avec fermeture le samedi après-midi
- 1989 : 24 heures de cours
- 1972 : l’interruption du jeudi passe au mercredi
24 heures d’enseignement aujourd’hui pour des disciplines au contenu beaucoup plus vaste qu’autrefois.
D’où les tentatives d’alléger le programme en prenant en compte :
- des doublons : histoire des arts § Les arts en histoire
- une augmentation du rythme présumé de l’élève : la séance de découverte passe d’une heure à une demi-heure (pour une soi-disant même efficacité)
Et des nouvelles disciplines :
- la langue vivante qui pourrait devenir un support dans certains disciplines (sport, arts, sciences …)
- les TICE qui sont sensées être un support mais qui sont aussi une source d’apprentissage en elles-mêmes
Un travail de groupe résultant des nécessités :
En asile ou dans les écoles surchargées à classe unique, les plus grands des classes prenaient en charge un rang sur lequel prenaient place des élèves de même âge : la transmission s’effectuait donc à travers des intermédiaires inexpérimentés sur un programme préétabli.
L’ancêtre de la pédagogie différenciée.
Aujourd’hui, les groupes sont organisés par niveaux d’élèves à l’intérieur d’une même classe, mais le temps dévolu à chaque groupe diminue avec leur nombre.
Un essai « palliatif consiste à postuler qu’un groupe d’élèves « bons » peut se débrouiller seul pendant que le maître s’attachera plus particulièrement au travail spécifique et à la communication avec les 1 ou 2 groupes plus faibles.
Si le temps de travail des élèves diminue, le temps de préparation du maître augmente de façon inversement proportionnelle.
Le maître présente également les résultats de sa classe et ses projets en conseil de maître (voire d’école) : ce dispositif il reste un moyen d’officialiser ce qui se fait dans les classes (et de la contrôler) sans pour autant y apporter d’amélioration … au détriment des élèves puisque ce temps de réunion a été décompté de leur temps de classe.
Le savoir était transmis par apprentissage / remplissage des connaissances.
La règle était dite et l’exercice présidait à son intégration.
Aujourd’hui, les élèves partent de situation de découverte et essaient de retracer le raisonnement qui précède l’établissement et la compréhension d’une notion (une sorte de démonstration pour le primaire).
Cette technique entraîne l’élève à la logique mais nécessite comme autrefois un entraînement permettant la mémorisation à long terme.
Le mode d’évaluation était continu : les performances de l’élève faisaient l’objet d’une appréciation en marge des cahiers. L’effort de l’élève devait être lui-aussi continu,
Cela évitait les stress d’évaluations ponctuelles souvent sommatives (et donc non pertinentes à l’instant T).
Des compositions complétaient le dispositif.
Les évaluations se font par période, ponctuées d’évaluations nationales.
Leur problème est de tendre à être exhaustives, et donc à devenir lourdes, sans pour autant que la remédiation et / ou le prolongement soit envisageables dans le temps d’enseignement imparti.
La liste des documents de suivi des élèves à transmettre d’année en année s’alourdit sans pour autant que cela soit toujours pertinent, le principe de base étant de repartir à chaque moment de l’année du niveau que l’élève possède à ce moment précis, et non pas du niveau évalué six mois avant : l’attestation de première éducation à la route, ou celle de premiers secours, ou les documents passerelle en anglais, en EPS
Les parents ne s’impliquaient souvent pas dans le travail de l’école, mais ils percevaient fortement l’utilité de la réussite de leur enfant, puisque beaucoup d’entrées en profession se faisaient à travers un concours. La progression de carrière était souvent interne, par concours ou ancienneté sur libération de postes de promotion.
De nos jours, un diplôme obtenu ne garantit en rien de l’entrée dans la carrière envisagée, même s’il est obligatoire de façon préalable.
Aujourd’hui, les parents exigent la réussite de leur enfant comme si elle relevait d’un service rendu, en ignorant parfois ce que cette réussite implique d’engagement, de temps de la part de leur enfant. A l’inverse de certaines civilisations asiatiques ou l’élève devient esclave du système, chez nous il en est absent car ses besoins (temps d’entraînement, accompagnement individuel, intéressement des familles, de vision du monde du travail …) ne sont pas formulés ni pris en compte.
Les résultats de la France reculent depuis les années 1980 / 1990 … c’est-à-dire depuis que la formation des maîtres est sous la responsabilité de l’Université, et qu’ont disparu des associations d’enseignants type AGIEM.
Il faut dire que le bilan sur la performance des maîtres du primaire est réalisé par des enseignants du secondaire qui ont eux-mêmes formés les jeunes maîtres d’aujourd’hui, sans pour autant que soit remis en cause leur leadership (celui du supérieur), même au vu du recul enregistré.
Est-ce à dire que nos collègues du supérieur sont moins performants que nous ?
Non, bien sûr, mais qu’ils ne sont pas en mesure de transmettre à des étudiants des savoir faire qu’ils n’ont pas acquis, leur rôle plaçant un plafond de verre entre le primaire et le supérieur qui ne leur permet pas d’acquérir les données qu’ils ont à transmettre.
Ou dit autrement, les notions et compétences pour enseigner en primaire ne sont pas totalement les mêmes que celles nécessaires au supérieur :
- point besoin de savoir ce qu’est une intégrale mais par contre le maître doit savoir comment l’élève bâtit la notion de nombre et il doit pouvoir l’accompagner, ce qui relève d’une pratique, et non d’une théorie. L’argument voulant que qui enseigne à des adultes puissent enseigner à des enfants est faux, même si souvent les collègues qui enseignent au supérieur sont capables de s’adapter au primaire … Mais pas toujours !
- point besoin d’évaluations sommatives mais par contre d’évaluations ponctuelles formatives et surtout de suivi des élèves, d’accompagnement : nos élèves ne sont pas encore en capacité d’être autonome, cette autonomie servant surtout à accumuler des connaissances sur des bases de départ acquises précédemment : au primaire d’installer ces bases. La théorie des évaluations qui déconstruit l’élève en compétence ne tient pas compte de l’apprentissage en réseau : pourtant toutes les notions s’établissent en réseau. Accompagner l’élève permet de la suivre dans ses réflexions et ne le réduit pas à des indicateurs de base sensés le composer.
Ainsi, on voit dans le supérieur se généraliser le profil de l’enseignant chercheur qui utilise ses étudiants comme outil de récolte de données : à eux de récolter des indicateurs dans leurs classes de stage puis de les synthétiser pour en tirer une substantifique théorie.
Quand il ne s’agit pas de faire un sondage sur les causes de difficultés présumées n’ayant aucun rapport avec celles perçues par les maîtres dans leurs classes.
Malheureusement, les tests PISA démentent l’efficacité de cette méthode de formation, qui méconnaît les acquis professionnels des enseignants du primaire pour confier leur transmission à des enseignants qui n’y ont pour certains jamais mis les pieds (oui oui !!).
A ceux qui n’ont plus d’attente en matière de formation envers l’éducation nationale, et qui pensent qu’il est largement temps que les enseignants, les parents et les partenaires des élèves se prennent eux-mêmes par la main, pourquoi ne pas proposer de re- former des groupes de réflexion et d’actions « libres », dont le but serait :
- de faire prendre conscience à notre société des moyens indignes (en temps, en autonomie, en communication) accordés à nos élèves et à travers eux à leurs familles, et à leurs maîtres
- de proposer des pistes d’aide à la transmission mélangeant enfants, parents et maîtres.
Pour ceux qui seraient intéressés, écrivez à voixvuesclasse@gmail.com
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