• 8 DECEMBRE 2018 : TOUS RESPONSABLES

     

     

    Nous sommes tous, quel que soit notre niveau social, indignés par le mal logement, la malnutrition la pauvreté, qui règnent à nos portes.

    Nous affrontons tous directement des difficultés liées à notre pouvoir d’achat, le chômage, la déqualification, l’incertitude de l’avenir.

     

    Et nous cherchons tous dans un parti politique, un syndicat, un mouvement ou une action une solution ou même un début d’espoir.

     

    Comment la France en est-elle arrivée là ?

    Comment le monde occidental en est-il arrivé là ?

     

    Qu’avons-nous fait de nos rêves ?

     

     

    Depuis des décennies, avec des moments marquants comme la création du secours catholique, populaire ou des restos du cœur, nous savons que la pauvreté frappe à notre porte.

     

    Qu’avons-nous fait (qu’ai-je fait) ?

    Nous donnons quelques sommes d’argent aux associations qui sont les plus proches de nous, tout en aggravant par nos comportements la situation déjà inacceptable des plus faibles d’entre nous.

    Nous les laissons ainsi végéter dans une position de dépendance face à la bonne action des organisations qu’on peut qualifier « de secours ».

     

     

    Alors que faisons-nous :

     

    Nous réclamons de notre gouvernement qu’il règle nos problèmes.

    Ils ont été élus pour ça.

    Comme nous tous, j’ai voté en mon âme et conscience pour le parti qui pour moi, au moment de mon choix, semblait le plus apte à dépasser la crise économique, voire à rééquilibrer la société.

    Le fait que visiblement, notre gouvernement actuel n’a pas réussi à résoudre les problèmes ne m’incite pas à marcher sur Paris pour aller à l’Elysée.

    Oui, je suis du peuple (j’ai passé une partie de mon enfance dans une cité ouvrière qui a été depuis abattue pour vétusté).

    Oui, le pouvoir reste toujours finalement au peuple, qui a montré par le passé qu’il pouvait l’utiliser pour renverser les gouvernements en place.

    Oui, la situation est inacceptable, et le dire ne suffit jamais à la résoudre.

     

     

    Mais non, je ne marcherai pas sur l’Elysée, ni n’irai manifester à Paris alors que des factions violentes pourraient se glisser dans les rangs dont je ferais partie.

    La démocratie est par définition l’organisation de la société au travers des votes de représentants élus.

    L’incertitude du dernier scrutin présidentiel et la répartition des voix entre les partis en présence montrent qu’aucune proposition politique n’apparaissait comme évidente ou suffisante pour faire régresser les difficultés, stabiliser une situation économique faible, et consolider quelques nouveaux acquis.  

    Démolir l’Elysée, casser du mobilier urbain, s’attaquer aux forces de l’ordre ne résoudra pas ce néant politique.

    Il ne fera qu’aggraver le sentiment de crise et d’insécurité.

    Utiliser la violence pour forcer la société tout entière à prendre le chemin que l’on estime le meilleur pour elle est un processus antidémocratique, insurrectionnel voire relevant d’un désir de dictature (des pauvres, de la droite, de la gauche, de la rue, du peuple, mais une dictature), désir forcément destructeur et improductif.

     

     

     

    Alors que faire ?

     

     

    Au moins, on sait maintenant que tout ce que nous, en tant que braves gens bénévoles ou donateurs avons fait, est bien mais nettement insuffisant (sauf à rassurer nos bonnes consciences), car les problèmes de fond restent :

    -        Donner une prime aux pauvres : c’est un puits sans fond, puisque cette prime sera à reconduire de jours en jours et d’années en années. Cela ne permet pas à nos concitoyens de retrouver une place dans la société qui ne s’acquiert que par le travail. Cela les maintient juste dans la dépendance tout en les privant d’une certaine liberté donnée par le fait de pouvoir subvenir à ses propres besoins selon ses propres choix.

    -        Mettre en place des Etats généraux a le mérite de rétablir le dialogue et de faire un bilan de la détresse de nos concitoyens, mais cela n’apportera rien à qui que ce soit s’ils ne débouchent pas sur des propositions de solutions.

    Mettre en place des assemblées citoyennes n’est efficace que si dans ces assemblées, les personnes présentes peuvent discuter de leur situation personnelle mais aussi des situations qu’elles pourraient avoir à rencontrer. Or personne n’est à la fois politique, économiste, patron, travailleur, handicapé, vieux et soutien de famille. Ce système aux dérives bien connues des enseignants pratiquant les conseils de classe ne peut fonctionner sans des principes premiers à ne jamais transgresser (respect des personnes, droits élémentaires ...) et une organisation solide et respectée. Il n’apporte pas de solutions en lui-même, juste un complément ou une variante (et non une alternative) utile à la démocratie.

     

     

    Parallèlement, nous participons largement à cette société de consommation qui nous tue, au sens propre (par la pollution), comme au sens figuré (économiquement et socialement).

    Visiblement, le monde est déjà à peu près mort sur le plan politique.

     

     

    Nous achetons sur des plates-formes étrangères des produits fabriqués à l’étranger, distribués en France sans que les bénéfices produits par ces ventes participent à l’effort collectif de notre économie qui paie.

    o   Nous n’effectuons aucune sélection sur ces marchandises :

    o   Elles polluent parce qu’elles proviennent de pays très lointains, ajoutant de la pollution grise à la pollution déjà générée par l’industrialisation générale

    o   Elles ne sont pas bio, et nous affermissons à travers ses achats le cercle vicieux de la pollution. Ainsi, le transport de marchandises d’un pays à l’autre augmente la pollution grise, quand chaque pays devrait subvenir à ses besoins de base, profitant des emplois ainsi créés localement.

    o   Certains pays produisent en monoculture, au profit d’un gain qui leur permet de survivre à la dépendance provoquée dans d’autres domaines. Nous ne favorisons pas l’entrée de ces pays vendeurs de ces produits dans un monde économiquement viable, puisqu’ils s’ajoutent au panel des pays en déséquilibre interne.

    o   Le fait que certains pays dominent dans la vente de certaines marchandises tue l’industrialisation ou le commerce qui pourrait naître de la production et la distribution de ces marchandises dans chaque pays.

     

    Achetons français, de proximité, local et non exotique. Cultivons notre créativité pour redonner vie à nos produits, tellement traditionnels qu’ils en sont boudés car trop « populeux » pour notre image de français « arrivés » (pour ne pas dire parvenus).

     

     

    Nous nous sentons responsables, mais inutiles.

    Au lieu d’alimenter l’idée que la société peut se vider continuellement dans des œuvres humanitaires toujours débordées, construisons le monde que nous voulons : rien ne nous en empêche, et certainement pas la politique.

     

    Nous voulons de l’écologie :

    -        Construisons des organisations (des banques, des services, des groupements) venant en aide aux agriculteurs qui veulent convertir leurs exploitations en bio, ou changer de production (par exemple pour produire des énergies vertes).

    -        Aidons-les à s’intégrer en évitant le piège de la monoculture qui tue la flore et la faune sauvage.

    -        Rétablissons l’entraide agricole et les fêtes qui dominaient autrefois le monde agricole : donnons leur place aux fêtes des vendanges, des citrouilles, des pommes, des fraises … selon les localités.

    -        Aidons à ce que la transformation et la commercialisation de ces produits rapportent à ceux qui font le travail, réduisons les intermédiaires (non pas qu’ils ne travaillent pas, mais parce que le déplacement de leurs efforts vers d’autres domaines sera sans doute bien plus utile).

    -        Arrêtons de marcher pour le climat : multiplions les sources d’énergies vertes et renouvelables, investissons notre argent humanitaire dedans, tout en veillant à ce que cette voix développe des emplois, des habitudes, de la maîtrise et de la conscience de l’environnement. (Et arrêtons de bloquer la construction des éoliennes parce qu’elles déparent le paysage. Cet argument, s’il est unique, n’est pas valable. D’autres le sont bien plus. Discutons-en).

    -        Désenclavons les territoires. Quoi, on nous dit que seules les villes sont viables économiquement !  Pourquoi ne pas produire en campagne.  Une société solide, ce n’est pas celle qui s’écroulera dès que ses grandes villes seront en panne de carburant ou de productivité, mais celle qui est constituée d’une multitude de cellules indépendantes qui tiendront le tissu économique, social et humain en cas de problème.

     

     

    Nous consommons - pour ceux qui en ont les moyens selon notre bon vouloir -  et nous estimons avoir droit, en récompense de notre travail, à des loisirs : vacances en hôtels ou à l’étranger, restaurants, weekends de bien être, sorties …

    Nous estimons également avoir  le droit également d’obtenir des services (santé, police, protection de l’Etat par l’armée, éducation …), et nous estimons aussi que  ces services pèsent trop sur l’impôt. L’Etat doit donc économiser sur ses frais.

    Certes, il y a sans aucun doute une déperdition administrative galopante, que ce soit dans le public des services, ou le privé de la production.

    Mais réduire les services publics sur lesquels reposent la démocratie avant même la République ne va provoquer que le transfert des services publics au privé et donc la déréglementation des prix de ces services.

     

    Exemple : Vous ne voulez plus payer pour la santé.

    Soit. Que les services de santé privés fleurissent, dans lesquels les personnels, même de bonne volonté, ne pourront faire plus que le public dans les mêmes conditions d’exploitation.

    La guerre n’est donc pas au public contre le privé, mais à l’utile contre l’inutile, à l’efficace contre le déplacé, au rationnel contre le superflu. Arrêtons de construire des bâtiments administratifs permettant la gestion des hôpitaux quand on manque de lits aux urgences.

     

    Autre exemple :

    Vous avez cru que privatiser la SNCF allait permettre la baisse des prix des transports en fractionnant les services et en les mettant en concurrence.

    Faux : cette voix de la fragmentation des services existe à l’intérieur de la SNCF depuis les années 80.

    Un service SNCF n’ose plus faire appel à un autre service SNCF compétent pourtant relevant de la même société car chacun d’entre eux est soumis à des impératifs de productivité. Faire appel aux autres services entraîne la diminution de la productivité d’un service au bénéfice d’un autre, et donc impacte ses résultats de fin d’année. Donc on ne résout le problème que quand il devient criant. On essaie de parvenir tant bien que mal aux objectifs internes imposés d’économie alors même que le fonctionnement global en est affecté. Mais chaque responsable obéit aux ordres d’une hiérarchie compartimentée.

     

    Nous avons besoin de services : choisir nos loisirs et délaisser nos services est un contrat de dupe : nous devenons tous vieux, nous risquons tous un accident, ou d’être malade un jour …

    Qu’est-ce que chacun d’entre nous privilégie dans sa vie : sa santé, son alimentation, l’éducation de ses enfants, sa sécurité, son revenu (s'il en a), ses loisirs, ses convictions, sa lutte (contre qui ?) …

     

    Certaines personnes revendiquent aujourd’hui de ne pouvoir tenir le train de vie qu’elles avaient il y a quelques années, d’autres se plaignent de devoir réduire le nombre de leurs croisières ou du montant des cadeaux (généreux) qu’ils font à leurs enfants lors des fêtes, de devoir fermer plusieurs de leurs agences ou de leurs magasins (!) …

     

    Peut-être ont-elles mal estimé le potentiel commercial ou économique qu’elles ont mis en place.

    Certains chefs d’entreprise aguerris accompagnent déjà ces entrepreneurs qui se sont pris les pieds dans le tapis, ou ceux qui veulent se lancer dans l'aventure tout en éliminant les risques élémentaires liés à ces véritables aventures économiques. 

    Mais peut-être la volonté d’aller trop vite et trop loin a-t-elle démontré ses limites.

    Quid de la slow économie ?

     

     

     

    Notre jeunesse est en détresse : sommes-nous si pauvres en esprit que ça ?

     

    Nos jeunes sont dans la rue car ils estiment, sur le discours de leurs aînés, qu’ils n’auront pas d’avenir s’ils ne vont pas en faculté.

    Sommes-nous si doctrinaires que ça ?

    La fracture sociale est donc déjà marquée dès l’école : vous ne réussirez que si vous allez en faculté, pour obtenir un bon job bien payé, qui vous permettra de diriger sur des informations techniques, commerciales ou humaines le monde que vous dominerez.

    Or le monde est bien partagé : on peut juger de façon très caricaturale qu’il a besoin d’un tiers de têtes pensantes, d’un tiers de production, et d’un tiers de services de toutes sortes.

    80 % de classe d’âge à bac plus 5, Quelle horreur !

     

     

    Nous voulons que ça change : reconnaissons à nos pairs la place qui leur revient.

    Redonnons la place qui leur revient aux apprentissages professionnels (courts pour ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas suivre un cycle long et ennuyeux), avec la reconnaissance professionnelle qui va avec et une mobilité qui leur permette de faire reconnaître simplement leurs acquis (réservez simplement une côte part des recrutements d’ingénieurs à ceux issus de la formation continue ou du terrain, par exemple).

    Cela aurait le mérite de ne plus voir dans pratiquement toutes les sociétés des dirigeants en rupture complète avec leurs employés, réfléchissant par chiffre ou statistiques dans des domaines ou de toute façon, seule la réalité de base finira par l’emporter.

     

     

     

    Ceux qui vont aller manifester ont raison de crier leur ras le bol.

    Accepter de le faire alors que l’on sait que l’on va abriter des mouvements violents, c’est refuser de transformer l’élan qui submerge la France : personne ne cautionne la violence, la casse, les blessés, les ’affrontements. La marée de soutien aux gilets jaunes montrent l'empathie de la France envers cette souffrance qu'elle ne sait pas soulager.

    Serrons-nous les coudes et comprenons que la solution est dans la prise de conscience de la reconstruction interne de notre pays, économique et humaine.

     

    Soyons fidèle aux traditions françaises ; tentons de construire.

     

     

    Vous voulez donner :

    -        Donnez utile : construisez écologique, économique, humain et par temporaire, ponctuel, asservissant.

    -        Construisez dans la proximité en respectant l’équilibre de la société

    -        Refusez les faux profits faciles qui détruisent à long terme ce qui semble acquis sur le moment

    -        Discutez, échangez, partagez.

    -        Soyez sobres, laissez dès le départ aux autres la place à laquelle vous substituerez votre condescendante bonté de donateur humanitaire.

     

     

     

    Vous pensez que les autres, la politique, le président, le patron est responsable.

    Vous avez raison. Combattez les conceptions et les actions des responsables que vous connaissez.

     

     

    Personnellement, je vais commencer dès aujourd’hui …

     

     

    Par celle que je vois tous les matins dans mon miroir !


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  • Se promener à travers les anciens actes de l’Etat civil, paroissiaux ou pastoraux peut sembler bien succinct au regard de l’histoire des vies qu’ils résument fortement.

    Pourtant, on peut être touchés par l’odyssée de certaines familles, et surpris par l’épopée que raconte ces minuscules traces du passé.

     

    Ainsi, la renaissance, période de naissance des registres paroissiaux ou pastoraux, est marquée aussi par les guerres de religion.

    Que dire du peuple de cette époque, des peuples mêlés par  un brassage de population dû aux déplacements liés aux guerres de religion, commerciaux, éducatifs ou de découverte.

     

    N’étant pas historienne, les documents, même s’ils ont fait l’objet des soins les plus vifs, peuvent contenir des erreurs ou des approximations, mais ils ne sont de toute façon qu’une goutte de lecture parmi tout ce que peuvent nous apporter les écrits de l’époque.

    Le fait de parcourir les actes d’état civil pour observer ce que l’on peut en obtenir sur le plan de notre vision de la citoyenneté porte à survoler des tranches de vie entières résumées en quelques actes, au risque d’être interpellé par des pans d’histoire que nous avons oubliés ou toujours ignorés.

    Aussi, nous proposons simplement une promenade dans le passé de plusieurs familles et leurs façons de vivre entre convictions / croyances personnelles et vies normées par l’Etat.

     

     

    Nous n’allons pas entamer de discours citoyen ou philosophique sur cette question de la laïcité.

     

    Néanmoins, rappelons que :

     

    La laïcité est le principe résumé en séparation de l’église et de l’Etat.

     

    A voir à ce sujet le clip de l’Education nationale qui rappelle que la laïcité repose sur trois piliers : l’égalité des citoyens devant la loi, la liberté de croire ou de ne pas croire, la neutralité de l’Etat.

     

    C’est dont le fait de séparer de façon claire :

    Sur le plan collectif

    Sur le plan individuel

    Ce qui relève du fonctionnement d’un Etat et qui implique donc la totalité de sa population

    L’Etat en tant que représentatif de normes de fonctionnement acceptées par tous collectivement et individuellement

    De ce qui relève des croyances spécifiques aux religions ou autres mouvements religieux ou philosophiques qui ne concernent que les personnes impliquées dans ces croyances, religions ou mouvements.

    La personne en tant qu’individu avec ses croyances et représentations personnelles du monde qui l’entoure,

     

    Ce qui garantit le fonctionnement la séparation entre ces deux entités Etat / religion ou croyance : la neutralité de l’Etat, en rappelant qu’il est aussi garant de l’organisation des cultes, donc de l’exercice de la liberté de croyance.

    Le rapport individuel établi par chacun de nous entre ces deux entités, donc notre rapport personnel aux autres et à l’Etat, à la norme.

     

     

    Dans son acceptation en tant que terme de civilité, la laïcité porte à se poser la question des rapports entre :

    -        - l'opinion, qui est l’ensemble de ce qu’on croit individuellement,  

    -      -   La croyance  en ce qui est probable, possible, envisageable, même en dehors de toute validation scientifique.  

    -       -  la foi, qui est l’acceptation comme étant sienne d’une croyance transmise par une religion, une chevalerie, …  

    -       -   la conviction, qui est l’opinion fondée sur une preuve jugée irréfutable, scientifique (donc reproductible et constatable par tous).  

    -      -   Le savoir, qui relève de la science, laquelle repose sur des expériences reproductibles et constatables par tous. 

     

     

    Maintenant, commençons notre promenade.


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  • Les journaux de voyage sont, aujourd’hui, une des rares traces du passé des populations.

    Pour écrire à cette époque, il fallait avoir appris à lire et à écrire, et donc appartenir à une famille riche ou aisée (commerçants, marchands) et/ou noble.

    La vision donnée de la société à cette époque s’en trouve donc partielle voire partiale.

    D’où l’intérêt des journaux de voyage, qui donne souvent de façon incidente une vision non propagandiste de la vie, des monuments, des paysages de l’époque.

     

    Mais c’est un choix. Un autre aurait pu être tout aussi pertinent.

    Les journaux de voyage ont des styles bien différents.

     

    Les œuvres littéraires des auteurs d’autrefois relèvent de différentes fonctions,

    -        des commentaires de Jules César Commentarii rerum gestarum), dont il ne reste aujourd’hui que :

    o   De Bello Gallico, Commentaires sur la Guerre des Gaules, relatant la campagne de César en Gaule.

    o   De Bello civile, Commentaires sur la Guerre civile, relatant la guerre civile contre Pompée.

    En passant par

    -        « Le Devisement du monde, ou Il Milione ou Le livre des merveilles », de Marco polo, racontant son périple en Asie

    -        Ou les chroniques de Richer de Reims ou Georges Chastelain 

    -        « l’ histoire des Francs » de Grégoire de Tours écrite à fonction eschatologique mais nous raconte l’histoire du vase de Soissons ainsi que d’autres faits dans une chronique largement remaniée par la suite,

    -        les événements de son époque relatés de la façon la plus fidèle possible par Jean le Belrelate

    -        le journal d’un bourgeois de Paris dont l’auteur reste à ce jour encore anonyme

    -        ou les écrits  pour promouvoir leurs idées, partiales ou de tolérance, comme chez Etienne Pasquier.

     

    A ce propos, voici le prologue de Grégoire de Tours dans  l' « Histoire des Francs » :

    « Aussi beaucoup d'hommes gémissaient disant : « Malheur à nos jours ! L’étude des lettres périt parmi nous, et on ne trouve personne qui puisse raconter dans ses écrits les faits d'à présent. » Voyant cela, j'ai jugé à propos de conserver, bien qu'en un langage inculte, la mémoire des choses passées, afin qu'elles arrivent à la connaissance des hommes à venir. Je n'ai pu taire ni les querelles des méchants ni la vie des gens de bien. »

     

    Voici donc une promenade à travers non pas la grande littérature française mais les écrits d’écrivains « modestes » et souvent oubliés.  

     

     

    Journal de voyage de Michel de Montaigne en Italie, par la Suisse et l’Allemagne ... en 1580 et 1581

     

    On ne peut pas dire de lui qu’il fut un écrivain modeste, même si certains de ses ouvrages sont plus modestes que d’autres.

    Michel de Montaigne voyage de septembre 1580 à novembre 1581 en Allemagne, Suisse et Italie. Pour se soigner de la gravelle, et s’éloigner de sa vie domestique. Il décrit autant les lieux qu’il écoute les gens.

    Cependant, il n’aborde que peu les querelles de religion ou théologiques. Les deux premières parties sont en français, la première dictée à un secrétaire, la seconde écrite de sa main, la troisième est écrite de sa main en italien.

     

    Extrait de JOURNAL DU VOYAGE DE MICHEL DE MONTAIGNE EN Italie, Par la Suisse & l’Allemagne en 1580 & 1581.

    Avec des Notes par M. de Querlon.  TOME PREMIER.

    A ROME ; Et se trouve à Paris, Chez LE JAY, Librairie, rue Saint-Jacques, au Grand Corneille. M DCC LXXIV.

    A MONSIEUR LE COMTE DE BUFFON, INTENDANT DU JARDIN DU ROI, DE L’ACADÉMIE

    « Montaigne voyageoit comme il écrivoit ; ce n’étoit ordinairement ni la réputation des lieux, ni moins encore un plan formé de suivre telle ou telle partie pour la connoître exactement, ni la marche des autres Voyageurs, qui régloient la sienne ; il suivoit peu les routes ordinaires ; & l’on ne voit pas que dans ses voyages, (excepté toujours son attrait pour les eaux minérales), il eût un objet plus déterminé qu’il n’en avoit en composant ses Essais. A peine a-t-il le pied en Italie qu’il paroît regretter l’Allemagne. « Je crois, dit le premier Ecrivain du Journal, que s’il eût été seul avec les siens, il fût allé plutôt à Cracovie ou vers la Grèce par terre, que de prendre le tour vers l’Italie.

    Mais le plaisir qu’il prenoit à visiter les pays inconnus, lequel il trouvoit si doux que d’en oublier la foiblesse de son âge & de sa santé, il ne le pouvoit imprimer à nul de la troupe, chacun ne demandant que la retraite. Quand on se plaignoit de ce qu’il conduisoit souvent la troupe par chemins divers & contrées, revenant souvent bien près d’où il étoit parti ; (ce qu’il faisoit, ou recevant l’advertissement de quelque chose digne de voir, ou changeant d’advis selon les occasions), il répondoit qu’il n’alloit, quant à lui, en nul lieu que là où il se trouvoit, & qu’il ne pouvoit faillir ni tordre sa voie, n’ayant nul projet que de se promener par des lieux inconnus ; & pourveu qu’on ne le vist point retomber sur mesme voie, & revoir deux fois mesme lieu, qu’il ne faisoit nulle faute à son dessein. »

    Le 6 de Mars, je fus voir la Librerie du Vatican, qui est en cinq ou six salles tout de suite. Il y a un grand nombre de livres atachés sur plusieurs rangs de pupitres ; il y en a aussi dans des coffres, qui me furent tous ouverts ; force livres écris à mein & notammant un Seneque & les Opuscules de Plutarche. J’y vis de remercable la statue du bon Aristide à tout une bele teste chauve, la barbe espesse, grand front, le regard plein de douceur & de magesté : son nom est escrit en sa base très antique ; un livre de China, le charactere sauvage, les feuiles de certene matiere beaucoup plus tendre & pellucide que notre papier ; & parce que elle ne peut souffrir la teinture de l’ancre, il n’est escrit que d’un coté de la feuille, & les feuilles sont toutes doubles & pliées par le bout de dehors où elles le tienent. Ils tiennent que c’est la membrane de quelque abre. J’y vis aussi un lopin de l’antien papirus, où il y avoit des caracteres inconnus : c’est un écorce d’abre. J’y vis le Breviaire de S.

    Gregoire écrit à mein : il ne porte nul tesmoingnage de l’année, mais ils tienent que de mein à mein il est venu de lui. C’est Missal à peu-près come le nostre, & fut aporté au dernier Concile de Trante pour servir de tesmoingnage à nos serimonies. J’y vis un livre, de S. Thomas d’Aquin, où il y a des corrections de la mein du propre autheur, qui escrivoit mal, une petite lettre pire que la mienne.

    Item une Bible imprimée en parchemin, de celes que Plantein vient de faire en quatre langues, laquelle le roy Philippes a envoïée à ce Pape, come il dict en l’inscription de la relieure ; l’original du livre que le Roy Henry d’Angleterre composa contre Luter, lequel il envoïa il y a environ cinquante ans, au Pape Leon dixiesme, soubscrit de sa propre mein, avec ce beau distiche latin, aussi de sa mein Anglorum Rex Henricus, Leo décime, mitti Hoc opus, & fidei testem & amicitiae.

    CHASTEIN,  cinq lieues, petit méchant village. Je beus là du vin nouveau & non purifié, à faute du vin vieus. Le Jeudi 23 aïant tousiours ma teste en cet estat, & le tamps rude, je vins coucher à

    AUBIAC, cinq lieues, petit village qui est à Monsieur de Lausun. De là je m’en vins coucher landemain à

    LIMOGES, six lieues, où j’arrêtai tout le Samedi, & y achetai un mulet quatre-vingt dix écus-sol, & païai pour charge de mulet de Lyon là, cinq escus, aïant esté trompé en cela de 4 livres ; car toutes les autres charges ne coutarent que trois escus & deus tiers d’escu. De Limoges à Bourdeaus on païe un escu pour çant. Le Dimanche 26 de Novambre, je partis après disner de Limoges, & vins coucher aus

    CARS, cinq lieues, où il n’y avoit que Madame des Cars. Le Lundi vins coucher à TIVIE, six lieues. Le Mardi coucher à

    PERIGUS, cinq lieues. Le Mercredi coucher à

    MAURIAC, cinq lieues. Le Jeudi jour de St. André, dernier Novambre, coucher à

    MONTAIGNE, sept lieues : d’où j’étois partis le 22 de Juin 1580 pour aller à la Fere. Par-einsin avoit duré mon voyage 17 mois 8 jours.

    FIN

     

    Extrait des Essais livre 1 :  CHAPITRE XLII

     De l'inequalité qui est entre nous

    PLUTARQUE dit en quelque lieu, qu'il ne trouve point si grande distance de beste à beste, comme il trouve d'homme à homme. Il parle de la suffisance de l'ame et qualitez internes. A la verité je trouve si loing d'Epaminundas, comme je l'imagine, jusques à tel que je cognois, je dy capable de sens commun, que j'encherirois volontiers sur Plutarque : et dirois qu'il y a plus de distance de tel à tel homme, qu'il n'y a de tel homme à telle beste :

    Hem vir viro quid præstat !

    Et qu'il y a autant de degrez d'esprits, qu'il y a d'icy au ciel de brasses, et autant innumerables.

    Mais à propos de l'estimation des hommes, c'est merveille que sauf nous, aucune chose ne s'estime que par ses propres qualitez. Nous loüons un cheval de ce qu'il est vigoureux et adroit.

    volucrem

    Sic laudamus equum, facili cui plurima palma

    Fervet, et exultat rauco victoria circo,

    non de son harnois : un levrier, de sa vistesse, non de son colier : un oyseau, de son aile, non de ses longes et sonnettes. Pourquoy de mesmes n'estimons nous un homme par ce qui est sien ? Il a un grand train, un beau palais, tant de credit, tant de rente : tout cela est autour de luy, non en luy. Vous n'achetez pas un chat en poche : si vous marchandez un cheval, vous luy ostez ses bardes, vous le voyez nud et à descouvert : Ou sil est couvert, comme on les presentoit anciennement aux Princes à vendre, c'est par les parties moins

    necessaires, à fin que vous ne vous amusiez pas à la beauté de son poil, ou largeur de sa croupe, et que vous vous arrestiez principalement à considerer les jambes, les yeux, et le pied, qui sont les membres les plus utiles,

    Regibus hic mos est, ubi equos mercantur, opertos

    Inspiciunt, ne si facies, ut sæpe, decora

    Molli fulta pede est, emptorem inducat hiantem,

    Quod pulchræ clunes, breve quod caput, ardua cervix.

    Pourquoy estimant un homme l'estimez vous tout enveloppé et empacqueté ? Il ne nous faict montre que des parties, qui ne sont aucunement siennes : et nous cache celles, par lesquelles seules on peut vrayement juger de son estimation. C'est le prix de l'espée que vous cerchez, non de la guaine : vous n'en donnerez à l'adventure pas un quatrain, si vous l'avez despouillée. Il le faut juger par luy mesme, non par ses atours. Et comme dit tres−plaisamment un ancien : Sçavez vous pourquoy vous l'estimez grand ? vous y comptez la hauteur de ses patins : La base n'est pas de la statue. Mesurez le sans ses eschaces : Qu'il mette à part ses richesses et honneurs, qu'il se presente en chemise : A il le corps propre à ses functions, sain et allegre ?

    Qu'elle ame a il ? Est elle belle, capable, et heureusement pourveue de toutes ses pieces ? Est elle riche du sien, ou de l'autruy ? La fortune n'y a elle que voir ? Si les yeux ouverts elle attend les espées traites : s'il ne luy chaut par où luy sorte la vie, par la bouche, ou par le gosier : si elle est rassise, equable et contente :

    c'est ce qu'il faut veoir, et juger par là les extremes differences qui sont entre nous. Est−il

    sapiens, sibique imperiosus,

    Quem neque pauperies, neque mors, neque vincula terrent,

    Responsare cupidinibus, contemnere honores

    Fortis, et in seipso totus teres atque rotundus,

    Externi ne quid valeat per læve morari,

    In quem manca ruit semper fortuna ?

    Un tel homme est cinq cens brasses au dessus des Royaumes et des duchez : il est luy mesmes à soy son empire.

     

     

    Le journal de voyage de Jacques Esprinchard

     

    Jacques Esprinchard est le filleul et neveu de Jean Godefroy, auteur de "Voyage par la grasce Dieu pour les païs de Picardie, Flandres, Zellande, Ollande, Allemaigne, cantons de Souisse, païs des Grisons, Millanoys, Ytallie, Rommanye, Reaulme de Naples, Piedmont, Sauoye, (ainsi) que par le destroict des Alpes, par moy Jehan Godeffroy, commansé le moys de dessambre 1568 et finissant au moys de dessambre 1571, ... "

    Jean Godefroy est considéré comme ayant pu servir de modèle à son filleul, mais son récit n’était pas destiné à être publié, aussi sa qualité en était peu travaillée. Il voyage durant trois ans.

    Le récit rédigé à son retour, décrit plus de 350 lieux différents, de façon simple voire répétitive.

    Il ne donne pas les raisons de ses déplacements, même si nombre de protestants voyagent alors pour des raisons d’étude vers les grandes universités protestantes de l’époque : Leyde, Genève (lieu de formation des pasteurs de Lyon, d’Orléans …), Zurich,  … soit la Suisse, l’Allemagne, l’Italie de l’époque.

    Il décrit les lieux, les routes et les passages, mais aussi l’économie de cette époque, les produits, l’artisanat et le commerce.

    Il choisira de s’exiler vers Amsterdam après la mort de plusieurs membres de sa famille lors de la Saint Barthélémy et après la révocation de l’Edit de Nantes.

     

    Jacques d’Esprinchard (1573-1604), rochelais fils d’un armateur maire (en 1578- 1579) de La Rochelle, voyage à des fins de découverte, notamment en Pologne où il visite les foires et les mines. Il fait des études de droit à Leyde, puis visite l’Europe centrale, avant de faire des allers retours entre La Rochelle et Paris.  

    Comme nombre de ses contemporains, il s’intéresse autant aux langues qu’aux sciences.

    Il écrit deux ouvrages d’histoire, mais reste en mémoire pour ses récits de voyage :

    « A deux lieux de Cracovie, par de là la Vistule, i a une petite ville nommée Vuelitschi, renommée par tout le monde à cause des mines de sel qui i sont, et qui donnent tous les ans aux Roys plus de septante mille florins pour sa part.

    On descend en ces mines de sel avec une très grosse corde que des chevaux dévalent et tirent en hault, et ont un grand demi-quart de lieue de profondeur. On attache à ceste grosse corde un grand rets, dan lequel ceux qui i vont travaillier se mettent, et dessus leurs cuisses ceux qui sont curieux d’aller voir jusques aux bas, attachés (pour une d’aultant plus grande seureté) d’une grosse courroye par le milieu du corps, de sorte qu’il n’i a aucun danger, si ce n’est que la corde rompe.

    On voit au fond de ces mines très grande quantité de gros mâts, qui servent d’appui à estayer ces mines. Item grande quantité d’eau courant par des canaux, laquelle estant mise sur le feu se convertit tout aussi tost en sel. On tire de ces mines de si grosses pierres de sel, que quatre chevaux ne les peuvent qu’à grande peine traisner. Le sel est tiré en hault, ou bien, estant jà pilié, en des barriques, ou bien par grosses pièces, et ce par le moyen de six ou sept chevaux qui tournent incessamment une grande roue, lesquels on rafraischit de deux en deux heures, quoy nononbstant il ne se passe année qu’il n’en meure cinq ou six cent. Nous veismes en ces entrailles de la terre plus de cinq cent païsans qui travailloient tout nuds en dittes mines, avec chacun sa lampe ardente ; la plus grande part d’iceux sçavoit fort bien parler latin. A six lieues de Cracovie, en une ville nommée Bochnia, i a de semblables mines et à douze lieues dudit lieu, en un lieu nommé Kielse,qui appartient au Cardinal de Radzivil, on a depuis naguaires trouvé des moines d’or.

     

     

    Le mémoire sur Champdeniers d’Etienne de Rémigioux

     

    Etienne de Rémigioux est un curé de campagne, mais il a laissé des traces de la vie de son époque à travers un mémoire. Il appartient à une famille de catholiques, ayant de lointains cousins protestants ou nouveaux catholiques (contraints par la situation politique de l’époque d’abjurer), mais ses écrits portent essentiellement sur sa commune, dont il est un « chroniqueur ». Il publie un « Mémoire sur Champdeniers »  dans les « Affiches du Poitou », qui sert de référence sur la vie au 18ème siècle dans cette commune, malgré certaines erreurs constatées par les archives départementales des Deux-Sèvres. 

     

    Affiches du Poitou du 9 juin 1774

    Mémoire sur Champdeniers. 
    C’est un des plus grôs Bourgs du Poitou, il est situé au 17e degré 14 min. de longit. ; & au 46e degré 27 min. de latit. ; ayant à l’est, la ville de St-Maixant, dont il est distant de 3 lieues ; au sud, Nyort, aussi à 3 lieues ; à l’ouest, Fontenay-le-Comte, à 6 lieues ; au nord, Partenay, à 5 lieues. Il est de l’Archiprêtré de St-Maixant ; de l’Election de Nyort & du essort de Partenay. Son nom Latin dans d’ancienes chartes est Campodenarium, ou Campidenarium ; il semble que suivant l’étymologie de plusieurs noms de lieux, tirés de la basse Latinité, ce devroit être Campusdenariorum. Dans les anciens actes il porte le nom de ville ; ses abords conservent même encore leurs anciens noms de portes ou barieres ; on s’y souvient aussi d’un jeu de paume ; d’une salle d’armes ; &c. noms de décoration dont les masures n’offrent présentement rien moins que les apparences. La tradition porte que ce Bourg étoit autrefois beaucoup plus considérable qu’il n’est, & qu’il y avoit un Hôtel-de-Ville ; mais dans la vérité, il n’a actuélement ni les attributs ni les privilèges d’une ville. Il y a un Syndic ; M. de la Verdy, Contrôleur Général, décida en 1766, qu’il devoit s’en contenter comme ci-devant, quoiqu’on lui proposât d’y faire nommer un Maire & former un Corps Municipal. Il est assujéti au don gratuit, que l’on nomme maintenant les droits réservés, & aux droits d’entrées journalieres des vins, eaux-de-vie, boissons & boucheries ; s’il y a quelques octrois, ils sont touchés ou par le Bureau des Aides, ou par le Seigneur du lieu. Comme il n’y a point d’Hôpital, celui qui tient la Boucherie de Carème, donne à la Fabrique une modique somme de 50 s ou 3 #, & moyenant cette petite générosité, il a le privilège exclusif de vendre pendant le Carême de la viande à ceux qui lui en demandent. On trouve à Champdeniers toutes les marchandises & denrées que l’on trouve dans les villes ordinaires du Poitou, peut-être même plus abondament. 
    Il y a même plusieurs villes de cette Province qui ne valent pas Champdeniers. 
    Ce Bourg mal à propos qualifié de Marquisat par quelques Dictionaires Géographiques, est une Châtelenie, qui a anciénement & pendant longtemps apartenu à de grands Seigneurs, notamment à la maison de Rochechouart & à celle de Longueville. Je serois même tenté de croire que c’est à cette première, qui est une des plus ancienes & des plus illustres du Royaume, qu’il doit son origine ; son territoire, quoique fort réserré, contient plusieurs fiefs & arriere-fiefs. M. Brochard, Seigneur de la Roche-de-Surin, appelé Marquis de la Roche-Brochard, y possède le principal, du chef de Dame Bellenger, son épouse, & 
    se qualifie Seigneur Haut-Justicier de Champdeniers. Le Chapître de la Rochelle, auquel le Prieuré simple de ce lieu a été réuni, il y a environ 80 ans, prétend aussi la qualité de Haut-Justicier du Prieuré, qui est un membre de l’Abbaye de Maillezais d’oú il releve immédiatement. L’Abbé des Bois ; celui d’Allonne ; le Commandeur ou Prieur de la Lande ; le Seigneur de Neuchèze, celui de Puyraveau, & plusieurs Seigneurs ou particuliers y possèdent aussi des fiefs ou arriere-fiefs qui leur donnent des droits assez singuliers. 
    La situation de Champdeniers est agréable & avantageuse ; il est bâti sur une éminence, en forme d’amphitéatre, dont la pente a son aspect entre l’orient & le midi ; il est entouré d’excellentes prairies coupées par plusieurs ruisseaux, dont le plus considérable se nomme l’Aigrie, & fait tourner quelques moulins, avant de se perdre dans la Sévre Nyortoise après un cours d’environ 3 lieues. 
    L’air y est très-salutaire, aussi s’y trouve-t-il beaucoup de vieillards qui passent 80 ans, d’un Jugement sain & d’une santé robuste. Le lieu est fort peuplé pour son étendue, qui forme à peu près un quarré long, dont le circuit peut être de cinq à six cents pas Géométriques, divisé dans sa longueur du nord au midi, en trois rues principales, traversées dans sa largeur de l’orient à l’occident par quatre autres principales rues, sans y comprendre plusieurs autres petites rues ou venelles, qui conduisent aux halles ou à la place ou à la grande rue qui est la plus droite & la plus peuplée. Ainsi on voit que Champdeniers est bâti plus régulièrement que ne le sont les Bourgs ordinaires, & 
    même plusieurs villes de cette Province. On n’y trouve pas une seule maison vacante ; aussi les loyers y sont-ils très-chers. On compte dans le Bourg 12 à 1300 persones de tout sexe & de tout âge, dont près de 800 communians, sans compter les habitans de la campagne.

    Il n’y a dans ce Bourg qu’une Eglise Paroissiale dont le vaisseau est beau, vaste, bien éclairé, voûté en entier, & soutenu par 12 piliers assez délicatement construits. Ony dessert deux Chapelles ou Stipendies qui en dépendent. On soupçone que cet édifice a été construit vers le commencement du onzieme siecle, & qu’il y avoit autrefois de Bénédictins, comme à l’Abbaye de Maillezais. On voit les armoiries de la Maison de Rochechouart, à la clef de la voûte du Sanctuaire. L’Eglise est sous l’invocation de la Sainte Vierge, dont la Statue, de grandeur humaine, est un chef-d’oeuvre, ainsi que le Christ qui sépare le Chœur de la Nef. La Fête Patronale est l’Assomption de Notre-Dame. Il y avoit autrefois beaucoup de Reliques, & une Confrairie du St Sacrement ; les Confreres étoient des Prêtres portant le nom de Bâtoniers ; ces Reliques & les titres de ces Bénéfices ont été vraisemblablement dissipés, dans les troubles de la Religion, au seizieme siecle, en telle sorte qu’il n’en reste plus rien. On voit dans le Sanctuaire un ancien Mausolée en pierre ; ils est probablement de quelques Seigneur du lieu, que l’on a représenté en guerrier couché, ayant un lion à ses pieds ; le chef en a été ôté il y a long-temps ; aucune inscription ne donne à connoître de qui peuvent être les cendres renfermées sous ce tombeau. 
    Quelque solide que soit cette Eglise, qui n’avoit jamais été réparée depuis sa construction, le temps l’avoit cependant dégradée en bien des endroits ; elle commençoit à tomber dans un état déplorable ; les étrangers même en témoignoient leur surprise & leur regrets. Enfin on vient d’en achever les réparations les 
    plus urgentes ; elle est aujourd’hui dans un état propre & décent ; elle est située au bas du Bourg, un peu enterrée à son entrée, à cause de l’inégalité du terrain. Il y avoit ci-devant tous les deux ans une Mission qui fut fondée en 1672 & 1678, elle n’a plus lieu depuis la suppression des Jésuites qui en étoient chargés ; le Clergé de cette Paroisse est seulement composé d’un Curé & d’un Vicaire, le Curé actuel est M. de Remigioux.

    La place oú se tienent les foires & marchés, est fort belle, quarée, située au haut du Bourg, en pente douce, & entourée de maisons qui sont presque toutes des auberges ; on en compte dans le Bourg 40, y compris les cabarets. Il y a de ces auberges qui ont jusqu’à 30 & 40 lits, & c’est encore trop peu pour les jours de foire ; on aborde à la place par 5 à 6 rues ou barieres ; les halles sont grandes & claires ; le minage est au bout, & au dessous sont la boucherie & la poissonerie ; les marchés y sont considérables, sur-tout depuis la Toussaint jusqu’à la Pentecôte ; les Cocassiers de la Rochelle, Nyort & environs, vienent 
    enlever les provisions de bouche qui s’y rendent de toutes parts, sur-tour du côté de la Gastine, comme beure, fromage, œufs, volailles, gibier de toute espece & en abondance ; il apportent en échange du poisson de mer ou d’eau douce ; coquillage, oiseaux de riviere, &c. Les marchands de toiles, mousselines, étofes, quincaillerie, &c. étalent sous les halles ; les veaux, cochons, moutons, &c. se vendent sur la place. Le Seigneur du lieu a ses gardes ou autres agens préposés à chaque bariere du Bourg, pour y percevoir un droit d’entrée sur toutes les marchandises qui y abordent. Pour marque du paiement du droit, les Préposés font, avec de l’ocre ou du blanc d’Espagne, une bâre appelée le Marreau, sur l’habit des hommes, ou la couverte des femmes qui ont payé. Il y a aussi au minage un préposé qui préleve sur chaque boisseau de blé une petite mesure, que l’on évalue être la trente-deuxième partie du boisseau. Outre ces marchés, qui se tienent le Samedi de chaque semaine, il y a par an, sept Foires très-renomées, la 1ere, (Foire des Rois) le 15 Janvier ; la 2e, (Foire de la Mi-Carême) le Samedi devant la Mi-Carême ; la 3e, (Foire de l’Hosane) la veille des Rameaux. Elles sont excellentes pour les chevaux & la mulasse ; il y vient des marchands, de Touraine, Bretagne, Anjou, Normandie, Berry, Beauce, Auvergne, Gascogne, Dauphiné, & même d’Espagne. La 4e, le 28 Mai ; on y trouve chevaux, mulasse, bœufs, moutons, &c. & toutes sortes de marchandises ; la belle saison y atire beaucoup de monde ; la 5e, appelée la Grande Foire, le 22 Août, elle est principalement pour les bœufs ; la 6e, appelée la Petite Foire, le Samedi d’après la Nativité de la Ste Vierge, c’est aussi une foire à bœufs ; la 7, le Samedi d’après la St Martin, dont elle porte le nom ; elle est la moindre de toutes, quoiqu’on y trouve aussi de tout, mais en moindre quantité. Elles durent communément 3 jours, parce que l’on compte le jour de l’arivée & celui du départ, l’un veille, l’autre lendemain de la foire. Ces foires connues, même hors du Royaume, ne sont pas toutes indiquées dans l’Almanach Provincial du Poitou. Il arivoit à ces Foires, il y a quelques années, un accident qui leur 
    auroit fait grand tort, s’il eût continué plus long temps. Toute la jeunesse de la mulasse s’agitoit à la fois ; ceux qui tenoient ce bétail par le licol, levoient le bâton pour le contenir ; il s’efrayoit au contraire davantage ; chaque bête se cabroit, échapoit à son maître, communiquoit sa peur & sa folie à sa voisine, & insensiblement la déroute devenoit générale ; tout le bétail étoit à l’épave ; il y eu souvent des persones renversées & estropiées. Le peuple ne manquoit pas d’atribuer cet accident au sortilege dont il acusoit certains marchands étrangers, auxquels il imputoit de causer se désordre pour avoir 
    meilleur marché de la marchandise. On a rompu ce prétendu sortilege, qu’on nomoit le Brouillard, en faisant barer la place par des poteaux que l’on a plantés de distance en distance, & qui arrêtent le bétail qu’on y atache, & cet accident n’arive plus. (Ce Mémoire a été écrit au mois de Février dernier ; on a vu ci-devant dans une de nos Feuilles, que le même accident y est arivé depuis, & qu’il a eu lieu souvent dans d’autres foires du Poitou. Nous avons promis de publier quelque Lettres que nous avons reçue à cette ocasion.

    Le Palais est à un bout des Halles ; l’Audience se tient tous les Samedi qui sont les jours de marché ; le Corps de la Justice est composé d’un Sénéchal, d’un Procureur Fiscal, d’un Gréfier, de six à sept Procureurs qui sont en même temps Notaires de la Chêtélenie ; il y a outre cela (?) Notaires Royaux, deux Huissiers Royaux, & plusieurs Huissiers ou Sergens de la Terre. Il n’y a présentement aucune Maison de Noblesse dans le bourg, & très peu de Bourgeois ; presque tout y est marchand, fermier, aubergiste, ou artisan. Il y a un Bureau des Aides, composé d’un Receveur & d’un Contrôeleur ; la perception des droits 
    réservés, est anexée à ce Bureau ; il y a aussi un Contrôleur des Actes, auquel sont confiées la distribution du Papier Marqué, ce qu’on appele Formule, & la Marque des Cuirs. Il n’y a point de Bureau de Poste ; un particulier de Nyort, qui vient aux marchés de Champdeniers, retire de la Poste de Nyort les lettres adressées à Champdeniers, & il se charge de porter au Bureau de Nyort les lettres qu’on lui remet à Champdeniers ; on lui donne pour sa peine un sol par lettre, au dessus de la taxe ordinaire. Ainsi on ne reçoit & on n’envoie ses lettres qu’une fois par semaine : ce qui est incommode & quelque-fois 
    préjudiciable. Un Bureau de Poste établi à Champdeniers, seroit d’une grande utilité pour les environs, & la Ferme des Postes y trouveroit sûrement son compte ; on pouroit établir un Piéton ou Savate qui porteroit à Nyort & iroit y chercher les lettres deux fois par semaine, comme il y en a en plusieurs endroits. On désiroit l’année derniere dans les Affiches du Poitou un pareil établissement entre les villes de St-Maixant & Partenay ; ce service public n’est pas encore assez perfectioné dans cette Province. Il y a à Champdeniers une Brigade de Maréchaussée, composée d’un Sous-Brigadier & de deux Cavaliers ; ce n’est pas assez pour l’endroit ; un Cavalier de plus y seroit très-utile ; il 
    se trouve des circonstances ou la Brigade actuele a de la peine à suffire au Service ; les autres Brigades sont éloignées ; il y a presque tous les jours des foires ou des assemblées dans le pays, la Maréchaussée s’y porte pour y maintenir le bon ordre ; & d’ailleurs Champdeniers est un grôs lieu. On y trouve de toutes les professions, libérales ou méchaniques, des marchands & artisans de toute espece, tels que l’on puisse, pour ainsi dire, s’imaginer, & qu’en présentent les plus grandes villes de la Province, & un très-grand nombre de voituriers. Les Menuisiers sur tout & les Séruriers y excellent dans leur Art ; ces derniers font aussi des fusils, pistolets & pendules ; les Tanneurs qui y sont en grand nombre, font un débit considérable de peaux, non seulement à Champdeniers, mais encore à Nyort, oú ils en envoient en quantité les jours de foire de cette ville. Il y a deux moulins à écorce ; mais ils ne suffisent pas pour entretenir les Tanneurs, de la poudre de tan nécessaire à ces manufactures. 

    Il se consume, année commune, à Champdeniers, environ mille bariques de vin, que 
    l’on fait venir de Saintonge. Autrefois les environs de ce bourg en fournissoient, & l’on n’en tiroit point d’ailleurs ; mais depuis plusieurs années on a négligé les vignes ; on les a ensuite arrachées, & on en a fait des près qui réussissent beaucoup mieux ; de sorte que le fourage y est très-commun. 
    Aussi Champdeniers a t il été souvent un quartier pour de la Cavalerie ou des Dragons ; on y plaçoit une compagnie des Régimens dont les Etats-Majors étoient à Nyort : ce qui faisoit du bien au pays par la consommation des denrées & des foins. Il n’y a point eu de troupes depuis 1763, quoiqu’il y en ait eu constament & qu’il y en ait encore à Nyort & St-Maixant. La paroisse de Champdeniers n’est pas fort étendue dans la campagne ; il n’y a que 12 à 13 métairies, plusieurs borderies & quelques moulins ; la moitié de la paroisse est en plaine du côté de Nyort ; l’autre moitié est en Gastine du côté de Partenay. 
    Les chemins y sont impraticables pour les charetes pendant l’hiver ; ce qui rend les voitures impossibles dans cette saison & fort difficiles en tout autre temps ; aussi sont-elles fort cheres. Un toneau de vin coûte en hiver 30 # à faie rendre de Nyort à Champdeniers, quoique ce soit en plaine ; les foins, les gerbes de blé, le bois, les fumiers, la pierre même & le sâble pour bâtir, se voiturent dans les environs de ce bourg sur des chevaux, parce que les charetes n’y roulent qu’avec beaucoup de peine à cause de l’inégalité du terrain & qu’il faut toujours monter pour ariver au bourg. Si l’on pratiquoit une grande route bien pavée depuis Nyort jusqu’à Champdeniers & delà jusqu’à Partenay, ce qui fait une longueur de huit lieues, cet endroit deviendroit encore plus commerçant ; il auroit des relations faciles & avantageuses avec la Rochelle & tous les 
    lieux de la même route, ainsi qu’avec Saumur & toutes les villes circonvoines de ce passage ; ajoutez que les étrangers viendroient encore en plus grand nombre aux foires d’hiver, parce qu’ils ne craindroient plus les mauvais chemins. Par ce moyen Champdeniers se grôssiroit de jour en jour, & tous les lieux qui l’entourent en profiteroient ; une plus grande population, fruit de l’aisance, de l’activité & des communications, étendant, multipliant & favorisant à la fois l’agriculture, l’industrie & le commerce ; la route seroit même bien plus courte & plus commode pour aller de Nyort à Partenay & au delà ; & ces deux villes, Partenay sur-tout, y trouveroient leur avantage.

    On recueille dans la plaine, du froment, de la baillarge, de l’orge, de la garobe selon le terme du pays, c’est-à-dire de la vesce ; du mil, quelques pois ronds, assez de pois de mai ou haricots, autrement mogettes ; du lin, du chanvre, des noix, point d’amandes, assez de cerises & autres hauts fruits. La Gastine donne du seigle, de l’avoine, du blé noir ou sarrasin, du garouil, du bois, du charbon, pommes & poires franches ou sauvages, cerises, néfles, chataignes, glands, beaucoup de noisettes, &c. Le gibier y est abondant & de 
    bonne qualité, sur-tout en perdrix rouges & grises, râles de genet, becasses, lievres, lapins, &c. On y trouve aussi de la bête fauve ; les loups y font quelquefois de grands ravages : il seroit à propos d’en faire la chasse de temps en temps ; les étangs y sont communs & fournissent d’assez bon poisson, on les pêche trop souvent ; le terrain est fort propre, sur-tout dans la plaine, pour le jardinage ; les légumes, ainsi que les fruits, y sont précoces & d’un fort bon goût. Les terres à blé, de la Gastine, sont d’une culture très-pénible ; on est quelquefois obligé de mettre 6 à 8 bœufs sur une charue ; cette difficulté du labourage provient non seulement de la pesanteur des terres, mais encore des racines d’agéons & genets qui couvrent les champs dès qu’on cesse de les cultiver : car on ensemence ordinairement une piece de terre pendant six à sept ans de suite avec très-peu de labour ; après quoi on la laisse reposer pendant plusieurs années. Pendant ce repos elle devient pâtis, & prépare une récolte de fagots de grands genets ou agéons, & sert en outre de pâcage au bétail. C’est dans ces pâtis, qui sont en très-grand nombre en Gastine, ainsi que les prairies, que l’on éleve la mulace, les chevaux, bœufs & moutons qui garnissent nos foires : & c’est-là la principale ressource des habitans de la Gastine ; car en général ils ne recueuillent pas assez de blé pour se nourir.

    Il y a à Champdeniers deux sortes de mesures de grains, quoiqu’il n’y ait qu’un boisseau ; la mesure marchande quand on vent le blé au détail, est d’un huitieme plus grande que le boisseau ordinaire : c’est-à-dire, que celui qui vend un, deux ou trois boisseaux de blé, est obligé de fournir par chaque boisseau ras, une mesure de plus ; & cette mesure est la huitieme partie du boisseau ras. On se sert du boisseau ras pour les rentes, à moins qu’il ne soit stipulé autrement dans les titres des Seigneurs ou Propriétaires. On s’en sert aussi pour vendre à pochée, à fourniture & à toneau ; la pochée est de cinq boisseaux & demi, ras ; la fourniture est de 22 boisseaux ras ; le toneau est de 55 boisseaux ras ; mais on ne paye la pochée que sur le pied de cinq boisseaux, la fourniture que sur le pied de 20 boisseaux, & le toneau que sur le pied de 50 boisseaux. Il s’ensuit delà que le boisseau marchand est plus grand que le boisseau ras, d’un huitieme en sus ; & que celui qui vend à pochée, fourniture ou toneau, à plus de profit que s’il vendoit tout son blé au boisseau marchand : car pour la pochée on ne donne que cinq boisseaux & demis, ras, ou cinq boisseaux & cinq mesures. De même celui qui vend à fourniture, ne donne que 22 boisseaux ras, au lieu qu’au boisseau marchand il donneroit 20 boisseaux & 20 mesures, ce qui feroit 22 boisseaux & demi. Enfin celui qui vend à toneau, ne donne que 55 boisseaux ras, au lieu qu’au boisseau marchand il donneroit 50 boisseaux & 50 mesures, ce qui feroit 56 boisseaux & 2 mesures. Toutes ces différences sont un objet digne 
    d’attention sur une certaine quantité ; on a fait peser, en Février 1774, différentes sortes de grains pour savoir au juste le poids du boisseau de Champdeniers ; le froment pesoit de 45 à 46 liv., boisseau ras ; par conséquent le boisseau marchand pesoit de 49 à 50, ainsi des autres grains ; le seigle pesoit 44 liv.,la méture 40, la baillarge 39. 

    Le Seigneur de Champdeniers se faisoit ci-devant servir d’un droit assez singulier ; tous les mariés de l’année dans la paroisse lui donnoient une triple courone composée de rubans & de fleurs artificieles d’Italie ; on nommoit cette courone un Chapelet, qui étoit évalué à 3 l 10 r. Ceux qui n’étoient que publiés dans la paroisse, ou qui y venoient d’ailleurs mariés, ne devoient que dix sols. Les jeunes Prêtres de la paroisse étoient assujetis au même droit ; mais ce droit est tombé depuis quelques années, soit par le défaut d’authenticité des titres, soit par l’abus qui s’étoit glissé dans la maniere de l’exiger. Il y avoit aussi autrefois une espece de Bachelerie, qui étoit une Fête continuele depuis le Jeûdi-Gras jusqu’au Mardi-Gras. Tous les nouveaux mariés se rassembloient lestement habillés, en veste, sans armes ni bâtons ; ils mettoient chacun quelque piece de vaissele d’étain en dépôt ; delà on alloit dans un pré qui porte encore le nom de pré de l’Eteuf : là des Bacheliers portoient un drapeau ou étendart, avec lequel ils faisoient un cercle dans le milieu de ce pré ; le plus ancien des nouveaux mariés avoit à la main une pelote couverte de velours cramoisi, garnie de petits cloux dorés & de plusieurs rubans de différentes couleurs. Il jetoit trois fois dans le cercle tracé cette pelote qu’on nommoit l’Eteuf ; alors tous se mettoient à courir ; le plus agile qui pouvoit l’atteindre & l’apporter sur la place du marché, étoit le Roi de la Bachelerie, s’il étoit du nombre des nouveaux mariés ; s’il étoit des anciens mariés, il gagnoit la vaissele d’étain que l’on avoit déposée ; mais il étoit difficile d’apporter l’Eteuf jusque sur la place, parce que parmi ceux qui n’avoient pu l’atteindre à la course, il s’en trouvoit qui tâchoient de prendre le devant pour arrêter en chemin celui qui s’en étoit rendu maître & tâcher de le lui enlever ; alors on se batoit, le plus fort ou le plus adroit s’emparoit de la pelote, ensuite tous les Bacheliers se rendoient auprès du vainqueur, en faisoient u Roi & le conduisoient en triomphe dans le bourg ; il y avoit toujours quelques instrumens de musique ; on donnoit des aubades dans toutes les rues ; on s’arrêtoit particulièrement devant des maisons qui étoient chargées de certaines redevances envers ce Roi, comme de confitures, de vin, &c. Ces Fêtes ne se passoient gueres paisiblement, il s’y introduisoit toujours un peu de licence ; il arivoit souvent des accidens, suite naturele des quereles. Le Juge du lieu qui s’y étoit transporté pour mettre de l’ordre, y fut même une fois insultéé. Toutes ces considérations ont fait supprimer la Bachelerie de l’Eteuf ; elle est tombée depuis environs 20 ans. 

     

    Ce texte a d’abord été critiqué puis salué notamment dans les « Mémoires de la Société de ... Société de statistique, sciences, lettres et arts du département de 1886 » :

    « Le chœur était séparé de la nef par une balustrade que surmontait un christ du XVIème siècle (relégué depuis au-dessus du maître-autel), dont M. de Rémigioux a le tort de vouloir faire un chef-d’œuvre .. . Notre curé en parle avec la même admiration, sans nous faire davantage partager son sentiment. » Or, dans son inestimable histoire de Champdeniers, parue en 1893, le même Léo Desaivre concède (P. 105) que M. de Rémigioux dans sa description du chœur de Champdeniers, en avait fait à juste titre l’éloge, contrairement ce que lui (Desaivre) en avait d’abord pensé.

     

    Ce mémoire se place dans une série d’écrits concernant la description des lieux et de la vie quotidienne. En effet, les humanistes de la Renaissance prenaient appuis sur ces écrits « modestes » pour améliorer ou tout simplement gouverner leurs territoires.

    Les ducs de Thouars, Duplessis Mornay et bien d’autres ont tenté en dehors des écrits à large diffusion de leur époque d’entrer dans la renaissance en s’ouvrant au monde à partir de récits de voyage ou de compilation des vues scientifiques de tel ou tel voyageur, dans la lignée d’un Léonard de Vinci : les bâtiments et les villes traversées sont décrites, les paysages, les structures économiques, les techniques et éventuellement les arts. Les zones les plus proches son évoquées parce que traversées au départ ou à l’arrivée. Mais il est possible que tel ou tel extrait puisse servir de référence pour une demande d’aménagement d’une zone particulière d’un territoire plus proche.

    Il semble aussi qu’il y ait eu à cette époque une course à la reconnaissance littéraire ou scientifique des textes, chacun se recommandant de telle ou telle structure ou institution connue.

    On connaît aussi à cette époque un essor du commerce international, des voyages pour étude …

     

    Quant au curé de Rémigioux, il a aussi un passé scolaire chez les Jésuites qui a marqué les esprits, avec moins de bonheur que son mémoire :

    Revue « Affiches du Poitou », 12 février 1778, 12ème année  

    LES REPRÉSENTATIONS DANS LES COLLÈGES :

    Revue du bas Poitou - Page 383

    « J’ai rencontré fort peu de programmes de représentations dramatiques données au collège des Jésuites de Poitiers pendant le cours du XVIIIème siècle. Je crois que, contrairement à l’usage suivi à paris et dans d’autres vills où les Pères avaient des maisons d’éducation, on ne jouait de pièces à Poitiers, que de loin en loin, et seulement quand des circonstances exceptionnelles y invitaient. Le plus souvent on se contentait de plaidoyeres ou d’exercices littéraires, en français ou en latin.

    Cependant le 26 août 1744, les élèves de rhétorique représentèrent une trégédie dont le sujet, essentiellement local, dut singulièrement piquer la curiosité des Poitevins. Malheureusement, si l’on en croit un témoin oculaire dont le goût littéraire ne peut guère être mis en doute, la pièce était loin de tenir les promesses de l’affiche.

    Dreux-du-Radier regretta son argent, et s’en plaignit sans vergogne dans ses Réréations historiques :

    « Les Jésuites, lorsqu’ils jouaient des pièces de théâtre, faisianet payer le même prix que les comédiens.il était réglé à quinze sols ;

    Un clerc pour quinze sols, sans craindre le holà,

    Peut bien impunément attaquer Attila. »

    A dit Boileau.

    « Dans leurs collèges de Province, les Jésuites ont toujours fait payer. J’ai payé à Poitiers, pour y voir une très mauvaise pièce, intitulée Radegonde, et un ballet plus ridicule et plus mauvais que la pièce. »

    Pour rendre à chacun ce qui lui appartient, je dois ajouter que le ballet de l’Hyménée était de l’invention de Girard, maître de danse du collège, et la musique de Bourgeois, maître de musique du même collège.

    Les acteurs étaient Henri Filleau, de Poitiers ; Louis d’Arsac de Ternay, du Poitou ; Dominique Dubrocq, de Bayonne ; J. Arnaud Dechesne, de Paris ; Antoine la Noailhe, du Limousin ; René-Charles Bordier, de la Touraine ; Charles Chollet, de Poitiers ; Etienne de Rémigioux, du Poitou. En 1762, par suite de l’expulsion des Jésuites, le collège de Sainte-Marthe passa à des professeurs du clergé séculier, et le 2 septembre 1768, un arrêt du parlement publia un nouveau règlement. L’article 24 décidé que la distribution des prix ne pourrait être précédée que d’un exercice de rhétorique ou d’humanités, sans qu’il puisse en aucun cas, conforméméent aux statuts de l’ùuniversité de Paris, être représenté aucune tragédie ou comédie.

    Notes : Récréation historiques, critiques, morales et dérudition avec l’histoire des fous en titre d’office. Paris – Robuste (1767 – 2 vol. P 341 du tome 1er

    Etienne de Rémigioux, curé de Champdeniers (1727 (1782)), auteur d’un Mémoire de Champdeniers publié dans les Affiches du Poitou. On ignorait jusqu’à présent où il avait fait ses études. (CF Desaivre. Histoire de Champdeniers P. 184) »

     

    On verra que d’autres Rémigioux ont laissé des traces mais dans les universités protestantes de leur époque, et nous retrouverons aussi d’autres comédiens critiqués ou reconnus.

     

     

    La laïcité dans ces écrits

     

    La laïcité paraît être évidente dans ces écrits : il n’y est généralement ni question de religion, ni même de politique.

    Les récits y sont neutres, décrivant des faits de société tels qu’ils sont vus, sans but d’observation, comme descriptions secondaires dans des voyages ayant d’autres finalités.

     

    Cependant, on peut y voir une trace des guerres de religion :

    -        Nombre de ces voyages d’étude viennent du désir des écrivains d’étudier dans des universités lointaines, dont les universités protestantes

    -        Les pays traversés décrits sont souvent d’une autre religion et d’une autre politique que la France, et les décrire revient parfois à contredire ce qui en est dit de par la « propagande royale ».

    -        Et enfin, on peut y deviner des parcours de famille particuliers, comme dans le cas du curé de Champdeniers Etienne de Rémigioux, qui cite M. Gentils dans cette correspondance avec René Alexis  Jouyneau Desloges,  créateur de la revue « Affiches du Poitou », à propos d’Alexis-Jean Drouyneau qui a écrit une histoire manuscrite de Thouars en 1742, " les mémoires historiques sur l'histoire de Thouars " (qui figurent au catalogue de Gallica). 

     

     

    Extrait de « Revue des provinces de l'Ouest : Bretagne et Poitou : histoire, littérature, sciences et arts / [direct 1858 - Drouyneau de Brie, historien de Thouars »

     « Mémoires historiques de Thouars, par Drouyneau de Brie ; 1742, ms de la bibliothèque publique de Poitiers. »

    « Je trouve le projet de canalisation du Thoué, au-dessous de Montreuil-Bellay jusqu’à Parthenay, dans l’Histoire manuscrite de la ville de Thouars, dont je viens d’avoir une copie. Cette histoire est très bien faite, et mériterait de voir le jour. Elle est de feu M. Drouyneau de Brie, avocat en parlement de Paris, et qui fut, je crois, un des magistrats de la ville de Thouars, où il jouissait de l’estime et de la considération publiques. Il la composa, en 1742, pour M. Le Nain, alors intendant du Poitou, qui fit faire l’histoire de toutes les villes principales de la province. Il serait bien intéressant de pouvoir réunir toutes ces histoires, et de les publier. Ce recueil servirait utilement de mémoires pour composer un jour l’histoire générale du Poitou. Si les héritiers de M. Drouyneau, possesseurs du manuscrit original de ses Mémoires historiques de la ville de Thouars veulent m’y autoriser et me procurer tous les éclaircissements ultérieurs dont je puis avoir besoin, j’offre volontiers d’en être l’éditeur. La ville de Thouars devrait faire la dépense des frais de l’impression. Je possède aussi une copie des Mémoires historiques manuscrits de la ville de Montaigu. Je parlerai un jour plus amplement de ceux de Thouars (1). (Jouyneau-Desloges, Affiches du Poitou, du 13 janvier 1774, N) 2, p. 6)

     

     

    A Champdeniers, le 22 janvier 1774.

    Je n’ai pu lire sans émotion, Monsieur, le projet que vous présentez au public, dans vos feuilles de cette année, ?° 2, de rendre la rivière du Thoué navigable de Parthenay à Montreuil-Bellay. Il y a longtemps que j’en connais l’utilité et les raisons qui l’appuyent. Mais je n’ai pu voir, sans quelque surprise, que vous ayez trouvé ce projet dans un manuscrit que je possède. Je n’en ai donné copie qu’à une seule personne : ainsi il ne m’est pas difficile de savoir d’où vous la tenez.

    Oui, Monsieur, ce manuscrit a été composé par feu M. Drouyneau de Brie, avocat au parlement de Paris et l’un des magistrats de la ville de Thouars. Il en était avocat ducal. Cette heureuse ville se glorifiait alors avec raison de voir toutes les places de son siège remplies par autant de magistrats d’un savoir éminent, d’une profonde érudition et d’un rare mérite ; mais la possession des choses précieuses est toujours de trop peu de durée.

    Feu M. Harcher, lieutenant général de la duché-pairie de Thouars, qui a travaillé sur la coutume du Poitou, fit, par sa mort, arrivée il y a plus de vingt ans, la première brèche à ce siège si bien composé (2). La perte fut grande, et bien d’autres se seraient trouvés dépourvus par la privation d’un magistrat de cette trempe, car il est peu de tribunaux de ce rang où tous les officiers se trouvent aussi supérieurs à leur place. Thouars ressentit cette perte ; mais accoutumée à être éclairée par des lumières de premier ordre, ce ne fut pour cette ville fortunée qu’un flambeau de moins. Il lui en restait encore deux autres dont les rayons éclatèrent tellement, qu’on ne fit que s’apercevoir de la défection de celui qui venait de s’éteindre. C’était M. de la Brunetière, sénéchal, et M. Douyneau de Brie, avocat ducal. Ce dernier, à la mémoire duquel vous voulez bien accorder vos suffrages, jouissait effectivement, ainsi que son confrère, de l’estime et de la considération publiques. ; mais il a trop peu vécu pour sa patrie, à laquelle il était tout dévoué, et qui le regrette encore. Sa mort, arrivée en 1755, fut une perte irréparable pour sa famille ; elle occasionna dans la ville et aux environs un deuil universel, et laissa dans le siège de Thouars un si grand vide, que seize à dix-sept ans de vacance ont à peine suffi pour excuser de témérité l’entreprise de remplir sa place. Il n’est pas avantageux de succéder trop promptement à de tels personnages. Je puis parler pertinemment de ce respectable magistrat : personne ne connaît mieux combien il valait. Ma belle-sœur, qui demeure actuellement avec moi, est sa fille. Héritière de quelques-uns de ses talens, je dirais volontiers, si je ne craignais d’alarmer sa modestie, qu’elle est un livre vivant, où l’on retrouve encore dans sa conversation quelques-uns de ces traits qui caractérisaient les discours familiers et les harangues qu’on entendit tant de fois le père prononcer aux rentrées du palais.

    Il a laissé à sa famille ce manuscrit, dont j’ai tiré quelques copies toutes écrites de ma main. J’en donnai une, il y a environ deux ans, à l’un de mes intimes amis qui, en cette occasion, nous a joué un petit tour prévenant dans le dessein que nous avions de vous faire passer ce livret.

    C’est M. Gentilz, lieutenant général et maire de Parthenay, qui connaissait lui-même particulièrement feu M. Drouyneau de Brie, auquel il était également attaché par les sentimens de l’amitié et par les liens de parenté, comme il l’est actuellement à sa fille, ma belle-sœur, (amitié à laquelle j’ai l’avantage de participer, et que je reconnais assurément par un retour bien sincère) ; oui, c’est M. Gentilz qui vous a envoyé cette copie que j’ai tirée sur l’original.

    Nous lui pardonnons ce petit tour qu’il ne nous a sûrement joué que par l’envie qu’il avait de faire connaître l’ouvrage.

    Nous vous prions toutefois, Monsieur, de n’en faire part à personne. Nous sommes bien dans le dessein de lui faire souffrir l’impression., et nous acceptons avec reconnaissance l’offre gracieuse que vous nous faites de nous aider en cela. Nous conviendrons, s’il vous plaît, entre nous, de toutes les mesures qu’il y aura à prendre à ce sujet ; aux beaux jours j’aurai l’honneur de vous voir, pour en conférer avec vous. D’ici là, je vous prie de me faire part de vos lumières ; j’en fais grand cas, et j’en ferai tout l’usage dont je puis être capable.

    Vous recevrez, sous huit jours, le peu d’observations que j’ai pu faire sur Champdeniers. Je vous ai bien fait attendre pour assez peu de chose ; mais j’ai eu tant d’autres affaires qui m’ont occupé jusqu’ici, que je n’ai pu m’y appliquer plus tôt, et actuellement je suis malade. Enfin, je vous enverrai tout ce que j’ai pu découvrir en cette partie. Je ne suis point de ce pays-ci, et il n’y a pas longtemps que je l’habite. Vous pensez bien qu’un étranger nouvellement venu dans un pays, qui n’y trouve ni documens, ni chartier à sa disposition, n’est pas à même d’en donner autant d’éclaircissemens qu’un habitant originaire ou anciennement naturalisé (3).

    J’ai l’honneur d’être avecbien du respect, Monsieur, votre, etc.

    De Rémigioux, curé de Champdeniers.

    A Monsieur Jouyneau-Desloges, rédacteur des Affiches du Poitou, à Poitiers.

     

    « Drouyneau de Brie, né d’une des premières familles de Thouars, fut longtemps avocat au parlement de Paris. Ses lumières et son intégrité le firent estimer de M. LE Nain, intendant de Poitiers, et de tous ses concitoyens. Il a laissé un manuscrit intitulé : Mémoires historiques de Thouars, qui m’a beaucoup servi pour écrire cette histoire. Il est mort en 1754. » (Berthre de Bourniseaux, Histoire de la ville de Thouars, p. 255. A Niort, Morisset, 1824, in 8°.)

    Si Berthre de Bourniseaux, qui résidait sur les lieux, eût donné des prénoms et des dates plus exactes de naissance et de mort, comme cela lui était bien facile et qu’il le devait même par reconnaissance, tout cela n’eût pas été de trop ; mais va-t’en voir…

    DUGAST- MATIFEUX

     

    (1)  Nous ignorons ce qu’étaient ces Mémoires historiques de Montaigu, rédigées sur l’ordre de l’intendant Le Nain. Jouyneau-Desloges ne paraît malheureusement jamais y être revenu dans ses Affiches, non plus que sur ceux de Thouars, quoiqu’il l’eût promis pour ces derniers. S’ils ne sont pas perdus, et qu’on voulût bien nous en signaler l’existence, nous en serions reconnaissant. Nous ne possédons en documents inédits sur cette localité, qui nous intéresse beaucoup, car c’est là que nous avons signé nos premiers pas sur la terre, qu’une liste ou simple nomenclature de ses seigneurs, dressée par un grand-oncle à nous, nommé Bellouard de Jémonville, subdélégué de l’intendant du Poitou au département de Montaigu, et une excellente topographie médicale, par le docteur Richard aîné,  laquelle provient, comme la lettre ci-dessous, des précieux papiers de Jouyneau-Desloges. D. -M.

    (2)  Jean-Baptiste-Louis Harcher, né à Beaufort en Anjou, au mois de novembre 1700, mort paralytique à Thouars en 1753. Il est l’auteur d’un Traité des fiefs sur la coutume du Poitou ; à Poitiers, chez Félix Faulcon, 1762, 2 vol . in 4°. Ouvrage qui a été plus tuile aux seigneurs et à leurs officiers, pour les matières féodales, qu’il ne peut désormais servir comme instruction aux lecteurs. La fille du lieutenant ducal Harcher épousa, en 1765, le chef vendéen La Ville-Baugé.

     

    Ces observations sur Champdeniers forment un mémoire ou notice historique assez intéressant, qui fut inséré dans les Affiches du Poitou, année 1774, N° 23 à 34. Nous en possédons aujourd’hui le mst.(manuscrit)  Original.

     

    A propos d’Alexis Drouyneau, ce commentaire qui relativise sa justesse d’écriture :

     

    Mémoires de la société de statistique, sciences, lettres et arts du département des deux Sèvres – 1886

    Histoire de la ville de Thouars par Alexis-Jean Drouyneau de Brie, avocat ducal, à l’état de manuscrit aux bibliothèques de Niort et de Poitiers, et à la bibliothèque poitevine des archives des Deux-Sèvres. M. Imbert en cite deux copies – de la main de M. de Rémigioux, curé de Champdeniers, dont le frère avait épousé la fille de Drouyneau – dans les papiers de la succession de M. Audebert, notaire, et d’après lui, il en existerait plusieurs autres à Thouars.

    Ce travail est perfectible selon les historiens du XIXe siècle mais permet de donner un aperçu des connaissances sur l'histoire de notre ville au milieu du XVIIIe siècle.

    Son étude n'est pas neutre, catholique, il critique sans ménagement les protestants lorsqu'il évoque le XVIe siècle. L'intérêt de ce travail commandé par l'intendant du Poitou, Jean Le Nain réside en un " Estat présent de Thouars ". Cette seconde partie présente une analyse assez précise de la situation économique, démographique et institutionnelle de Thouars au XVIIIe siècle. Drouyneau se révèle ici être sensible au progrès et aux idées naissantes du siècle des lumières.

     

    René Alexis Jouyneau-Desloges ne publiera pas le texte d’Alexis Drouyneau, au contraire de celui du curé Etienne Rémigioux, mais son texte manuscrit est consultable sur le site Gallica.

     

    Ce qui est remarquable, c’est que tous ces écrivains en présence sont de lointains parents, comme si la tradition d’écrire perdurait dans une famille même quand la mémoire s’en est éteinte.

    Seguin GENTILZ vers 1463-1530. Maire de La Rochelle en 1493, échevin en 1494. Capitaine de La Rochelle et ambassadeur de François 1er en Flandres qui le nomme chevalier en récompense de sa fidélité et de celle de La Rochelle.  Marié avant 1495 avec Marguerite AVRIL  

    Enfants

    Estienne GENTILZ La Rochelle 17 Ecuyer marié le 13 juin 1574 La Rochelle (17) avec Gabrielle PINEAU 

    Petits-enfants

    Pierre GENTILZ 1580-  Marié  1er  mai 1611 La Rochelle, 17000, avec  Catherine GOUGAULT ca 1590- 

    Arrière-petits-enfants

     René GENTILZ Maître ° ca 1625 + § ca  1650 avec  Marie BAILLIF †1686 

    Pierre GENTILZ vers 1650- 1696 Notaire, Marchand Greffier des rôles de la paroisse de Cléssé Marié vers 1670 avec Marie VINCENT 1650- 

     

    Pierre René GENTILZ 1675-1746 Magistrat, Sénéchal, Inspecteur des poudres et salpêtres de la ville de La Rochelle Sénéchal du Comté des Mothes-Coupont, Avocat en Parlement au Présidial de Poitiers, Professeur de Droit à l'Université de Poitiers

    Marié le 10 novembre 1704, avec Marie Marguerite THOURAYNE 1688- 723

     

      François Aimé GENTILZ des BARANGERIES 1707 -1774 Lieutenant Général, Capitaine Général et Maire de Parthenay

     Marié le  23 Novembre  1734, Thouars, 79329 avec  Marie Louise BLACTOT 1714-1788

     Marie Jeanne Marguerite GENTILZ 1714-1779 mariée le 16 février 1734, Chapelle domestique du Logis de La Fortinière - Clessé,79094, avec François Alexis JOUYNEAU DES LOGES, Sieur des Loges 1710-1765 dont

     

     René Alexis JOUYNEAU DES LOGES 1736-1816 Créateur des "Les Affiches du Poitou" [1773] Poitiers,86194,

      Pierre GENTILZ Vers 1500-1568 Maire de La Rochelle en 1531, Pair de La Rochelle en 1568 Marié avant 1525 avec Françoise CHATEIGNER

    Petits-enfants

      Pierre Le Jeune GENTILZ vers 1570-1598 Rochefort 17 Marié vers 1555 avec Marie du LYON 

    Anne GENTILZ Mariée avec Lénas REMIGIOUX Seigneur de la Fuye et autres lieux

    Il a été impossible à ce jour de déterminer les relations exactes entre Lénas de Rémigioux et Etienne de Rémigioux, le curé de Champdeniers, même s’il est sûr qu’ils appartenaient bien à la même famille basée à la Fuye de Nancré, certains témoignages lors de mariages les réunissant lors des signatures.

     

      Etienne de REMIGIOUX / REMIJOUX   seigneur de la Maistrie, de la Fuye de Nancré de la Talboldière ?  Ca  1660 + / 14/09/1716 

    Marié avec Catherine PORCHERON  DE ST-JAMES ca 1650- 

     

    DE REMIJOUX François  Marié  avec Julie GUILLAU

     

     

    De REMIGIOUX Jean Baptiste § avec Dame Françoise Marie Thérèse DROUYNEAU  1733 –

    Fille d’Alexis Jean DROUYNEAU 1695-1755 Etudes de droit et de théologie, Avocat en Parlement à Paris. Il achète la charge d'avocat ducal de Thouars, succède à son père François à la charge de prévôt provincial Rédacteur des "Mémoires historiques" sur la ville de Thouars en 1742 à l'instigation de 'l'Intendant Le Nain. Marié en  1729 avec CHEVAYE Françoise-Renée

     

     

    Messire Etienne de REMIGIOUX   curé de Champdeniers 1727-1782 auteur entre autres d'un Mémoire sur Champdeniers publié dans les Affiches du Poitou.

     

    Je n’ai pas retrouvé la parenté citée entre Alexis Drouyneau et la famille de François Aimé Gentilz. Peut-être est-là une des erreurs constatées dans les textes d’Etienne Rémigioux par certains archives départementales, à moins que les références généalogiques ne soient manquantes ou égarées.

     

    Par contre, Jacques Esprinchard avait une sœur Jeanne Esprinchard née le 10 septembre 1577 qui avait épousé un Jacques « Chantaise » sieur de Rémigioux ou Jacques Rémigioux, sieur de la Maistrie et de la Fuye (de Nancré Indre et Loire), avocat à La Rochelle mais ayant un domicile quai de Grenelle à Paris, et figurant dans la table du journal Demaillasson (Cf. Archives historiques du Poitou, t. XXXVI, p. 162, 163, 462, et XXXVIl, table.). Veuve, elle se remaria avec Antoine le Vieux, écuyer sieur de la Salle qui habitait alors Châtellerault.

    Nous retrouverons ces Rémigioux bien d’autres fois, tant ils se sont alliés aux avocats, éditeurs, écrivains et édiles de leur époque.

     

    Ces journaux de voyage ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la littérature « mineure » de cette époque, et même s’ils en représentent un aspect particulier souvent très neutre, ils ne reflètent pas la liberté à laquelle certains prétendaient aussi à l’époque.

     

    Alors, qu’en est-il de l’expression politique de ces temps anciens ?

     

     

     

     


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  •  

    La généalogie est une activité étonnante.

    S’y plonger pour y chercher en quoi la vie passée des familles peut apporter au présent pousse à se poser des questions bien plus générales que le nom de l’arrière-grand-père où le lieu où sont nés nos ancêtres :

    -        A travers les actes d’état civil, on reconstitue des familles :

    o   Quels étaient les événements marquants de leur vie (baptêmes, mariages et décès),

    o   Comment étaient-ils vécus (contrat de mariage ou bénédiction à l’église, enterrement avec cortège ou juste mention du décès)

    o   Quelles étaient les alliances de ces familles, et donc leur rapport à la société : mariages de filles très jeunes, mariages entre cousins dès que l’empêchement de consanguinité était dépassé, mariages dans le même milieu social, remariages entre veufs / veuves, situations sociales des témoins …

    -        Mais cette promenade dans les actes permet aussi d’observer la structure de la société : les métiers des mariés, parents ou témoins, leurs situations géographiques (métier de la commune, métier des commerçants ou artisans ayant un domaine d’activité professionnelle plus ou moins éloigné, métiers d’itinérants (voiturier, écuyer, colporteur, maçon …). Contrairement aux « on dit » généralisés, même les campagnes les plus reculées étaient sujettes au brassage des populations, à travers les commerces du blé, de la farine, du vin, et les alliances entre bourgeois ou noblesse de robe … Les mariages y étaient endogènes (réalisés dans la communauté proche), mais cette communauté était étendue aux cousins installés dans des communes plus lointaines, et les réunions familiales lors des grands-événements étaient souvent de formidables occasions de nouer des alliances entre des couples dont les résidences étaient, pour l’époque, éloignées.

    -        L’observation des actes permet aussi de voir si la société privilégiait des rapports plutôt verticaux avec le pouvoir (du roi ou de la République), ou horizontaux permettant ainsi un fonctionnement plus démocratique qui ne s’est pas marqué dans l’histoire avec un grand « H ».

     

    Après avoir vu quelques journaux de voyage, que les esprits ouverts de la Renaissance écrivaient un peu comme ils aménageaient des cabinets de curiosité, en collectionnant des « récits de voyage », nous allons nous intéresser à quelques-uns de ces esprits qui ont tenté de profiter de l’essor de l’imprimerie pour publier des livres pas toujours cautionnés par l’église ou le roi, à savoir les pouvoirs en place.

     

    S’ils ne cherchaient pas à troubler l’ordre établi, leur liberté d’esprit, même encore incomplète, les poussaient à évoluer dans les milieux :

    -       - Liés aux textes :

    o   Religieux, car la religion catholique est encore prédominante

    o   Littéraires, comme à toutes les époques

    o   Scientifiques / géographiques, techniques comme le voulait une certaine ouverture aux sciences comme découvertes individuelles, d’où les cabinets de curiosité

    -      -  Dans un entourage professionnel :

    o   Lié aux nouvelles techniques d’imprimerie, d’origine étrangère et souvent protestante, échappant ainsi aux copistes qui étaient souvent des moines ou des écrivains « sponsorisés » par des seigneurs

    o   Avec des professionnels issus du monde :

    §   Des menuisiers car les premiers graveurs de lettres utilisaient le bois, avant de fondre le métal,

    §  Des peintres/ dessinateurs / graveurs, sans doute un héritage des enlumineurs du Moyen-âge, ce qui poussera peut-être les éditeurs d’alors à utiliser une marque visuelle / un logo comme « signature » de leur travail, en plus de leurs références,

    §  Des musiciens (pour l’impression des textes de musique, les luthiers étant tout à fait capable de créer aussi des modèles de notes)

    §   Des écrivains et des comédiens, sachant que les nobles les plus fortunés s’attachaient parfois une compagnie de comédiens, comme Monsieur, le frère du roi …

     

    Les références des textes et mentions sont cités en fin de dossier, souhaitons sans trop d’erreurs.

    Enfin, la liste des ouvrages données à chaque paragraphe sert surtout d’indicateur pour suivre le périple de ces imprimeurs.

    Sans doute des listes plus complètes peuvent être construites à partir des éléments donnés sur Wikipédia, dans les catalogues des bibliothèques ou des livres rares ….

      

    LES BERTON / BERTHON


     

    JEAN BERTON, imprimeur, typographe - Limoges 1496 / 1530

     

    L'abbé Legros se base sur « une Chronique manuscrite » et « un terrier de l'église de Saint-Pierre de 1540 pour situer l’origine de cette famille à Tours.

     

    Limoges est alors une ville double, regroupant un de ses foyers autour du château des vicomtes de Limoges, l’autre étant le quartier de la cité, situé autour de la cathédrale.

    Jean Berton y est domicilié au château (21 janvier 1496), puis rue Fourie (28 mars 1504), puis près de l’église Saint Pierre du Queyroix (20 juin 1505), il n’aurait jamais exercé dans le quartier de la cité.

    Encore vivant en 1523 (acte du 4 décembre 1523 de la bibliothèque du séminaire de Limoges), il serait décédé avant le 4 février 1530.

     

     

    Impressions connues :

     

    Bréviaire à l’usage du Diocèse de Limoges - 21 janvier 1493. Conservé à la Bibliothèque royale de Copenhague (il avait appartenu au comte de Thott 1703/ 1785 comte danois, ministre d’état, bibliophile et collectionneur de livres – données Wikipédia), puis acquis par la Bibliothèque nationale.

    Missel à l'usage du diocèse de Limoges - 21 août 1500.

    Second missel à l’usage de Limoges - 20 juin 1505

     

     

    PAUL / PAULY BERTON, libraire et imprimeur – Limoges 1518 / 1533

     

    Propriétaire de la maison de la Rue Fourie le 4 février 1530, il est probablement le fils de Jean Berton.

    Il transfère son atelier dans le quartier de la cité, peut-être face à la concurrence de Jean Richard de la Nouaille, installé dans le quartier du château. Paul a déjà quitté ce quartier épiscopal en 1529.

    En 1533, il est élu conseiller de ville et répartiteur des tailles pour le canton de Fourie (qui comprend la rue Fourie).

     

     Il résulte, d'un passage des registres du parlement de Bordeaux, cité par M. Desmaze dans son livre intitulé Curiosités des anciennes justices et rappelé dans la Revue critique (tome VIII, p. 469) par M. Em. Picot, que Paul Berton aurait embrassé la Réforme et se serait vu condamné à l'amende pour avoir vendu, peut-être même imprimé des ouvrages peu orthodoxes :

    « L'arrêt en question, copié sur les registres mêmes de la Cour par M. Fray Fournier, et daté du 14 avril 1551, avant Pâques, ne porte pas, contrairement à ce qu'on a prétendu, que l'imprimeur sera banni de la ville de Limoges ni qu'il subira préalablement la peine du fouet. C'est son complice (et associé), un libraire, du nom de Johan Aviset, que les juges condamnent au fouet.  

    L'arrêt ci-dessus a été connu par Desmaze (Curiosités des Parlements de France d’après leurs registres, p. 1863, 8°, p. 75). »  « Paul Berton et Jean Aviset (sic), imprimeurs libraires à Limoges, convaincus d'imprimer des livres réprouvés, sont condamnés au fouet et à faire amende honorable. » 1551, Parlement, B. 8'7, reg. »

    Source : Annales du bibliophile, du bibliothécaire et de l'archiviste / publiées par Louis Lacour - Gallica

     

    Sur internet, figure un arrêt extrait des « Archives historiques du département de la Gironde – Tome XLV - Paris Alphonse Picart ET FILS – 13 avril 1552. Arrêt du parlement de Bordeaux condamnant Paul Berton, imprimeur à Limoges, et Jean Croiset, à l'amende honorable et au bannissement. »

    «  Page 271 : Arrêts du parlement de Guienne CONCERNANT L'HISTOIRE DES DÉBUTS DE LA RÉFORME DANS LE RESSORT DE CE PARLEMENT transcrits par M. H. PATRY.

    N° LXVI – 13 avril 1552 - ARRÊT condamnant Paul Berton, imprimeur à Limoges, et Jean Croiset, à l'amende Honorable et au bannissement. Les livres imprimés par eux seront brûlés en leur présence.

    Entre le procureur général du Roy demandeur en cas d'excès, crimes et délictz, d'une part, et Paol Berthon, imprimeur de Limoges, et Jehan Croiset, prisonniers detenuz en la conciergerie, defendeurs, d'autre. Veu le procès criminel faict en la court et oys en la gehayne, lesd. Berthon et Croiset, dict a esté que la Court pour les cas resultans dud. procès condenne lesd. Berlhon et Croiset à faire amende honorable au parquet de l'audience de lad. court, estans à genoulx et teste nue et ayans en leurs mains chascun ung cierge de cire ardans, demander pardon à Dieu, ait Roy et à justice et dire que temereremen et follement ilz ont imprimé et exposé en vente les livres au procès mentionnez, lesquelz seront rompuz et dilacerez en leur presence.

    Et en oultre lad. court condenne led. Jehan Croiset à estre baptu et fustigué par l'execuleur de la haulte justice par les carrefours aeoustumez de ceste ville de Bourdeaulx et le bannist à perpetllité du ressort de lad. court et faict lad. court inhibiçion et defense aud. l'ol Berthon et à tous autres imprimeurs et libraires de ne imprimer ne vendre telz et semblables livres scandaleux et commovans Je peuple à sedition à peine de la hart, et enjoinct à ceulx qui en auront devers eulx de les remectre aux greffes des courts des jurisdictions desquelz ilz, sont derneurans pour eslre rompuz et dilacerez. Aussi ordonne que le preseint arrest sera leu et publié à Limoges aux lieux où l'on a acoustumé faire proclamations. Et sera ung nommé Jehan Langelier prins au corps en quelque lieu qu'il pourra estre apprehenclé et mené en la conciergerie pour estre contre luy procedé comme il apartiendra par raison. »

     

    Impressions connues :

     

    Augustini Dathi Senensis opusculum in Elegantiarum preceptis - 18 mai 1518 provenant de presses à la même adresse que Jean Berton.

    Statuts synodaux de Philippe de Montmorency, évêque de Limoges - 1519 – Conservés aux Archives du département de la Haute-Vienne.

    Le Bréviaire de Bourges (1522) seul ouvrage connu imprimé dans la cité. Le psautier de Grandmont (5 août 1529) semble avoir été imprimé dans le quartier du château.

    Le Missel à l'usage de Limoges, 1538, imprimé de nouveau « dans la maison de Paul Berton, rue Fourie ».

     

    A noter qu’à Agen, en 1526, Antoine Reboul utilise une figure sur bois grossièrement gravée (les menuisiers ayant gravé les lettres sur bois avant que n’existent les fondeurs de lettres) et des caractères majuscules provenant de l'atelier de Paul Berton. Cet Antoine Reboul, fils ou neveu du libraire d’Agen Guillaume Reboul, se serait installé à Genève et serait entré dans les discordes portant sur les droits des éditions genevoises tout comme Antoine Vincent (voir plus loin).

     

    MARTIN BERTON

     

    Nul ne sait quels liens de parenté le lient aux autres Berton, même s’il est admis qu’il fait partie cette même famille.

     

    Source « Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze - 1" LIVRAISON 1893 (JANVIER- FEVRIER - MARS) » 

    Martin Berton est installé près du monastère Saint Martial, dans le local qu’occupera plus tard Claude Garnier et que celui-ci transférera après rupture de leur association dans le quartier Saint Michel.

     

     

    Claude Garnier, dit Saupiquet, associé de Barthélémy Berthon - typographe à Limoges

     

    L’amplitude des dates d’activité, 1520 à 1588 (68 ans) plaide pour l’existence de deux Claude Garnier, peut-être parents, voire même père et fils, dans la ville de Limoges :

    -        Claude Garnier, associé à Martin Berton dès le mois de septembre 1520, continua de travailler après le départ ou la mort de son associé. Son atelier est situé près du monastère Saint-Martial comme on le voit par la souscription du Bréviaire de Saint-Martial. Il dirige cet atelier à Limoges pendant trente-huit à quarante ans (jusqu’à 1558 / 1660). En 1550, un « Claude Garnier », imprimeur tient de l'abbaye de Saint-Martial une vigne qu'avait précédemment possédée Gilles Berthon. Ce Claude Garnier aurait transporté ses presses dans la rue Ferrerie, près l'église de Saint-Michel des Lions entre novembre 1528 et février 1553, date inscrite sur la nouvelle édition du Missel du diocèse. Ce serait lui aussi qui aurait publié le Bréviaire de l'évêque César de Borgognonibus paru en avril 1557.

    -        -          Claude Garnier, imprimeur dans cette dernière ville de 1576 à 1588.

     

      

    BARTHELEMY BERTON – 1563 / 1573

     

    Barthélemy est le fils de Paul ; il exerce son métier de libraire et imprimeur à Limoges en 1559.

    Aucun ouvrage connu n’a été imprimé par lui à Limoges.

    Apparemment, il aurait quitté très vite la ville moins de six ans après le jugement de 1551 concernant Paul Berthon, la maison de la rue Fourie ayant été vendue par Barthélémy, François et Léonarde Berthon à de nouveaux acquéreurs. Ces deux derniers étaient frères et sœur, ou neveux du maître typographe.

     

    La même année, Jean et Olivier de Minières, munis eux aussi d'un matériel lyonnais qui n'a pas encore été identifié, quittent à leur tour les bords du Rhône et s'arrêtent à Angoulême où ils créent une nouvelle imprimerie qui poursuit son activité jusqu'en 1602.

     

    Barthélémy Berton adhère de bonne heure au protestantisme et se réfugie à Lyon. Puis il quitte Lyon en 1563 sans doute sous les agissements d'Antoine Vincent, le tout-puissant libraire lyonnais « qui finançait la plus grande partie des imprimeries et des maisons d'édition lyonnaises », très liées aux éditions genevoises (voir plus loin).

    Il revient à Marennes en Saintonge où il imprime des Psautiers et des Nouveaux testaments aujourd'hui perdus, sans doute grâce à l’appui d’Antoine de Pons, qui fut aussi le protecteur de Bernard de Palissy. 

    Son séjour à Marennes est de courte durée, et il s'établit à La Rochelle en 1562- 1563 apportant avec lui tout ou partie du matériel de l'imprimeur libraire lyonnais Nicolas Edoard.

    Celui-ci est correcteur d’imprimerie chez l’imprimeur libraire Thibaud Payen dès 1551 (Thibaud Payen est originaire de Troyes et successeur de Laurent Hylaire dont il adopte la devise : « La fortune sourit aux audacieux et repousse les timides ». Il traduit des textes notamment espagnols et italiens. Il figure en 1569 parmi les « huguenots réduictz. Thibaud Payen publie en 1542 un texte pour Antoine Vincent. ), puis à son compte à partir de 1554 à Lyon puis à Paris en 1561 – 1563 avant de revenir à Lyon en 1564.

     

    Barthélémy Berton possède la seule imprimerie de La Rochelle pendant huit ans. … Les ouvrages qu’elle produit demeurent modestes.

    Son arrivée coïncide à peu de chose près avec le moment où les éeformes y prennent de l'importance, et avec l'édit de pacification de 1563. Aussi, après des débuts difficiles, il paraît trouver dès 1564 de l'appui auprès de ses coreligionnaires et des membres du gouvernement de La Rochelle, son beau-père, Jean Pierres, étant lieutenant civil et criminel de la cité. En 1565 se place sa première publication politique importante, la réimpression, sans adresse typographique, des Commentaires de l'estat de la religion et république..., attribués à Pierre de La Place, qui ont joué un grand rôle dans la propagande de la Réforme. La même année, la publication de 47 sermons inédits de Calvin soulève un tollé à Genève, dont les imprimeurs estimaient jouir d'un privilège exclusif.

     

     

    Impressions connues :

     

    L'Architecture et Ordonnance de Bernard Palissy une plaquette où Bernard Palissy décrivait l’Architecture et ordonnance de la grotte rustique construite pour le duc de Montmorency (1563)

    Les Psaumes mis en rime françoise (1563)

    La Forme des prières ecclésiastiques (1563)

    Deux ouvrages dont un traité du pasteur protestant rochelais Yves Rouspeau,

    Une édition des Quarante-sept sermons de M. Jean Calvin (1504), qui, donnée sans le consentement de Genève, lui attira des difficultés, les ministres se voyant frustrés des remises de 8 % que l'édition de cet ouvrage aurait dû valoir à la communauté des diacres. Mlle E. Droz a sans doute raison de déceler en cette affaire les agissements d'Antoine Vincent, le tout-puissant libraire lyonnais « qui finançait la plus grande partie des imprimeries et des maisons d'édition lyonnaises ». Berton n'imprimera plus désormais de livres religieux.

     

     

    JEAN DE MINIERES

     

    Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques Année 1962

     

    Jean de Minières, bientôt associé à son fils Olivier, originaires d’Angoulême, prend ouvertement position en faveur des protestants à partir de 1568.

    L'imprimerie de Jean de Minières aurait été sinistrée au cours d’une guerre civile et l'imprimeur se serait replié sur La Rochelle emportant avec lui une partie de son matériel et en particulier des majuscules gravées et historiées.

    En 1568 et 1570, s'institue une étroite collaboration entre l'imprimeur d'Angoulême et son confrère de La Rochelle Barthélémy Berton, qui se voue dès lors tout entier à la propagande politique. Au cours de ces deux années, les deux ateliers publient les mêmes textes ; en outre Minières aide Barthélémy Berton en lui prêtant des majuscules ornées.

    Cette entraide est particulièrement remarquable dans « L’Histoire de nostre temps », anthologie de la littérature de combat anticatholique et anti- guisarde sortie des presses de Berton en 1570.

     

    Tandis que Jean de Minières retourne à Angoulême en 1571, Barthélémy Berton meurt en 1573 ; sa veuve, qui maintient en activité son atelier jusqu'en 1575, ne semble pas avoir entretenu de rapports avec les imprimeurs d'Angoulême. Passé 1572, Jean et Olivier de Minières reprennent leur activité, mais cessent de se consacrer à l'impression d'ouvrages protestants ; jusqu'en 1602 leurs presses fonctionnent au ralenti.

     

    Impressions de Barthélémy Berton à cette époque :

     

    Les libelles de Pierre de la Place, de Louis de Bourbon, de la reine de Navarre, de l'avocat Jean de la Haize

    Des ouvrages de combat imprimés à l'étranger mais portant l'adresse de La Rochelle, expression du calvinisme français.

     

    Berton a sans doute participé à la défense de la ville, lors du siège de 1572-1573, se rangeant du côté des plus exaltés, qui souhaitent l'invasion anglaise, et réimprimera les pamphlets venus d'Angleterre.

     

    Au total, Mlle Droz retrouve quarante-sept éditions de Barthélémy Berthon, la plupart en français.

     

    Sa veuve continue son œuvre et, en l'espace de deux ans, édite dix-huit ouvrages et en remet en vente deux volumes publiés précédemment. Il s'agit pour la plupart de plaquettes relatant les événements locaux, des pamphlets contre les massacreurs et d'ouvrages de propagande religieuse, lancés parfois sous des adresses supposées.

    Après l'édit de pacification de juillet 1573, le gouverneur François de la Noue groupent les Mal Contents ou Politiques, protestants et catholiques, et il semble utiliser les presses de la veuve Berton, tandis que Jean Portau met les siennes au service d’Henri de Bourbon.

     

    JEAN PORTAU, actif de 1573 à 1589 :

     

    En 1573, l'officine Berton passe à sa veuve.

    Dès janvier 1576, Jean Portau (1573-1589) devient acquéreur de sa maison et de son matériel. Il travaille jusqu’en 1589.  Mlle Droz lui attribue trente-huit impressions pour quatorze années d'exercice ; partir de 1523 cet inventaire est certainement incomplet.

    Sa production consiste en ouvrages de propagande du parti calviniste, « anticatholique, anti - ligueuse, anti - guisarde et par conséquent anti- espagnole ».

     

     

    THOMAS PORTAU / PORTHAU / PORTHAUX, PIERRE HAULTIN ET JEAN MOUSSAT :

     

    A la mort de Jean Portau, Thomas Portau, très certainement son fils ou peut-être seulement son parent, prend sa suite avant 1589. Il utilise un matériel assez proche de celui de Pierre Haultin, dont il pourrait avoir été l'apprenti.

    Il reprend le matériel de Berton et de sa veuve, matériel qu’on retrouve chez René Troismailles, puis chez Antoine André et enfin chez Jean Moussât, gendre de Thomas Berton, l’imprimeur des Tragiques d'Agrippa d'Aubigné.

     

    Thomas Portau transporte son atelier :

    -      -  D’abord à Niort (1589),

    -      -  Puis à Pons de Saintonge (1590 / 1594), ville de naissance d’Agrippa d’Aubigné

    -      -  De nouveau à Niort (1594 / 1600), 

    -     -   Enfin à Saumur (Juillet 1600 / 1623), à la demande du gouverneur Philippe Duplessis-Mornay, dont il devient l’imprimeur attitré. Il y publiera 106 ouvrages.

    o   Il laissa son matériel à son gendre René Troismailles demeuré à Niort où il imprima jusqu'en 1610. Sa veuve Elisabeth Portau, puis son successeur à partir de 1610, ancien commis de Portau, Anthoine André (qui décède en 1612) et sa femme Jehanne Philippes continuèrent sans doute d'utiliser ce matériel jusqu'à ce qu'il soit transmis en 1614 à Jean Moussât.

    o   Son atelier de Saumur est quasi-détruit lors des troubles de 1621, mais il le relance jusqu’au 20 janvier 1623, date de sa mort.

    -        Il épouse en secondes noces (1603) Madeleine Hay, petite fille de Barthélémy Berton, qui poursuit son activité jusqu’en 1625, date de son propre décès. Son ancien apprenti, Jean Bureau, part s'installer à la Forêt-sur-Sèvre, afin d'y imprimer les Mémoires de Duplessis-Mornay.

    -        Leur fille Marie Portau épouse l'imprimeur Jean Moussat, qui reprend l'activité de ses beaux-parents.

     

    Impressions connues :

    " Histoire véritable de certains voïages périlleux et hazardeux sur la mer ", ouvrage en forme de parabole dédié à Duplessis-Mornay, publié à Niort.

    De l'institution, usage et doctrine du sainct Sacrement de l'Eucaristie en l'Eglise ancienne par Duplessis-Mornay (1604)

    Mystère d'Iniquité " de Duplessis-Mornay, avec le portrait de l'auteur par Léonard Gautier (1611)

    Bible au format in-quarto, comprenant une préface par Maître Jean Calvin, la traduction de la Bible de Genève, des notes marginales, des psaumes avec leur musique, des prières et un rituel (1614)

    Ouvrages des grands esprits de la Réforme : Théodore de Bèze, les frères Rivet, le gouverneur Duplessis-Mornay.

    Bible, sermons, controverses, réfutations et dénonciations. 

    Psaumes de David, mis en vers par Clément Marot et Théodore de Bèze (une réédition en sera faite en 1615 par l’imprimeur Pierre Pié de Dieu)

     « Histoire du Grand et Admirable royaume d'Antangil... Par I.D.M.G.T. " ( Bibliothèque Mazarine, n° 22 248 ). Première utopie jamais écrite en français qui montre un monde égalitaire, des Provinces unies, ouvrage attribué à Jean de Moncy, professeur à Tiel, une redistribution d’un texte publié à Leyde.

     

     Il emploie trois marques typographiques :

    La porte large et la porte étroite

    Une marque mystique, dite vraisemblablement d'inspiration rosicrucienne : la croix de Moïse et les roses, sur un serpent crucifié sur une croix en tau, entre deux rosiers issant du stauros, flanqué de deux devises, à gauche : ex spina rosa, et à droite : ex cruce corona. Il fait généralement figurer son nom sur les ouvrages qu'il a édité.

    Le soleil éclairant la lune et la terre

     

      

    PIERRE HAULTIN

     

    Les Haultin ont exercé à La Rochelle le métier d'imprimeur et de fondeur de caractères, en particulier de caractères de musique, de 1571 à 1623.

     

    Au moment où disparaît Barthélémy Berton, La Rochelle a déjà accueilli un nouvel imprimeur, Pierre Haultin ;

    -        Il est issu d'une famille implantée dans les métiers du livre dans la Province du Maine.

    -        D’abord installé à Paris dès 1523, en tant que fondeur imprimeur et libraire parisien. Il est probablement formé à Paris, dans l'entourage de Charlotte Guillard, sa tante. Son activité de « tailleur de lettres d’imprimerie » est documentée par les archives en août 1546. C’est un fameux graveur de caractères qui passe pour avoir, le premier en France, gravé des poinçons de musique (d’après Louis Desgraves).  Haultin publie en 1549-1550 quatre ou cinq éditions et une demi-douzaine de brochures juridiques. Il exerce à l'enseigne de la Queue-de-Renard, avec son beau-frère Jean Ruelle, mari de Marie Haultin. Il y est en lutte aux tracasseries du pouvoir, et il doit plusieurs fois fuir la capitale pour fait de religion. On perd la trace de Pierre Ier Haultin à Paris en octobre 1570.

    -        Il part pour Lyon en 1550, et y visite Genève. Il permet ainsi aux éditions genevoises de réaliser un bond qualitatif. Les Bibles en français étaient de meilleur papier et à plus bas prix que celles de Genève, décision qui provoqua des plaintes des Genevois.

    -        Il revient à Lyon en 1558, où il reste quatre ans.

    -         En 1562, il part à Paris. Il s’y associe avec l'imprimeur et graveur de musique Nicolas Du Chemin. Mais dès le mois de juillet de la même année, il est absent pour cause de religion. Il repart pour Lyon quelques mois, puis pour Orléans alors protestante (1565), enfin il regagne Paris où il publie des ouvrages en direction des Réformés.

    -        Inquiété de nouveau par la justice, en 1567, puis 1570, sollicité par Jeanne d'Albret, reine de Navarre, déçue par les travaux exécutés pour elle par Berton en 1568 et 1569, il part définitivement pour La Rochelle.  Il délaisse alors son activité de graveur de caractères pour se consacrer à l’édition d’ouvrages protestants, comme « les Articles présentez au Roy par les députez de la Royne de Navarre et de Messeigneurs les Princes », les Sainctes prières de Pierre Martyr, les textes contre les Guises de Philippe du Plessis-Mornay, des traités théologiques de Jean de L’Epine, ainsi qu’un nombre impressionnant de petits pamphlets relatifs aux guerres de religions.

     

    -         Pierre Haultin imprime jusqu'à sa mort en 1587- . 

     

    JEROME HAULTIN

     

    En 1575, Pierre Haultin (sans doute le père) vend des matrices d'imprimerie à son neveu Jérôme Haultin, qui devait s'établir à Londres l'année suivante comme fondeur de caractères, puis lui succéder en 1588.

    Par la suite, l'affaire passa à Camille Hertmann, puis à Pierre Pie de Dien, de 1601 jusqu'en 1623. Le matériel typographique est alors acheté par Denis Lesné, imprimeur à Rennes.

     

    Un autre neveu de Pierre Haultin, Denis Haultin, après avoir vendu du matériel typographique à Londres où il séjourne plusieurs années, prend à Montauban en 1589 la succession de Louis Rabier et y imprime jusqu'en 1619.

     

     

    Les ouvrages publiés par les HAULTIN :

     

    Les ouvrages en français sont l'immense majorité :

    -        d'abord les ouvrages religieux :  Bibles et Nouveaux testaments, dont le Symbole national de Saumur (3-16 juin 1596),  œuvres d'écrivains protestants, en tête Duplessis-Mornay,  Pierre Du Moulin, Jacques de l'Espinet, Théodore de Bèze, Marnix de Sainte-Aldegonde alors que les pasteurs de La Rochelle le sont fort peu.

    -        Relativement peu d'ouvrages politiques :  des pamphlets et des brochures,

    -        Un peu d'histoire, de littérature (Du Bartas), de droit, de médecine et de voyages,

    -        de la musique, Psaumes (ceux de David dans la version de Marot et Theodore de Beze), œuvres d'Orlando de Lassus et de Claude Le Jeune.

     

     

    MOUSSAT

     

     Jean Moussât s’installe à Niort dans les deux périodes qui entourent sa collaboration avec Agrippa d'Aubigné, c'est-à-dire les années 1614-1615 et 1621-1626.

    Marchand libraire et maître imprimeur, il épouse en 1610 Marie Portau, fille de Thomas Portau.  

     

    Son atelier fonctionne :

    -      -  A Saumur depuis mai 1614 dans l’ancien atelier de son beau-père. Il vit dans la maison de l’avocat Pierre Durand, ainsi qu’un marchand cordonnier nommé Pierre Grizon. Il édite alors avec son associé Claude Girard (un rapport avec l’imprimeur Pierre Girard ?)

    -    -    Puis à Niort où il travaille au moins huit ans.

    -    -    Il arrange, par traité passé le 8 mai 1614, chez le notaire Augier, le retour à Saumur de son apprenti Paul BILLAULT, fils de l'orfèvre Jean BILLAULT. Cet accord donne la date à laquelle Jean Moussât s'installe à demeure dans cette ville où il se trouve peut-être déjà depuis quelques semaines, le temps de mettre au clair la succession à l'entreprise de Jeanne Philippes, la veuve d’Antoine André, l'ancien facteur de Thomas Portau,

    -     -   Moussat a bien été débauché de Niort et il a dû prendre une ou plusieurs gabarres pour acheminer par voie d’eau son matériel, ses hommes et sa famille jusqu’à Maillé où il vit dans une semi-clandestinité

    o   Au mois d'octobre 1615, Théodore Agrippa d’Aubigné accepte une charge de Maréchal de camp dans l'armée de Condé, levée pour la deuxième fois dans le cours de l'été pour empêcher le mariage espagnol de Louis XIII. Il fera de Jean Moussat son imprimeur attitré.

    o   Le bail à ferme du 23 octobre 1615 date la mise en gérance de la boutique et du fonds de librairie de Jean Moussât au profit de son confrère de Fontenay-le-Comte, le libraire Jacques d'ANGICOURT, pour 10 livres par an payables par quartier (par trimestre). Le fond est estimé à 1052 livres et 13 sols et l’acte doit être reconduit selon le rythme inhabituel de baux de 18 mois (au lieu de 36), avec un compte-rendu mensuel des ventes.

    -        Il retourne à Niort en 1622. Il décède en mai 1568.

     

     

    Impressions connues :

     

    Advis sur la nécessité et forme d'un S Pierre de La Primaudaye avec l’aide de Claude Girard, son confrère 1611

    Concile pour l'union des Eglises chrestiennes en lafoy catholique, et sainct exercice d'icelle.

    Deux coutumiers l'un du pays de Saintonge, l'autre du pays et Duché d'Angoûmois, et un manuel scolaire (1615) pour les besoins du collège réformé.

    Traité de rhétorique d'Orner Talon A partir de cette date, Jean Moussat devient l’imprimeur exclusif d’Aubigné.

    Les tragiques d’Agrippes d’aubigné

    Histoire universelle

     

     

    NICOLAS DUCHEMIN actif de 1541 à 1554. / ETIENNE DESHAYES 

      

    Nicolas DUCHEMIN, né à Provins (77), au début du seizième siècle, contemporain de Guillaume Le Bé, graveur et fondeur de caractère particulièrement pour la musique rue St Jacques, perfectionna l'art de la typographie musicale.

    Fils d'un graveur en caractères, il se fit aider dans ses recherches et tâtonnements par des artistes comme Nicolas de VILLIERS (fils de Thomas de VILLIERS, libraire à Paris, en 1529) et Philippe DANFRIE, ou DANFRIF, né en Cornouailles (Basse-Bretagne), graveur et tailleur général des monnaies de France.

      Nicolas Duchemin occupe une librairie rue Saint-Jean-de-Latran à Paris en 1572. (Arch. Nat., Y 112, f 379 v°). Il décède en 1565. 

     

    Ses poinçons et matrices passèrent plus tard dans les ateliers du fils Le Bé. Ils finirent par servir aux nombreuses éditions de musique des Ballard, conjointement avec ceux de Guillaume Le Bé (le père).

     

    Recueil de Chansons spirituelles i554,

    Art, science et pratique de pleine musique et de l'institution musicale, très utile, profitable et familière, nouvellement composée en français, ïn-12 en i556,

    Missoe modulatoe; c'est un recueil de messes mises en musique par Goudimel, Orlando de Lassus, Philippe de Mons et autres compositeurs du temps, in-81558,

    oeuvres musicales parmi lesquelles se trouvent des chansons de Claude Goudimel, des Psaumes entre 1554 et 1558

     

    Nicolas Duchemin épouse en premières noces Catherine Delahaye, pupille du libraire Poncet de Preux (Archives de Paris), et en secondes noces Jeanne Deshayes, sans doute liée à la famille de l’imprimeur Deshayes suivant :

    « Paris - 8 décembre 1548. — Etienne Deshayes, libraire, et Jeanne Gareau sa femme, prennent à bail, au loyer de 90 1. t., une maison de la rue des Sept-Voyes, appartenant à la Grande Confrérie des Bourgeois, faisant le coin de la rue des Amandiers, contiguë à l'image Saint-Etienne et tenant par derrière à l'image Saint-Nicolas. (Arch. Nat., S 860.)

    Précédemment louée à Pierre Vidoue, imprimeur, et à Jeanne Garreau, sa femme, qui épousa sans doute Etienne Deshayes en secondes noces. » Archives nationales

     

     

    LES IMPRIMEURS ET LA RELIGION

     

    Les imprimeurs n’étaient bien entendu pas libres d’éditer comme ils le voulaient.

    Au service des auteurs et des commanditaires, ils pouvaient tout aussi bien éditer des bibles que des textes considérés à l’époque comme dissidents, écrits soit par des scientifiques, soit par des protestants, soit par des démocrates. Bien sûr, ils n’étaient pas exempts de sanction, même dans les Académies protestantes :   

     

     

    Archives municipales de la ville de Saumur – Fonds de l’Académie protestante

     

    « Et tout d'abord permettez-moi de vous transporter à l'Académie de Saumur, le lundi 28 février 1619

    M. Gouverneur de celle ville et Sénéchaussée de Saulmur, et le Recteur et le Conseil extraordinaire de l’académie establie audit lieu, assemblés, ayant reçu lu plainte de M. Cameron professeur en théologie et Pasteur Duncan, Gédé et Schevez, professeurs en ladite

    Académie et encore dudit Duncan, Principal du Collège, touchant un certain libelle diffamatoire envers français, de naguère imprimé et affiché et publié en ceste ville contre l'honneur de leur nation en général et en particulier de leurs personnes, qualités et profession contre les nommés MM. Jehan Bachellet, escholier estudiant en théologie, natif de Metz; François  Leskout, natif d’Amsterdam en Hollande, et à présent compagnon relieur en la boutique de Thomas Portau, imprimeur de ceste Académie et Jehan Bureau, natif de ceste ville,  apprenti imprimeur en la maison dudit Portau vu les dits libelles et ouy lesdits Bachellé, Leskout et  Bureau en leurs confessions, dires et déclarations, signées d'eux, auxquels a este représente ledit libelle et par eux reconnu coupable; lesdits plaignants ouïs sur ledit faict et sur ce qui  s’est passé ensuite d’iceluy depuis l’affiche dudit libelle qu'autres faits incidents en la matière; et que tant lesdits  plaignants qu'accusés se sont soubmis au jugement de M. le Gouverneur et desdits sieurs Recteur et Conseil dessusdits le tout diligemment veu, examiné et considéré, après l'invocation du nom de Dieu; a esté par lesdits ordonné et conclud que lesdits Bachellé, Leskout et Bureau, pour réparation de la faulle par eux commise, comparoir en l'une des salles du Collège, en présence des Recteur, Professeurs et aussi des Principal, Régents et Escholiers, tant publics que classiques, lesquels seront assemblés à cet effet au son de la cloche; pour, là, déclarer auxdits plaignants, savoir: pour ledit Bachellet qu'indiscrètement, malicieusement et sans subject et mesmes contre vérité et debvoir de sa profession il a composé lesdits vers et libelle injurieux, dont il se repent, en demande à Dieu pardon, au Roy, à M. le Gouverneur; auxdits sieurs Recteur et Conseil de l’académie, auxdits plaignants en les priant au nom de N. S. J.-Christ ne s'en vouloir souvenir; lequel en outre sera rayé du roolle et matricule  des estudiants en théologie et  exclu des leçons et autres exercices de ladite académie; de plus sera ledit libelle et tous les extraits qui s'en trouveront lacérés et cassés en leur présence par le bedeau ;  

    Ledit Leskout déclarera que malicieusement il a intrigué et prié ledit Bachellé de composer ledit libelle, aidé à l'impression d'iceluy et de l'avoir affiché ; dont il demandera pardon à Dieu, au Roy, à M. le Gouverneur, auxdits Srs  Recteur et Conseil de l'Académie et aux parties plaignantes;

    Ledit Bureau qu'impudemment et témérairement il a imprimé ledit libelle, dont demandera pardon, comme les dessuds.

    En outre, défenses aux et estudiants de s'assembler et faire députations sans permission du Recteur ni de faire publications et escrits sans permission.

    Signé : PHILIPPE DE MORNAY - L. CAPPEL, recteur - BOUCHEREAU, scribe.

     

    Le même jour, décidé que Bachellé, quoique rayé, pourra dans trois mois être réintégré s'il témoigne repentance et sur intercession de M. Cameron, son professeur, et autres plaignants.

    A l'égard de Leskout et Bureau, que l'imprimeur Portau sera exhorté de les congédier, sauf intercession des plaignants.

     

    En outre, pour ôter la rumeur et scandales produits par un livre intitulé « Satyre Démocratique », dont M. Locart, écossais, estudiant en théologie, proposant, est suppose être l'auteur, qu'il sera appelé au premier Conseil pour se justifier ou recevoir censures requises.

    Défense enfin aux escholiers, qui seront repris par le Gouverneur et le Conseil de leur imprudence dans l'affaire Bachellé de faire réunion ou publier aucune chose sans permission du Recteur. »

     

     

    Société des lettres, sciences et arts du Saumurois – Septembre 1910 N° 1 Page 65

    Texte portant sur l’Académie protestante de Saumur :

    « A la date du 22 janvier 1620, nous lisons encore ce qui suit :

    Sur le rapport fait par quelqu’un du Conseil que les escholiers commencent à courir la nuit, il a été arresté que tous ceux qui logeront des escholiers seront advertis de ne laisser sortir le soir ceux qui demeurent chez eux ; et s’ils ne peuvent les empêcher, en donner avis au principal ; que quelque soir on ira s’assurer s’ils sont à la maison et s’ils sont absents (seront punis) suivant la discipline du collège.

    Du 4 février suivant : Sur rapport de plusieurs escholiers ont été vus la semaine passée courant la nuit par les rues avec un très grand bruit, et qu’entre ceux qui ont fait cette insolence et noise au logis du sieur Mereau, où estaient quelques étudiants en théologie, estaient un nommé d’Oisseau et Deslandes, la Compagnie a trouvé bon que M. le Recteur se transporterait au Collège avec le Principal et le Conseil, et prist connoissance de l’affaire, et fit la censure et châtiment convenable.

    Du 12 février : Le recteur rend compte que « lorsqu’il a voulu prendre cognoissance de ceste insolence et débausche par le moyen de d’oisseau, ledit d’Oisseau se serait échappé et desvalé de la salle hauste où se fait la physique par la fenestre dans la rue, à l’aide de quelques siens compagnons en quoy il aurait été suivy par Lhostelier et Meusnier et la déposition de deslandes a érévélé qu’on pris part à cette insolence et débauche Le Dux, Bossugrie, les deux Dervais, les deux Remigoux. Surquoi il est décidé qu’ils seront appelés devant le Conseil.

    Du 19 février : Les susdits ayant comparu, après sérieuses remontrances et rude répréhension, il a esté statué que d’Oisseau serait placardé, au premier jour, moins pour l’insolence et débauche de nuit que pour la fuite du collège et  le danger où il s’est mis en descendant de la fenestre, sans qu’il fust poursuivy ou pressé aucunement.

    Lhostelier et Meunier, étant classiques, sont laissés à la correction de M. le Principal. Deslandes sera épargné pour avoir confessé l’affaire et avoir été chastié de naguère.  Le Dux est condamné au placard avec sursis jusqu’au premier trait de débauche. En attendant, l’église de Bordeaux sera advertie de ces comportements.

    Les autres en sont quittes pour force remonstrances et promesses solenelles de se mieux comporter à l’avenir.

    Du 26 février :

    D’Oisseau ayant fait amende honorable, le placard est levé, et il ne sera pas chassé, moyennant reconnoissance solenelle de ses fautes et garantie par son père que l’Académie ne sera pas repsonsable des inconvénients semblables.

    A la date du 1er septembre 1620, nous lisons ceci :

    Lu extrait des délibérations du Synode de Vitré :

    Comme les mauvais escholiers passent d’un collège à un autre et font le tour des Académies, on exigera un témoignage du modérateur du collège qu’ils quittent. »

     

     

    Ainsi, les commanditaires étaient passé d’un Dieu connu de l’église catholique à un Dieu dont les écrits rapportés étaient encore indiscutables mais pas les commentaires de ces textes.

     

    En fait, on ne pouvait éliminer Dieu tout comme on ne pouvait éliminer le fait que la nature était structurée.

    C’est ainsi que certains passent des religions au Grand Architecte de l’Univers, avant de passer plus tard à un Univers architecturé.  

    -        -              Création de la Franc Maçonnerie qui semble apparaître en Ecosse en 1598, puis en Angleterre avant de gagner le continent. Elle tente de s’abstraire des discussions religieuses pour s’attacher à des thèmes débattus dans un cadre plus « neutre ». Mais il existe autant de franc-maçonneries que de loges.

    -        Création de la Rose-Croix à partir d’un écrit satirique de 1614 (Réforme générale et commune de l’univers entier) qui épingle les projets de Réforme de l’époque issus de  textes dogmatiques plutôt que de la  science (les sciences étant alors en plein essor). 

     

     Toujours est-il que Portau ne pouvait pas totalement ignorer ce que faisaient ses assistants dans son atelier d’imprimerie, mais qu’il a été contraint de les sanctionner ou de perdre les contrats passés avec l’Académie de Saumur, malgré les liens d’amitié qui le liait au gouverneur Philippe du Plessis Mornay son créateur (de l’Académie !).

    Certains qualifient de rosicrucienne une des trois marques que Portau  utilisait (son « logo ») : le serpent crucifié sur une croix en tau(voir plus haut).  

    De même, on peut se poser la question sur ses liens avec ces terribles Rémigoux (= Rémigioux)qui couraient la nuit, quand on relève les liens semble-t-il exacts qui l’unissait avec certaines branches de cette famille.

     

      

    LES IMPRIMEURS ET LEURS LIENS FAMILIAUX

     

    Beaucoup d’historiens et d’auteurs notent les liens familiaux qui existent entre les différents imprimeurs :

    -        Comme tout commerce, les familles transmettent leurs biens à leurs enfants, et suivre la progression du matériel permet souvent de suivre l’évolution des familles.

    -        Les imprimeurs de cette époque impriment les textes d’auteurs notamment les protestants qui critiquent la société en place et proposent des alternatives jugées dangereuses et même dissidentes, dans un contexte de guerre de religion mêlée de politique.

     

    Ces liens familiaux semblent peu indicatifs au regard d’une histoire plus factuelle, mais pourtant nous verrons que c’est à travers eux que nous pouvons voir comment les idéaux portés par les auteurs protestants et leurs éditeurs se sont imprimés dans la société à leur époque et aux époques suivantes, indépendamment des interdictions, exils, assassinats, mises au désert qu’ils ont subies.

     

    Jean BERTON ? Imprimeur Limoges puis La Rochelle

     

    Paul BERTON

     

     

    Barthélémy BERTON marié avec Françoise de PIERRES (Cette famille de Pierres est aussi en rapport avec les Rémigeoux !)

    Parents : Jean PIERRES ° 1555 - La Rochelle (Saint-Yon) (17) Conseiller du roi, Lieutenant Général civil et criminel de la ville et gouvernement de la Rochelle  marié avec Anne GIRAUDEAUX née vers 1560 

     

     

     

    X BERTON mariée avec X HAY

    A noter qu’on trouve à cette époque à Paris une famille HAYE de libraires imprimeurs

     

     

     

     

    Madeleine HAY

     

    Barthélémy Berton laisse sa maison à Jean PORTAU

     

    Jean PORTAU Imprimeur marié avec ?? dont

     

    Thomas PORTAU  

     

    Marié à Pons avec Marie BESSION (Bulletin des archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis 1893 N° 13 Gallica)  dont Marie PORTAU mariée avec Jean MOUSSAT

     

    Marié à Niort avec Madeleine HAY petite fille de Barthélémy BERTON

     

     

    Charlotte PORTAU baptisée le 10 mars 1604 au temple de Saumur (P/M : M. et Mme du PLESSIS MORNAY, Philippe Du PLESSIS MORNAY « Le pape huguenot étant le fondateur de l’Académie protestante de Saumur marié à Charlotte Arbaleste) 

     

     

    Philippe PORTAU baptisée le 6 septembre 1606 (P/M : Mr le gouverneur Philippe de Mornay ; Marthe de Mornay sa fille épouse de Jehan de JAUCOURT Conseiller du roi en son conseil d'Etat et privé, délégué général des églises protestantes de France)

     

     

    Charlotte PORTAU baptisée le 6 mars 1605 (P/M : Antoine Durant, ancien de l'église ; Elisabeth du Mornay, fille du fondateur de l’Académie de Saumur et femme de M. de Saint-Germain)

     

     

    Elisabeth PORTAU - 0n ne connaît pas le nom de sa mère.

     Mariée avec René TROISMAILLES imprimeur à Niort. Celui-ci cède son atelier à son successeur Anthoine ANDRE marié avec Jehanne Philippes et décédé en 1612.

     

     

    Marie PORTAU fille de Marie BESSION mariée avec Jean MOUSSAT Contrat passé devant le notaire Jean Dutertre à Argenton

     

    Dans cette même famille se trouve un Etienne MOUSSAT Sergent royal, archer de la maréchaussée du Berry Procureur de la seigneurie d'Argenton sur Creuse ((ce serait le frère de Jean MOUSSAT marié à Marie PORTAU))  Marié avec Marcelle Madeleine PINEAU dont

    François Jean MOUSSAT ° 20/06/1621 Saint Marcel (36) + Notaire royal à Argenton sur Creuse marié le 13 novembre 1643 à Argenton-sur-Creuse 36200 avec Magdeleine DELAGRAVE née entre 1615 et 1625, décédée avant 1653. Elle appartient à la famille Delagrave qui donnera naissance plus tard aux éditions du même nom.

     

    On trouve aussi dans les registres d’état civil d’Argenton un Jehan MOUSSAT marié avec Maud ? Jehanne RAMIJOUX dont Jehanne RAMIJOUX née le 28 novembre ou décembre 1629 Argenton Vue 53 du registre (Parrain / Marraine :  Etienne MOUSSAT Sergent royal de la maréchaussée ; Huguette RAMIGEOUX)

     

    Et: François DE REMIGEOUX ca 1620 marié à Belâbre (près d’Argenton dans l’Indre) avec Jeanne BERTON sans que l’on puisse relier cette Jeanne aux imprimeurs du même nom, dont la famille était dite du Berry, même si une édition qui porte la mention TULE a laissé penser qu’ils pouvaient être de Corrèze.

     

     

     

    Rebecca MOUSSAT ° 5 février 1612 baptisée par le pasteur Bouchereau  (Parrain /Marraine :  Thomas Portau, son grand père qui a épousé en secondes noces Madeleine Hay, et Rebecca Hay, sans doute belle-sœur du parrain)

     

     

     

    Jehan MOUSSAT ° 17 juillet 1613 (Parrain / Marraine :  "Jean Hay, Sieur du Poirier, demeurant à Thouars et y tenant collège". Madeleine Hay, belle-mère de Marie Portau)

     

     

    Quant aux HAULTIN, ils ont de très nombreux liens chez les imprimeurs parisiens :

     

    Jacques GUILLARD Né à Strasbourg 67482 Marié avec Guillemine Saney 

     

    Michelle GUILLARD Décédée en 1568 à Paris – Libraire- Mariée à Paris avec  Guillaume des Bois / DUBOYS Décédé en 1566 à Paris- Libraire à Paris de 1526 à 1565, associé à Sébastien Nivelle et Guillaume Merlin.

     

    Guillaume GUILLARD – Libraire, juré et imprimeur à Paris de 1554 à 1568. Il donne l'adresse de Charlotte Guillard.

     Marié à Paris avec Yolande Chausson dont  Guillaume Guillard qui reprend l’atelier de Charlotte Guillard sa tante.

     

    Marie GUILLARD Mariée avec Sieur Bogard dont  Jacques BOGARD qui reprend l’atelier de sa tante.

     

    Charlotte GUILLARD Née vers 1480 – Décédée en juin 1557 à peut-être 77 ans à Paris- Libraire et imprimeur. Elle succède à son mari jusqu'en 1557.

     

     Mariée en 1502 à Paris avec Berthold REMBOLT né entre 1453 et 1458 à Ehenheim, Alsace, Saint-Empire romain germanique, décédé en 1518 à Paris- Imprimeur libraire à Paris et associé de Ulrich Gering qui créa la première imprimerie en France.

     

    Mariée bis vers 1519 avec Claude CHEVALLON né en 1479 décédé avant 18 juillet 1537 à Paris à 58 ans - Libraire ouvert aux humanistes. Juré imprimeur de 1506 à 1537 - de 1506 à 1520.   

    Après la mort de ses deux époux, sans enfants, Charlotte Guillard s’associera avec ses neveux : Jacques Bogard, Guillaume Guillard, Sébastien Nivelle et Guillaume Desboys, qui tous, débutent en tant que libraires. Desboys devient même son associé à compter de 1547.

    Le catalogue de Charlotte Guillard comprend entre autres des œuvres d'Érasme, Pacien de Barcelone, Hilaire de Poitiers.

     

    Charlotte GUILLARD issue certainement d’une famille du Maine, est aussi la tante de Pierre HAULTIN (père), formé sans doute chez elle à Paris à l’imprimerie.

     

     

    Gervais CHEVALLON Né à Paris- Libraire juré à Paris de 1537 à 1539

     

     

    Gillette CHEVALLON mariée avec Pierre REGNAULT libraire à Paris

     

     

    Une fille  GUILLARD mariée avec le père de Pierre HAULTIN

    Il résulte des textes cités dans les sources que Pierre Haultin serait le neveu de Charlotte Guillard, soit le fils de son frère ou de sa sœur. S’il était le fils de son frère, il porterait le même nom qu’elle, donc il serait le fils d’une de ses soeurs  qui se serait mariée dans le Maine.

     

     

    Marie HAULTIN § Jean de RUELLE Libraire associé à Pierre associé à Pierre HAULTIN

     

     

    ?  HAULTIN § Jean LE SUEUR fondeur à Paris Entre octobre 1550 et août 1555

     

     

    Pierre HAULTIN HOTTAIN Père (le premier im^rimeur de la famille, celui formé par Charlotte guillard) né vers 1510 à Villaine- sous – la Flèche .Décédé en 1587. Imprimeur libraire, graveur de caractères et fondeur de lettres.

    Associé un temps à Nicolas DUCHEMIN

    Mariée avec Marie VADE / VADET , d’une famille de fondeur de caractères

    Une sœur de Marie Vadé ? : Marthe Vadé est mariée à Michel CATHELIN sergent au baillage de Coulomniers dont Jean vadé fondeur de lettres.

     

    Arch. Nat., Y 109, f° 212 v°. : 23 décembre 1568. — Jean Vadé, fondeur de lettres, reçoit de Michel Cathelin, sergent au bailliage de Coulommiers, et de Marthe Vadé, sa femme, donation de leurs droits dans la succession de Marie Vadé, femme de Pierre Haultin, libraire.

     

     

     

    Pierre II  HAULTIN Fils Imprimeur fondeur

             

     

     

    Nicolas DUCHEMIN (celui cité plus haut comme associé à Pierre HAULTIN Père) né à Provins, 77379, + 1576 - Paris, Libraire Juré 1540 à 1576 Graveur et fondeur de caractère particulièrement pour la musique rue St Jacques

     

    Marié le 6 novembre 1545, Paris, avec Catherine DELAHAYE, pupille du libraire Poncet de Preux (Archives notariales de Paris)

     

    Poncet de PREUX né en 1481 et décédé peu avant le 2 mai 1559 est libraire juré de l’université de Paris (1510 – 1521), puis un des quatre grands libraires de la même université (1522- 1550). Il aurait publié à partir de 1507. Il serait gendre en premières noces de l'imprimeur parisien Philippe Pigouchet, et en secondes du libraire Guillaume Du Puy.

    Ce Poncet le Preux partage des éditions avec Charlotte Guillard (tante de Pierre Haultin Père qu’elle aurait formée) dont par exemple « In quatuor Evangelistas enarrationes – de Denys le Chartreux  Paris Jean Loys pour Charlotte Guillard, Poncet le Preux et Jean de Roigny – 1539

     

    Sources :

    Documents sur les imprimeurs, libraires De Philippe Renouard

    Imprimeurs et libraires parisiens – Jean Loys – Volume 6

    L'origine de l'imprimerie de Paris De André Chevillier

     

    Marie DUCHEMIN mariée avec Marc LOCQUENEUX Libraire Paris 1573 à 1589 Mt St Hilaire la Concorde Archives Libraires

     

    Marie Anne DUCHEMIN mariée avec Claude GOUDIMEL décédé le  24 août 1572 à Lyon, 69123 Massacré comme calviniste Musicien associé à son beau-père Nicolas Duchemin         

    Nicolas DUCHEMIN  Né à  Provins, 77379, + 1576 - Paris, Libraire Juré 1540 à 1576 Graveur et fondeur de caractère particulièrement pour la musique rue St Jacques

    Marié le 6 novembre 1545, Paris, avec Catherine Delahaye 

    Marié bis à Paris avec Jeanne DESHAYES dont

     

    Jeanne Duchemin 1571-1617 Mariée avec Michel GADOULLEAU Décédé 19 juin 1614 à Paris, Libraire Relieur Paris 1571 à 1614

    Parmi la fratrie de Michel Gadoulleau :  F Marie GADOULLEAUmariée avec Jean MESSAGER Graveur et Imprimeur en taille douce Paris 1600 à 1634 rue St Jacques à l'Espérance

     

    On retrouve des membres de la famille Remigioux précédente gravitant autour des protestants, des jurats et artistes de Bordeaux :

     

    REMIGION Marie (C’est le nom bordelais des Rémigioux, on verra aussi qu’ils ont une branche marchoise qui porte un autre nom) paroisse « Saint-Projet. Mariée vers 1650 avec DESHAYES Philippe Bourgeois et maître peintre ordinaire de Bordeaux où il arrive en 1634, originaire de Paris Domicilié rue Sainte-Catherine, paroisse Saint-Projet. Certains documents cités ci-dessous le pensent parent de Vincent Deshayes de Bordeaux et Jean-Baptiste-Henri et François-Bruno Deshayes, de Rouen, eux-aussi artistes.

    Il est à noter qu’il existait à l’époque une famille DESHAYES fréquentant les imprimeurs parisiens et comprenant des peintres, mais il n’a pas été possible de reconstituer leurs liens précis.

    Sources :

    Archives départ., série E. min. de notaires, Lafeurière.

    Archives municipales de Bordeaux, Etat civil, Saint-André et greffe du tribunal.

    Documents pour servir à l’histoire des arts en Guienne par Charles Braquehaye

    Réunion des sociétés des beaux-arts des départements :

    Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne … Section des Beaux-arts :

    Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques – Vol 1901 

    Recueils d’actes notariés relatifs à l’histoire de Paris et de ses environs au XVIème siècle, tome II

     

    DESHAYES Jeanne, § 14/01/1681 paroisse St-Maixent BORDEAUX avec Marc-Antoine FOURNIER Maître peintre, professeur à l'Ecole Académique de Bordeaux, souvent employé par les jurats, etc. Et peut-être aussi issu d’une famille de peintre et sculpteur de Paris.

     

     

     

    ET DONC …

     

     

    Si les sciences (y compris l’alchimie et l’astrologie, très prisées dans ces temps-là !) ont gagné de cette époque de s’être séparées du discours de l’Eglise, la laïcité n’était pas encore de mise : l’état civil était encore lié aux registres paroissiaux ou aux registres pastoraux (quand ces derniers étaient reconnus, car souvent seuls les contrats notariés faisaient foi des actes passés).

    Il faudra attendre la Révolution pour que l’état civil administratif naisse, et la loi de 1905 pour acter la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

     

     

    Sources

     

    J’espère avoir été claire dans le report des références dont je me suis servie. Toutes les informations précédentes proviennent de ces textes, des recherches dans les archives en ligne, et des sites de généalogie en ligne, principalement GENEANET.

    -        Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze - 1" livraison 1893 (Janvier, février, mars) 

    -        Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques Année 1962

    -        L'imprimerie à La Rochelle by E. Droz, Louis Desgraves

    -        Eugénie DROZ, L'imprimerie à La Rochelle. I. Barthélémy Berton (1563.1573), Genève, E. Droz, 1960, p. 11 et s.

    -        Louis GUIBERT, Les premiers imprimeurs de Limoges, Limoges, Vve H. Ducourtieux, 1893, p. 9- 18.

    -        Notice sur quelques livres des premiers imprimeurs de Limoges, Limoges, Vve H. Ducourtieux, 1895, in-8°, 32 p.

    -        Anatole CLAUDIN, Les origines de l'imprimerie à Limoges, Paris, A. Claudin, 1896, in-8°, 50 p.

    -        Louis DESGRAVES, Études sur l'imprimerie en Angoumois et en Saintonge aux XVIe et XVIIe siècles. I. Jean et Olivier de Minières, imprimeurs à Angoulême (1563-1602).

    -        Le masque ou la plume ou les ateliers délinquants de Jean Moussat, publication sur internet

    -        Fonds Martin 3 E 4452 (29 mai et 15 novembre 1627), 4453 (17 mars 1628); Fonds Violette 3 E 6840 ( 5 mars 1630) et 6842 (8 février 1631).

    -        Emile PASQUIER et Victor DAUPHIN, Imprimeurs et Libraires de l'Anjou, Angers, Editions de l'Ouest, 1932, consacrent leurs pages 224 à 303 aux éditions saumuroises. Ils témoignent d'une impressionnante érudition, mais ils ne parlent que des livres, négligeant les impressions secondaires, comme les placards réduits à une page ou des positions de thèse se limitant à un feuillet plié en quatre.

    -         J.-P. PITTION, Notes for a Saumur bibliography, XVII th century bibliographical documents in Marsh's Library, Dublin, 1971 et sq, apporte des compléments et dresse des listes de thèses imprimées.

    -        Louis DESGRAVES, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIe siècle, t. 1, Saumur, Baden-Baden, 1978,
    - Louis DESGRAVES, Répertoire des ouvrages de controverse entre Catholiques et Protestants en France (1598-1685), 2 vol, Droz, 1984-1985,
      apporte de nouvelles découvertes et des observations érudites.

    -        E. Droz, Antoine Vincent. La Propagande protestante par le psautier. Dans Aspects de la religion religieuse, Genève, 1957, p 276-293. 

    -        Histoire de l’impression de la musique principalement en France jusqu’au 19ème siècle.

    -        Documents sur les imprimeurs, libraires en cartiers, graveurs, fondeurs de lettres, relieurs, tireurs de livres, faiseurs de fermoirs, enlumineurs, parcheminiers et papetiers ayant exercé à Paris de 1450 à 1600 de Philippe Renouard 

    -        L’abbaye de Maillezais : des moines du marais aux soldats huguenots – de Cécile Treffort – Page 114

     


    votre commentaire
  •  

    Ce dossier s’attache à montrer les difficultés rencontrées par une société qui ne possède pas encore la notion de laïcité, et qui jour entre les opinions personnelles, religieuses, et politiques de ses acteurs.

     

    Il semblait au départ évident de continuer le dossier sur les imprimeurs par un sur les auteurs de l’époque.

    Mais l’œuvre s’avérait gigantesque.

    Ne sont cités que ceux qui ont fait l’objet avec leurs imprimeurs d’interdiction à cause de leurs convictions, qu’elles soient religieuses ou plus politiques.

     

     

    L’ORDRE ETABLI

     

    L’expression des opinions personnelles a toujours existé en littérature. Mais il a toujours été contrôlé ou réprimé.

    Leurs biographies sont ici plus que très fortement résumées, et ne sont inscrites qu’à titre indicatif, tant elles sont aussi mouvementées sur le plan personnel que riches sur le plan littéraire.

     

     

    LES REFORMATEURS

     

     

    CLEMENT MAROT

     

    Fils de Jean Des MARETS dit MAROT, marchand révoqué par sa corporation qui devient le poète en titre d’Anne de Bretagne,

    Clément Marot, (1496 décédé le 12 septembre 1544 à   Turin), après des études à la Sorbonne, est un des premiers poètes français modernes et un des précurseurs de la Pléiade, le poète officiel de la cour de François Ier.

    Malgré la protection de Marguerite de Navarre, sœur du roi de France François Ier, ses sympathies marquées pour la Réforme et pour Martin Luther lui valent la prison, puis l'exil en Suisse et en Italie après l’affaire des placards (écrits attribués à un pasteur de Neuchâtel, Antoine Marcourt et produits par Guillaume Farel) qui met à mal les relations catholiques / protestants.

     

    Libertin d’esprit et de cœur, il traduit Virgile et Lucien, écrit le roman de la rose (qu’il retouche par la suite car il le trouve  « vieilli »), ou l’enfer (description satirique du Chatelet et des gens de justice), 

    Il revient d’Italie, rapportant avec lui la règle du participe passé s'accordant avec l'auxiliaire avoir quand l'objet est placé devant le verbe.

    Marot publie la première édition critique des œuvres de François Villon en 1533 (soixante-dix ans après la disparition du poète français de la fin du Moyen Âge), contribuant ainsi à sa reconnaissance.  

    En 1541, il publie Trente Pseaulmes de David, mis en françoys par Clément Marot.

    Après l'ordonnance de Villers-Côterets (1539 – Elle oblige à la tenue de registres d’état civil pour les naissances), François 1er confie à Clément Marot la traduction des Métamorphoses d'Ovide.

    Celui-ci repart ensuite vers la Suisse, et meurt à Turin laissant un fils unique, Michel Marot.

     

    Marot a traduit cinquante psaumes de David en vers français (en fait, 49 psaumes et le Cantique de Siméon). Après sa mort, le nombre total a été porté à 150 pour compléter le psautier, par Théodore de Bèze. Les calvinistes s’approprient ce corpus, qui, le dotent de mélodies, en font leur principal livre de chant pour le temple appelé  Psautier de Genève ou Psautier huguenot.

     

     

    PHILIPPE DUPLESSIS MORNAY

     

    Philippe DUPLESSIS-MORNAY, (né le 5 novembre 1549 à Buhy, Val-d'Oise — mort le 11 novembre 1623 à La Forêt-sur-Sèvre, Deux-Sèvres) est un théologien réformé, un écrivain et un homme d'État français, l'un des hommes les plus éminents du parti protestant à la fin du XVIème siècle, surnommé « le pape des huguenots ».

    Il parle et il écrit le latin classique, le grec et l'hébreu, l'allemand et il se fait comprendre en néerlandais, en anglais et en italien. Il semble connaître la Bible par cœur ; ses écrits révèlent un vaste savoir historique et géographique, tourné d'abord vers l'Antiquité, mais il connaît aussi fort bien l'Europe de son temps.

    Duplessis-Mornay s'oppose à toute contrainte en matière de religion. Il est partisan de la tolérance.

    Sa devise est un reflet fidèle de son caractère : « arte et marte » (« par le talent et par le combat »).

    Duplessis-Mornay prend la tête du ressort de la sénéchaussée de Saumur, avec un agrandissement appréciable sur le pays de Bourgueil.

    En 1599, il fonde l'« Académie protestante », (celle dont PORTAU fut imprimeur) afin d'assurer la formation des adolescents et des futurs pasteurs. Cette académie rayonne sur toute la France, est connue dans l'Europe entière et attire de nombreux étudiants français et étrangers.

    Duplessis-Mornay crée également à Saumur une « Académie d'Équitation », qui donnera naissance au XVIIIème siècle à l'actuelle École de Cavalerie de Saumur (le « Cadre noir »).

     

     

    CALVIN

     

    CALVIN, né Jehan CAUVIN, naît le 10 juillet 1509 à Noyon en Picardie. Le père, Gérard Cauvin est notaire de la cathédrale et responsable du tribunal ecclésiastique. La mère, Jeanne le Franc, est fille d'un aubergiste de Cambrai. Gérard destinait ses fils à la prêtrise.

    Jean Calvin, à l'âge de douze ans, est employé comme greffier par l'évêque et adopte la tonsure, devenant chapelain de l'autel Notre-Dame-de-la-Gésine de la cathédrale de Noyon. Il entre au collège de la Marche à Paris où il perfectionne son latin. Puis il intègre le collège de Montaigu en tant qu'élève en philosophie, ayant pour condisciple Ignace de Loyola.

    En 1525 ou 1526, il intègre l'université d'Orléans où il étudie le droit. Puis il entre à l'université de Bourges en 1529 et yapprend le grec.

     

    À l'automne 1533, Calvin adopte les nouvelles idées de la Réforme protestante.

    En 1532, Calvin obtient sa licence en droit.

    Calvin rencontre à Genève Guillaume Farel qui lui demande avec insistance de l'aider dans son travail de réforme.

    En 1537, il devient « pasteur ».

    Soutenant les propositions de Calvin, le Conseil de Genève vote les Ordonnances ecclésiastiques le 20 novembre 1541.

    Ces ordonnances définissent quatre types de fonctions ministérielles :

    -        les pasteurs pour prêcher et administrer les sacrements,

    -        les docteurs pour instruire les croyants dans la foi,

    -        les Anciens pour assurer la discipline

    -        et les diacres pour prendre soin des pauvres et des nécessiteux.

    Ces ordonnances appellent également à la création d'un Consistoire, tribunal ecclésiastique composé d'«Anciens» laïcs et de pasteurs. Le Consistoire ne peut juger que des affaires religieuses sans implications devant la justice civile.

    Le gouvernement civil conteste cependant ce pouvoir et le 19 mars 1543, le Conseil décide que toutes les condamnations seront infligées par les autorités civiles.

     

    En 1542, Calvin, adaptant un livre liturgique utilisé à Strasbourg, publie La Forme des Prières et Chants Ecclésiastiques, persuadé que la musique soutient la lecture de la Bible. Le psautier originel de Strasbourg renferme douze psaumes de Clément Marot ; Calvin ajoute dans la version genevoise plusieurs hymnes de sa propre composition.

     À la fin de l'année 1542, Marot se réfugie lui-aussi à Genève et compose dix-neuf autres psaumes. 

    Après maintes sanglantes péripéties, l'autorité de Calvin devient incontestée durant les dernières années de sa vie. Il jouit d'une réputation internationale en tant que réformateur distinct de Martin Luther.

    Calvin est intéressé par l'introduction de la Réforme en France, son pays natal. Il y soutient la formation d'églises en fournissant des livres et en envoyant des pasteurs. Entre 1555 et 1562, plus de 100 ministres sont ainsi envoyés en France. Cet engagement est entièrement financé par l'église genevoise.

    À Genève, Calvin se soucie de la création d'un collège. Le site de l'école est choisi le 25 mars 1558 et l'établissement ouvre ses portes le 5 juin 1559. L'école est divisée en deux parties : un Collège, ou schola privata, et un lycée, appelé Académie ou schola publica. Calvin parvient à convaincre Théodore de Bèze de se charger de la fonction de recteur.

    Calvin meurt le 27 mai 1564 à l'âge de 54 ans.

    Après la mort de Calvin et de Théodore de Bèze, son successeur, le Conseil municipal de Genève reprend progressivement le contrôle de fonctions relevant précédemment du domaine ecclésiastique. La sécularisation est accompagnée d'un déclin de l'église. Même l'Académie de Genève est éclipsée par les universités de Leyde et d'Heidelberg qui deviennent les nouveaux bastions des idées de Calvin, qualifiées de calvinisme pour la première fois par Joachim Westphal en 1552.

     

     

    PIERRE DE LA PLACE

     

    Né vers 1520 à Angoulême et assassiné le 25 août 1572 à Paris, Pierre de La PLACE est magistrat, jurisconsulte, philosophe, historien et écrivain protestant français, victime du massacre de la Saint-Barthélemy.

     Il fait des études à Poitiers, où il assiste aux conférences de Calvin, et se fait remarquer par l’écriture d’une Paraphrase de quelques titres des Institutes.

    Il est nommé à la Cour des aides de Paris. Il y remplace Jacques Lhuillier / Luillier / l’Huillier, descendants d’Étienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris du XIVème siècle et d’Eustache de Laistre, chancelier de France au XVème siècle.

    Il adhère à la Réforme, tout en restant modéré, comme son ami Michel de L'Hospital - président de la Chambre des comptes de 1555 à 1560 puis chancelier de France à partir de 1560.

    Il se retire en Picardie et écrit des traités : De la vocation et manière de vivre à laquelle chacun est appelé en 1561 et Du droit usage de la philosophie morale avec la doctrine chrétienne en 1562.

     

    En 1565, l’œuvre principale de La Place parut, anonymement : Commentaires de l’état de la religion et de la république sous les rois Henri & François seconds & Charles neuvième, en 7 livres.

     

    Il était déjà partisan d’une séparation de l’Église et de l’État.

     

     

    BERNARD DE PALISSY

     

    Bernard PALISSY est né dans le sud-est de la France vers 1510 et est décédé à la Bastille en 1589 ou 1590 « de faim, de froid et de mauvais traitements ».

     

    Il se convertit à la religion réformée et en subira toutes sortes de persécutions, comme nombre des coreligionnaires qu’il côtoie :

    -        Philibert Hamelin, prêtre de Chinon converti à la religion réformée, qui fuit à Genève où il devient imprimeur mais également l’élève de Calvin, puis qui revient prêcher à Saintes.

    -        Charles de Clermont en 1557, pasteur et successeur de Philibert Hamelin. Charles de Clermont assisté de Jean de la Place donne cohésion au mouvement de la réforme à La Rochelle.  Il sera également le premier pasteur de Marennes.

    -        Guy Patin, son disciple alors qu’il publie des écrits sur les abus des fragments précieux dans les compositions pharmaceutiques, dont l’usage est alors recommandé. Guy Patin devenu doyen les fait enlever des compositions. Il serait devenu par la suite le modèle du Bourgeois gentilhomme de Molière

     

    Sa devise est « Povreté empêche les bons espritz de parvenir ».

    Il ne cessera de mêler recherches artistiques, savantes et religion.

    Il est engagé comme arpenteur géomètre en Saintonge, dessine le parc du château de Troissereux, possède un cabinet de curiosités, devient hydraulicien et naturaliste.

    Il étudie successivement le dessin et la peinture sur verre avec son père, puis la cuisson des émaux, met petit à petit au point l’émail blanc, apprend la poterie, et passe vingt ans de sa vie à mettre au point un procédé de glaçure. Il introduit ainsi en France la faïence. 

    Il obtient le brevet d’inventeur des rustiques figurines du roi.

     

    Bien que ne parlant ni le grec ni le latin, Il fait imprimer :

    -        Architecture et ordonnance de la grotte rustique de Monseigneur le duc de Montmorency, 1562.

    -        la Recepte véritable à La Rochelle.

    -        Discours admirable de la nature des eaux et fontaines tant naturelles qu'artificielles, Paris, 1580. Portant sur le cycle de l’eau

    -        L’Art de terre

     

     

    THEODORE AGRIPPA d’AUBIGNE

     

    Théodore Agrippa d’AUBIGNE, est le fils du juge Jean d’Aubigné, d'origine roturière, et Catherine de L’Estang, de petite noblesse, qui meurt en lui donnant la vie. Né le 8 février 1552 au château de Saint- Maury près de Pons, en Saintonge, et mort le 9 mai 1630 à Genève, c’est un homme de guerre, un écrivain controversiste et poète baroque français, connu pour Les Tragiques, poème héroïque racontant les persécutions subies par les protestants.

    Il est baptisé dans la religion catholique mais est élevé dans la religion calviniste, qu’il soutient sans relâche.

    Agrippa apprend entre autres disciplines, le latin, le grec et l'hébreu.

    Envoyé à Genève en 1565, Agrippa y poursuit ses études sous la protection de Théodore de Bèze.

    Aubigné aurait fait partie de l'Académie de musique et de poésie qui siège au Palais du Louvre.

    Amateur des mascarades et des joutes, il invente des divertissements de cour et se fait connaître comme expert en magie.

     

    Chef de guerre, il s'illustre par ses exploits militaires et son caractère emporté et belliqueux. Ennemi acharné de l'Église romaine, ennemi de la cour de France et souvent indisposé à l'égard des princes, il s'illustre par sa violence, ses excès et ses provocations verbales.

     

    À sa grande horreur, son fils Constant d'Aubigné abjure le protestantisme en 1618 pour mener une vie de débauche dans le château paternel de Maillezais, avant de tuer sa première femme, qu'il surprend en flagrant délit d’adultère dans une auberge, puis de se remarier en prison à Jeanne de Cardilhac qui donnera naissance à Françoise d'Aubigné, la future marquise de Maintenon, maîtresse puis épouse du roi de France Louis XIV.

     

     

    FRANCOIS DE LA NOUE

     

    François de La Nouë, dit Bras de fer, seigneur de La Noue-Briord, de La Roche-Bernard et de Montreuil-Bonnin, né en 1531 au château de la Gascherie, à La Chapelle-sur-Erdre et mort le 4 août 1591 à Moncontour, est un capitaine huguenot sans doute dès 1558.

    Sa foi l'engage dans les guerres civiles, au cours desquelles il se forge une réputation de grand capitaine.
    Il s'illustre en prenant Orléans et Saumur à la tête de seulement cinquante cavaliers.

    Au cours de la troisième guerre, il est nommé par Louis Ier, prince de Condé gouverneur de La Rochelle et des provinces de Poitou, Aunis et Saintonge.

    À la mort de François de Coligny d'Andelot, il est nommé colonel-général de l'infanterie. En 1570, il est grièvement blessé au siège de Fontenay-le-Comte et doit être amputé du bras gauche. Un mécanicien de La Rochelle lui confectionne alors une prothèse métallique, ce qui lui vaut le surnom de Bras-de-fer. Grâce à cette opération, il peut remporter de nouveaux succès : il s'empare de Niort, de Marennes, de Soubise, de Brouage et de Saintes.

     

    Il place de fermes espoirs dans la politique de tolérance civile alors suivie, qui s'appuie sur une grande politique internationale de rapprochement avec les puissances protestantes, d'éloignement à l'égard de l'Espagne et d'aide plus ou moins couverte aux révoltés des Pays-Bas.

    Il échappe au massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572.

    Pendant la quatrième guerre civile, La Nouë devient gouverneur de La Rochelle avec l'accord de Charles IX. Il organise alors la défense de la ville, mais assiste à l'issue du siège de La Rochelle dans le camp royal, sans prendre part aux combats. Il signe finalement la paix le 24 juin 1573.

     

    Pendant la cinquième guerre, il organise en Poitou la prise d'armes du mardi gras. Il se trouve à la pointe du combat des publicains (c'est-à-dire les défenseurs du bien public), qui recrutent parmi les modérés des deux bords.

     

    Puis il quitte la France pour apporter son soutien aux protestants révoltés des Pays-Bas.

    Mais il se voit contraint de battre en retraite puis est fait prisonnier pour cinq ans, période pendant laquelle il écrit un commentaire sur l'histoire de Guichardin et compose les Discours politiques et militaires, publiés en 1587 à Bâle, en 1590 à La Rochelle, en 1592 et en 1612 à Francfort.

    Célèbre pour sa galanterie, son sens de l'honneur et sa pureté de caractère, François de La Nouë force l'admiration de tous, ce qui va concourir à rendre ses conditions de détention épouvantables, et les conditions de sa libération exagérées.

    Entre 1586 à 1588, François de La Nouë s'exile à Genève, où il rencontre Théodore de Bèze. Il fait publier ses Discours politiques et militaires, et laisse une abondante correspondance.

    Le 16 juillet 1591, François de La Nouë est mortellement blessé à la tête durant l'assaut de la ville de Lambale en Bretagne. Transporté à Moncontour pour y recevoir des soins, il y décède le 4 août 1591.

    Lorsqu'il apprend sa mort, Henri IV prononce un éloge funèbre en l'honneur du guerrier défunt : « c'était un grand homme de guerre, et encore plus un grand homme de bien : on ne peut assez regretter qu'un petit château ait fait périr un capitaine qui valait mieux que toute une province ».

     

     

    JEAN DE L’EPINE

     

    Jean de l’Epine / l’Espine est né en 1506 à Daon (Mayenne). Il se fait moine de l’ordre des carmes.

     Appelé aussi " de Spina ", théologien réputé, il est le prieur des Augustins d'Angers, un ordre qui procure de nombreux cadres à la Réforme.
    Après le supplice de Jean Rabec, il se détache ouvertement du catholicisme en 1561 lors du colloque de Poissy, où il croise sans doute Théodore de Bèze. Il est en relation épistolaire avec Jean Calvin dès 1550. On le trouve pasteur de 1561 à 1597 dans différentes villes. Devenu ministre de la nouvelle religion, il devient pasteur de l'église protestante qui vient d'être crée à Saumur. Prédicateur réputé, il est nommé ensuite à Fontenay-le-Comte, qu'il quitte bientôt après pour aller desservir La Rochelle, où il passe, selon Louis-Étienne Arcère, plusieurs années. En 1564, il est appelé à Provins pour y établir le culte protestant. Lors de la nuit de la Saint- Barthélémy, il réussit à échapper à la mort en se sauvant déguisé en domestique.

    Puis il se rend à Genève ; mais, au mois de juillet 1576, il est appelé comme pasteur à Saumur. Deux ans plus tard, le Synode national de Sainte-Foy le donne à l'église d'Angers, qu'il paraît avoir desservie jusqu'au traité de Nemours. Forcé de fuir en 1586, il se retire à Saint-Jean-d'Angély.

    L'Espine est placé comme ministre à Saumur où il mourut en 1597.

     

    Ses ouvrages comprennent des sermons, des lettres, des livres de théologie et de polémique religieuse où, dit Pierre Bayle, la piété et la bonne morale paroissent avec éclat. Il y aussi des ouvrages de morale théorique, des écrits moraux de circonstance, et enfin 7 livres d'excellents discours.

     

     

    PIERRE DU MOULIN

     

    Pierre Du Moulin (1568-1658) est un théologien protestant français.

    Sa famille maternelle fait partie des victimes de la Saint-Barthélemy.

    Ses parents passent de place en place à la recherche d’un lieu sûr pour pouvoir y pratiquer leur religion.

    Il vit ainsi un temps en Angleterre, au contact de la religion réformée wallonne, mais aussi à Leyde, qui possède alors une grande université protestante, et où il fréquente notamment Joseph Juste Scaliger.

     

    En 1595, il publie sa première œuvre, de nombreuses fois rééditée  : La Logique françoise.

    Vers 1638, il écrit « Esclaircissement des controverses salmuriennes » qui circule neuf ans à l'état de manuscrit avant d'être imprimé ; il en permet la publication en 1647.

     

     

    THEODORE DE BEZE

     

    Théodore de Bèze naît le 24 juin 1519 d’une famille de la petite noblesse. Son père, Pierre de Bèze (1485-1562), juriste et héritier d’une fortune liée au travail industriel des forges et à de nombreux bénéfices ecclésiastiques, est le bailli royal de sa ville natale.

     

    Son frère Nicolas, membre du parlement de Paris l’emmène à Paris avec lui pour qu’il y soit instruit.

    Son oncle le plaça en 1528, à neuf ans, à Orléans, dans la famille de l’helléniste allemand Melchior Volmar Rufus de Rottweil, le maître de Calvin à Paris.

    Théodore de Bèze suit son maître à Bourges. En 1534, il revient à Orléans pour étudier le droit. Il y passe quatre ans (1535-1539).

    Après une licence en droit le 11 août 1539, il commence la pratique à Paris.

    Il s’intéresse au protestantisme, publie un recueil de poésies latines mais il tombe gravement malade et se rend à Genève. Il y est accueilli par Jean Calvin.

    Il est nommé le 6 novembre 1549 professeur de grec à l’ Académie de Lausanne.

    Il continue d’écrire, notamment pour défendre les vaudois, tout en voyageant.

    Bèze s’établit à Genève en 1558. Il y occupe d’abord la chaire de grec à l’Académie nouvellement établie puis, après la mort de Jean Calvin, on lui offre également la chaire de théologie.

    En 1560, Théodore de Bèze est à Nérac, à l'invitation d'Antoine de Navarre, où il prêche la Parole de Dieu à Jeanne d'Albret et commence à organiser la résistance ecclésiale et politique des huguenots à la persécution.

    En 1562 il devient l’aumônier, le trésorier et le conseiller spirituel et politique du principal chef protestant français Louis, prince de Condé. C'est le début de la Première guerre civile (1562-1563), le prince de Condé lance un appel aux armes le 12 avril 1562 après le massacre de Wassy, du 1er mars.

    Le 7 mars 1563, accusé d'avoir inspiré l'assassinat de François de Guise par Poltrot de Méré, Bèze est de nouveau de retour à Genève après une vingtaine de mois passés en France.

    Il continue de voyager pour obtenir des troupes, à la demande de Condé.

    Il succède à Calvin après la mort de celui-ci.

    En mars 1571, Bèze préside le Synode national des Église réformées de France à La Rochelle, où sera rédigée la Confession du même nom. Il

    Après le massacre de la Saint-Barthélemy dès le 24 août 1572, il use de son influence pour que les réfugiés reçoivent bon accueil à Genève.

    Théodore de Bèze meurt dans sa maison de Genève, huit ans plus tard, le 13 octobre 1605 et on l’enterre à la Direction des Magistrats, au Temple Saint-Pierre.

    Il aura soutenu toute sa vie son opinion à travers les polémiques religieuses à l’intérieur même de la religion réformée.

     

     

    AVOIR UNE LOI POUR TOUS  

     

    Réformer la religion ou / et L’Etat ? 

     

    Si les réformateurs de cette époque étaient souvent des réformés (protestants), ils n’en restent pas moins que les humanistes ne s’enfermaient pas dans un camp, mais essayaient de composer entre leur foi et leur conception de la société.

     

    De fait, beaucoup de ces réformateurs, comme certains catholiques, souhaitaient réformer une société qui s’ouvrait aux nouvelles découvertes géographiques, scientifiques, mais aussi aux différents modes de gouvernement rencontrés dans leurs voyages.

    Mais cela remettait en cause les monopoles de l’époque : religieux sur les consciences, royaux pour la politique et la loi.

     

    Aussi, pour réduire les réformés au silence et les contraindre à rentrer dans le rang, le roi a promulgué à certaines périodes l’interdiction pour les réformés de tenir des registres d’état civil.

    De fait, ils n’avaient plus même une existence légale.

    Pendant la période appelée « du désert », s’y sont ajoutées les interdictions d’exercer certains métiers (presque tous), de les héberger, de se réunir …

     

     

    Les coustumes

     

    Dès le premier Moyen-âge, le besoin de réguler les cités et les campagnes poussent les gens à adopter des coutumes, c’est-à-dire un ensemble de règles orales nées des habitudes et acceptées dans un espace local. Elles sont souples car fluctuantes dans le temps, et ne nécessitent pas de changement de l’écrit, puisqu’elles ne le sont pas.

    Ces « coustumes » se constituent en corpus de règles acceptées et appliquées par conviction qu’elles se doivent d’exister et d’être respectées. L’obligation juridique de respect n’existe pas encore.

     

    En avril 1454, Charles VII ordonne par l’ordonnance de Montils-lès-Tours en avril 1454 leur rédaction, obligeant à leur re- discussion par les représentants des trois ordres ... Son application trainant, Charles VIII précise la procédure de sa mise en place : interprétation des coutumes en place visant à leur amélioration.

    La plupart des coutumes écrites datent de la première moitié du XVIème siècle.

    Dans la seconde moitié du même siècle, les réformations de ces coutumes viseront à les unifier et de faire prévaloir une « coutume générale » sur les coutumes locales.

     

    Mais la seule loi unificatrice connue jusqu’alors est celle de l’Eglise catholique, et beaucoup de discussions autour des coutumes mettent en cause ses doctrines.

    De plus, elle est la seule pendant des siècles à noter les actes d’état civil, à travers les registres paroissiaux, obligatoire depuis François 1er :

    -        - 1539 et l’ordonnance de Villers-Cotterêts pour les baptêmes

    -        - auxquels s'ajoutent  les mariages et les décès dans  l’ordonnance de Blois de 1579.

     

    Beaucoup de réformés adoptent dans les périodes de guerres religieuses la profession d’avocat, d’autant qu’à certaines époques, certaines charges leur sont interdites, ainsi que le droit de résider dans les villes, ou pire encore, comme pendant la période des dragonnades.

    Harcelés juridiquement de 1661 à 1685, leur goût pour le droit s’accentue encore, jusqu’à l’édit royal de 1685 (Louis XIV) leur interdisant d’être avocats, après avoir été interdits des métiers du livre et de ceux de la santé.

    Ces dispositions poussent nombre d’entre eux à abjurer, d’autant qu’il est autorisé de les séparer de leurs enfants.

    Un soutien éducatif et même financier est proposé aux nouveaux convertis, confié de 1676 à 1693 à Paul Pélisson.

    Beaucoup d’entre eux vont choisir l’exil et émigrent, bien que cela soit interdit. D’autre vont au désert : ils vivent clandestinement en France, dans des zones délaissées et dans la pauvreté, comme à Meschers, en Gironde, ou encore en Ardèche. Les dragons qui les surprennent dans des assemblées clandestines les exécutent alors en masse.

    Les autres vont travailler à d’autres modes d’action pour vivre en accord avec leur conscience.

     

    Les sanglantes batailles de religion pour des raison de doctrines cachent en fait une bataille pour l’organisation de la société, entre :

    -        la nécessité d’avoir un état civil et de lois pouvant garantir la « permanence » de l’identité des personnes et des biens (contrats notariés) et donc la reconnaissance par tous d’un même règlement avant même la reconnaissance d’une doctrine

    -        le besoin du maintien de l’unité du pays sur le plan politique et militaire

     

    L’organisation étatique doit comme à toutes les époques composer entre :

    -        le désir de certains de maintenir l’ordre tel qu’il est, pour des raisons d’opinion ou de pouvoir

    -        celui de prendre en compte les connaissances qui évoluent pour des raisons politiques, scientifiques, géographiques ou personnelles.

     

    Avec souvent des oppositions conflictuelles frontales  et quelquefois quelques  soutiens appuyés ou plus discrets …


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  •  En poursuivant notre survol du passé, nous ne pouvions pas écarter les récits de faits illustrant la mise en application (déjà) ou la non reconnaissance d’une laïcité dont le nom même n’existait pas à l’époque.

     

    Ces dossiers n’étant pas des œuvres historiques, ils ne peuvent pas être tenu pour représentant toute la richesse de ces époques révolues.

    Ils invitent juste à une réflexion sur le pourquoi de la création de cette notion, sur ses contenus, sur sa mise en application aujourd’hui.

     

     

    Les « essais démocratiques »  et la difficile cohabitation politique

     

     

    Acquise à la Réforme, La Rochelle est une place de choix, car elle est un des ports qui ouvre la France aux voyages et aux commerce internationaux. Sa position dans l’ancien duché d’Aquitaine a longtemps fait craindre qu’elle ne se rallie à l’Angleterre.

     

    Elle est la première ville en 1199 à élire un maire (Guillaume seigneur de Montmirail, le premier maire de l'Histoire de France) et à être gouvernée par 24 échevins et 75 pairs.

    Charles Chabot les supprime en 1530 pour réintégrer la ville au royaume de France en s’attribuant le mandat de maire perpétuel.

    En 1614, la ville se date encore d’une charte de gouvernement, composée de 29 articles.

     

     En 1628, elle capitule devant la couronne de France lors du siège mené par Richelieu, ministre d’Henri III.

    En 1632, elle accueille triomphalement la reine de France Anne d’Autriche épouse d’Henri III.

     

    « Archives historiques de la Saintonge de de l’Aunis tome 38 - P 391 et 395 

     

    Ordre de ce qui s’est fait et passé à l’entrée de la reine en cette ville de La Rochelle qui feut le 20ème de novembre 1632.

    Ledit jour de son entrée, cinq compagnées d’habitans de cette ville, faisant environ deux mille ommes avec leurs manteaux et espées seulement, conduicts par des vieux maires et des syndicts et par M. de l’Escalle, lieutenant criminel, qui marchoit à la teste en habit court comme colonnel, sortirent au-devant de la royne, au dehors de la porte de Sainct-Nicolas, jusques à une barrière qui estoit au bout de la chaussée et proche des moulins de Tasdon.

    La royne s’approchant de cette barrière dedans son carrosse, assise au-devant et au fond, à costé et aux deux portières, Mmes de Chevreuse, de la Trémouille, de Montbazon, de Senesay, de Lyancour et de la Flotte, ledit sieur de l’Escalle fit ouvrir ladite barrière et se mettant à genoux et ceux qui l’accompagnoyent, luy fit une très belle harangue, laquelle feut escoutée avec grande attention et admirée d’un chascun (2).

    Cela fait, la royne se rend à la porte de Sainct-Nicoals avec d’autres carrosses, où il y avoit un arc de triomphe sur le rateau de ladite porte, lequel bastiment estoit de hauteur de quarente pieds, et qui fermoit en sa largeur tout le travers du chemin, et au miilieu y avoit un portal de dix pieds, MM. De Villars, président, et tous les autres officiers fléchis rez terre, ledit sieur président commança sa harangue, laquelle finie et s’estant tous levez, M. le commandeur s’advance vers la royne et luy présente les clefs des trois tours, dela chaisne, de Garaut et de Sainct-Nicolas, et ne mesme temps luy montre un marteau ; ce faict les hautbois qui estoyent au-dessus de la porte sonnèrent et entonnèrent gravement et magnifiquement.

    L’autre arc trimphal plus haut et plus grand et plus superbe en édifice que n’avoit esté le premier, il estoit estably à la rencontre de deux rues, il avoit deux grandes portes, le corps de l’édifice estoit de marbre rouge, quatre pillastres de marbre verd, ayans leurs bases et chapiteaux de marbre blanc, et de là montant vers le canton de la Caille, depuis le pont de Sainct-Sauveur jusques au logis de la reyne qui estoit chez mademoiselle Le Goux (C’est l’emplacement de l’ancien évêché, hôtel actuel de la bobliothèque et des musées), en la rhue de Gargouilleau (où sont plus de cent pas), les rhues estoyent des deux costez tandues de tapisseries et parcemées de fleurs.

    Le poile marchoit devant la reine, porté par MM. (Zenas) de Remigioux, lieutenant (particulier) et Colin, lieutenant particulier criminel, de la Morinière, garde des sceaux, Gaspard Pandin des Marthes, de la maison Neufve et du Chiron, et pus avant, six trompettes, vestues de tabis incarnade et bleus qui faisoyent grande chamade.

    Dudit pont de Sainct-Sauveur, elle monte vers le canton de la Caille, elle y rancontra une grotte fort bien faite, couverte et lambrissée de grenons ou grizons, avec du sart et des cocillages, dans laquelle il y avoit un jeune garçon habillé en fille marine, nageant, eschevallé dans une manche d’eau qui dégorgeoit d’une caverne, ses tresses longues et naturellement frizées luy flottoyent jusques au faux du  corps, elle avoit un visage frais, les yeux verds, le sourcil castagne, la formance un peu espagnolle et comme tout nue qu’elle estoit, en couleur de chair, depuis les hanches vers le bas, elle finissoit en porsille, ayant escaille, nagouères et ballay de poissons.

    Cette fille aussitost qu’elle eust apperçeu la royne, elle estendit son brad tout nud, yant une grande coquille ou lymace de mer en sa main, dans laquelle coquille il y avoit une masse d’ambre gris et s’advançant sur la portière du carosse, elle advança sa main verese la royne, luy fit son présent, qu’elle accompagna de ses vers :

    Parmi ces grenons et le sart,

    Où la nature aussi povre que l’art,

    M’ont fait une maison mascanique et sauvage,

    J’ai rencontré ce Lymon précieux

    Que j’offre avecques mon hommage

    A la fille, à la sœur, à l’espouse des Dieux.

     

    Cela fait, la royne s’en alla au canton des petits bancs, où il y avoit seize violons qui jouoyeny merveilleusement bien, et tirant vers le palais rencontra un autre arc triomphal, sur lequel (Ce membre de phrase a été effacé) et comme sur un dais estoit debout en relief la déesse de la paix, ayant la riche taille, la gracieuse majesté et les adorables beautez e la royne, tant à la face qu’à main, estoit vestue d’une symarre de crespon d’Espagne blanc, coiffée en poil, la couronne d’ollive passant par les anneaux de ses cheveux, un rameau de mesme à l’une des mains, la corne d’abondance en l’autre.

    Au palais, on avoit fait un escalier rampant qui prenoit d’une des fenestres en haut jusques sur le pavé de la rue, par lequel vingt-deux damoiselles, en la fleur de leur aage, couvertes chascunes d’elles d’une robe de satin blanc avec des manchons de fine gaze, nue teste avec force noeudes, avec un demy voile de gaze d’argent sur la teste, et ainsi que la reyne s’approcha et estant au devant du palais et vis-à-vis de ce bastiment, les damoiselles de Villars et de l’Escalle et les dix rangsqui les suivoyent font très profonde révérence, présentant à sa majesté, dans un panier à la moresque travaillé fort mignardement, des guirlandes  de rozez et autres singukières fleurs avec des ampoules d’eau d’ange et ce fait, ladite de Villars luy dist, en luy faisant le présent :

     

    Puisque vous avey veu Neptune dans vos fers,

    Et que la mer vous a à ce jourd’huy fait hommage,

    Madame, ce vous est un rasseuré présage

    Que vous serez, un jour, royne de l’univers.

     

    Ce fait, la royne s’en alla au grand temple faire ses dévotions, et puis aprèz, en son logis et demeura en cette ville jusques au mardy en suivant et tesmoigna en s’en allant et partout où elle passoit qu’elle estoit fort contante et satisfaite.

    Le dez estoit octogone, sçavoir de quatre angles aygus et de quatre autres en lenne, ayant grand saillie et faisant comme une manière de roze, sa longueur estoit douze pieds et sa largeur de noeuf, porté par sis bastons croisez, couvertz de satin blanc, dont les quatre prenoyent au quatre cantons principaux et les deux autres aux lèvres de droite et de gauche.

    Au pan de derrière et à celuy qui le suivoit estoit le grand escu de France, avec les deux ordres et nombre de trophées en broderie à demi bosses, à la pente de devant et à celle de main senestre estoyent les armes dela royne, comme aussi au fonds, avec les blasons observez et deux rameaux de palme, concurrens à leur embrassade.

     

    Dispute. – Le jeudi 28ème d’Apvril 1633 ; M. Demanty, capitaine de marine entretenu par sa majesté estant au canton de Monconseil de cette ville, M. de Remigioux, leiutenant particulier de cette ville y passant et venant du palais rendre justice et se retirant en sa maison, les sergens marchans devant luy, et ayant sa robe longue, ledit sieur Demanty l’auroit esté attaquer et luy auroit demandé, estant tout en colère et à dessein de l’offenser, s’il le cognoissoit bien, lequel dit sieur lieutenant luy fit responce que non, lors iceluy Demanty luy luy dist qu’il le croyoit bien et que s’il ne l’eust cognu et sçeu sa quallité, qu’il ne luy eust pas fait de l’injustice, comme il luy avoit fait le jour précédant, ce que voyant, ledit sieur lieutenant et estant tout estonné, luy dist qu’il parloit mal, et qu’il estoit un impudent d’ainsi parler et dist aux sergans et autres personnes qui estoyent là : « Qu’on empoigne cet impudent », lors iceluy Demanty se retirant en arrière tira son épée de son fourreau pour offencer ledit sieur lieutenant, ce qu’il eust fait, n’eust esté le capitaine de Ferrière qui estoit avecques luy qui l’en auroit empesché, lequel il auroit saisy  au corps et fait entrer dedans la maison de Me François Bardonnyn, advocat, et tout à l’instant, voyant qyue le peuple s’esmouvoit et craignant d’être en peine, s’en seroit allé aux Trois Marchans, où estoyent ses chevaux et auroit monté à cheval et s’en seroit allé à La Leu, et de La Leu passé en l’Isle de Ré. Au mesme temps, ledit sieur lieutenant auroit esté trouver M. de Villemontée, intendant, auquel il auroit fait entendre ce que ledit sieur Demanty luy auroit dit et fait, ce qui indigna grandement ledit sieur intendant et s’en allèrent au palais iù ilz firent assembler tous MM. Les présidiaux, qui résolurent qu’on iroit prendre à son logis et pour ce faire, ilz donnèrent charge à M. le lieutenant criminel, M. de l’Escalle et M. Robin, conseiller, et de s’accompagner de gens arméz, ce qu’ilz firent et furent aux Trois Marchants pensant le trouver, mais il s’en estoit déjà allé, et, coyans qu’il feust à LA Leu, feurent jusques ausit LA Leu et ne le trouvèrent pas non plus, car il estoit passé en Ré et du depuis MM. Firent un procez-verbal et informèrent contre luy, mais du depuis, l’affaire s’est accomodée. »

     

     

    On voit que si Richelieu reprend La Rochelle et en supprime les privilèges, certains habitants de la ville majoritairement protestante ne pensent pas forcément à la religion en cas d’agression, peut-être parce que l’excuse religieuse servait à cacher des motivations nettement plus politiques.

    Pourtant, les membres du corps de ville de La Rochelle étaient plutôt calmes face aux agressions dont ils étaient en permanence l’objet :

     

     

    «  Archives historiques de la Saintonge de de l’Aunis tome 38 P 391 et 395

     

    Dispute. – Le jeudi 28ème d’Apvril 1633 ; M. Demanty, capitaine de marine entretenu par sa majesté estant au canton de Monconseil de cette ville, M. de Remigioux, leiutenant particulier de cette ville y passant et venant du palais rendre justice et se retirant en sa maison, les sergens marchans devant luy, et ayant sa robe longue, ledit sieur Demanty l’auroit esté attaquer et luy auroit demandé, estant tout en colère et à dessein de l’offenser, s’il le cognoissoit bien, lequel dit sieur lieutenant luy fit responce que non, lors iceluy Demanty luy luy dist qu’il le croyoit bien et que s’il ne l’eust cognu et sçeu sa quallité, qu’il ne luy eust pas fait de l’injustice, comme il luy avoit fait le jour précédant, ce que voyant, ledit sieur lieutenant et estant tout estonné, luy dist qu’il parloit mal, et qu’il estoit un impudent d’ainsi parler et dist aux sergans et autres personnes qui estoyent là : « Qu’on empoigne cet impudent », lors iceluy Demanty se retirant en arrière tira son épée de son fourreau pour offencer ledit sieur lieutenant, ce qu’il eust fait, n’eust esté le capitaine de Ferrière qui estoit avecques luy qui l’en auroit empesché, lequel il auroit saisy  au corps et fait entrer dedans la maison de Me François Bardonnyn, advocat, et tout à l’instant, voyant qyue le peuple s’esmouvoit et craignant d’être en peine, s’en seroit allé aux Trois Marchans, où estoyent ses chevaux et auroit monté à cheval et s’en seroit allé à La Leu, et de La Leu passé en l’Isle de Ré. Au mesme temps, ledit sieur lieutenant auroit esté trouver M. de Villemontée, intendant, auquel il auroit fait entendre ce que ledit sieur Demanty luy auroit dit et fait, ce qui indigna grandement ledit sieur intendant et s’en allèrent au palais où ilz firent assembler tous MM. Les présidiaux, qui résolurent qu’on iroit prendre à son logis et pour ce faire, ilz donnèrent charge à M. le lieutenant criminel, M. de l’Escalle et M. Robin, conseiller, et de s’accompagner de gens arméz, ce qu’ilz firent et furent aux Trois Marchants pensant le trouver, mais il s’en estoit déjà allé, et, coyans qu’il feust à LA Leu, feurent jusques ausit LA Leu et ne le trouvèrent pas non plus, car il estoit passé en Ré et du depuis MM. Firent un procez-verbal et informèrent contre luy, mais du depuis, l’affaire s’est accomodée. »

     

     

    Richelieu à l’époque remplaçait les nobles accoutumés au pouvoir par des officiers fidèles au roi, voire des personnes de son propre entourage quelle que soit leur religion, sensibles aux modifications qu’il désirait et aptes à les mettre ne place.

    Même si les charges à l’époque s’achetaient, il n’en reste pas moins que la politique, comme à toutes les époques, faisait ou défaisait les nominations.

    Cependant, à certaines périodes, tous les protestants seront interdits d’achat de certaines charges, ou de nomination à certains postes, sous la pression des catholiques qui se sentaient lésés dans leur prédominance. 

     

    La Rochelle de par son statut était un laboratoire du protestantisme et surtout de la démocratie ; avec toutes les difficultés qu’elle représente à toutes les époques :

     

    SOCIÉTÉ DES  ARCHIVES HISTORIQUES  DE LA SAINTONGE ET DE L'AUNIS – 1908 – Tome XXXVIII

    Page 54

     

    N3. Arrivée du sieur de La Chesnay. – Le jeudy 20è de febvrier ondit an 1614, sur les 2 à 3 heures aprez midy, arriva en ceste ville un gentilhomme de la chambre du Roy nommé La Chaisnaye, qui avoi testé envoyé de la part du roy et de la reyne, sa mère, avec des lettres de créance adressantes à MM. Les maire, échevins, conseillers et pairs de cette dite ville, lesquelles ayant esté présentées à M. le maire, il en réserva la lecture au lendemain en suivant, en la maison commune de l’echevinage, au son de la cloche, auquel jour les prétendus bourgeois et non originaires ayant esté de ce advertis se trouvèrent devant la porte de la maison commune de ceste ville en grand nombre, et voaynt que M. le maire et ledit sieur La Chesnay et plusieurs autres de la maison de ville vouloyent entrer dans la maison de ville pour faire faire lecture de ladite lettre, quelques-uns desdits prétendus bourgeois non originaires, comme François Bardonnyn et quelques autres, lesquels feurent au-devant, déclarèrent audit sieur de La Chasnay, en présence de M. Le maire, qu’ilz désiroient avoir lecture et communication desdites lettres, attendu qu’elles concernent le public, joinct d’ailleurs, dosoyent-ilz, qu’elle est adressante aussi bien aux bourgeois, manans et habitans de cette ville qu’à M. le maire, et lors ledit sieur maire tirant la lettre leur montra qu’elle s’adressoit seulement au maire, eschevins, conseillers et pairs et ainsy s’en entrèrent dans ladite maison de ville, où estans ledit sieur de La Chesnaye fit sa délégation et fit lecture de la lettre qu’escrivoit le roy et la royne et la lecture faite, MM. Du corps de ville arrestèrent, attendu que la lettre concernoit tout le public que ledit sieur de La Chesnaye feroit derechef sa délégation et que ladite lettre seroit leue dans la salle de Sainct-yon à 2 heures après midy dudit jour et ce ne présence de tous els bourgeois, manans et habitans de cette ville qui s’y voudroyent trouver, et de fait tous les sergens de toutes les compaignies advertirent un chacun de s’y trouver, si bon leur sembloient, et s’y trouva un tel nombre de peuple qu’on s’y portoit les uns vers les autres, et l’assemblée faite, ledit siru de La Chesnay fit sa délégation, on fit lecture de la lettre, ensemble de la responce à icelle que faisoient MM. Du corps de ville au roy et à la royne, en présence de toute l’assembléeet, cefait, Pierre Bernardeau, marchant et bourgeois de cette ville, soy disant procureur des prétendus bourgeois, requist avoir commincation tant de la lettre escrite par le roy et la royne à MM. De la ville que de le responce à icelle, ce qui leur fut octroyé à la charge qu’il le rendroit dans le jour, ce qu’il fit, et ce fait, chacun se retira.

    N4. – Le samedy 22 de febvrier 1614, quelques-uns de MM ; de la maison de ville et aussi de prétendus bourgeois non originaires, jusques au nombre de 13 d’une part et d’autre, s’assemblèrent à la salle haulte de Sainct-Yon où assistoyent aussi MM. Nos pasteurs, pour conférer ensemble et moyenner un bon accord, mais ce fut en vain et fust ladite conférence infructueuse pour ce qu’ilz ne sçurent jamais terminer aucun ^point de leur différent et ainsi cette assemblée se rompit.

     

    Page 103 :

    Emprisonnement David Le Roy. – Le Sabmedy 4è dudit mois d’apvril ondit an, M. David Le Roy estant au carrefour où estoit aussy Me Gilles Bardonnyn et plusieurs autres, ayant dit quelques paroles dont ledit Bardonnyn jugeoit offencer, en quelques façon, les procureurs et bourgeois, s’en estant iceluy Bardonnyn allé en sa maison le manda tout aussitost à Thary, Chatton et autres procureurs desdits bourgeois, lesquelz tout à l’instant se transportèrent en la maison dudit Le Roy et montèrent sçavoir Tharay et Sanceau jusques dans sa chambre où ilz se trouvèrent avec compagnie qui estoit avecques luy et parlant à luy, iceluy Tharay qui portoit la parole, comme le plus imprudent et effronté, luy dist en ces mots : « Nous sommes venus ici pour vous dire que vous ayaez à venir au logis de M. le maire pour rendre raison des paroles calomnieuses et injurieuses que vous avez dites et préférées cejourd’huy matin au carrefour », et de là le menèrent chez ledit sieur maire où estans et après avoir ouy iceluy La Roy, iceluy Tharay et autres, de leur autorité privée et continuant leurs violences et voyes de faict, le menèrent et conduisirent eux-mêmes en l’eschevinage et le constituèrent prisonnier où il y demeura jusques au lundy en suivant, sur les cinq heures du soir, qu’il feust mis dehors, sans qu’ilz voulussent permettre qu’aucun parlast à luy, non pas mesme sa femme, cat ilz l’avoyent déffendu expressement au concierge et dit que si il le permettoit, ilz le pendroyent aux créneaux et n’en eussent sceu faire s’il eust été criminel de lèse-majesté.

     

    On voit ainsi que les problèmes de confiance entre élus et peuple, de la prise de décision entre partis, et de la liberté d’expression non calomnieuse (il y avait déjà des fakes news, dont certains s’étaient fait une spécialité, étaient déjà présents à cette époque, et ce sous la monarchie de Louis XII mais aussi dans la ville de La Rochelle. Louis XII en choisissait le maire parmi trois des noms proposés par 24 échevins et de 75 pairs de la ville (le corps de ville).

     

     

    Le désir de démocratie s’exprimait aussi dans des faits plus quotidiens, à travers des conseils comme ceux de fabrique, composés d’un groupe de clercs ou de laïcs élus régulièrement (sans pouvoir se représenter lors d’une sortie de mandat), les marguilliers  qui veillent à l’administration les biens, des revenus d’une église, des terres (locations, écoles, rentes et impôts), de l'entretien des locaux, de tenir le matricule (registre public où l'on enregistrait les pauvres qui demandaient / recevaient l'aumône à la porte des églises (Vu sur un acte de 1734 à Berbiguières en Dordogne),  et de préparer les affaires qui doivent être portées au conseil. Ce conseil servait d'aide au sacristain, nommait et révoquait les chantres, les bedeaux...

     

     

    La position de Richelieu

     

     

    Richelieu est considéré comme un des fondateurs de l’Etat moderne en France, tant il s’est appliqué à moderniser les lois en supprimant les privilèges accordés à certains métiers ou certaines villes :

    -        Il réprime sans état d’âme les révoltes paysannes contre l’impôt à cause du besoin de financement de l’état

    -        Il condamne l’immixtion des passions privées dans le fonctionnement de l’état, tout comme l’expression d’une pensée protestante qui irait contre l’Etat établi ou qui maintiendrait des privilèges pour certaines villes (dont La Rochelle, place forte et riche, qu’il souhaite remettre dans le giron du roi tout autant pour des raisons économiques que politiques)

    -         Il remplace la présence des nobles « turbulents » ou « criminels » dans les conseils par celle d’officiers et de magistrats de petite naissance (noblesse de robe ou roturiers), pour réduire le pouvoir des Grands, et limite les charges héréditaires, les professions se transmettant ainsi à cette époque,  

    -        Il fait interdire les duels (dont son frère est mort).

     

    Certains commentateurs l’associent à une contre-réforme rigoriste, d’autres au contraire le trouve trop tolérant avec les protestants.

    Mais il est né dans un milieu où catholiques et protestants se côtoient, éloigné des grands enjeux commerciaux ou politiques des villes riches, Paris, Bordeaux ou La Rochelle.

     

    Il y a eu ainsi plusieurs seigneurs qui ont tenté dans leurs villes de maintenir la paix entre religions adverses, car tous se connaissaient ou se côtoyaient depuis l’enfance, et souvent avaient même tissé des liens familiaux :

     

    Archives de Richelieu T. 35

     

    « L’intendance de la maison (de Richelieu) est remise au capitaine-gouverneur, qui appartient d’ordinaire à la noblesse de second rang et sort de la contrée. Au début du siècle, cette charge fut occupée par Armand-Charles de Blet (1699-1725). Il se rattachait à une famille honorable et aisée, qui possédait les seigneuries des Brosses, de la Morinerie, de Chargé et de Haute-Claire ; son père se nommait Louis, et sa mère Catherine de Voyer. Il fut présenté aux fonts, le 26 avril 1665, par le duc et la duchesse de Mazarin (Mr et Mme de la Meilleraye ?) . Le 22 février 1691, Armand de Blet, chevalier, seigneur de Chargé et de Vaucouleurs, épousa Gabrielle-Alberte de Saudelet, fille de François de Saudelet, chevalier, seigneur de la Belle-Croix, et de dame Antoinette Petit-Jean. La bénédiction nuptiale fut donnée par l’abbé Jean de Sazilly, « en présence de très haut et très puissant seigneur, Monseigneur le duc de Richelieu et de très haute et très puissante dame Anne-Marguerite Daceigné, son épouse, de mesdemoiselles de Richelieu et de Fronsac, leurs filles. » Un peu plus tard, les demoiselles de Richelieu eurent pour gouvernante Antoinette Petit-Jean de Saudelet.

    Le foyer du gouverneur s’anima du joyeux babil de plusieurs enfants. Le 4 août 1695, il y avait fête pour le baptême de Jeanne-Perrine, dont le parrain fut Paul de Gréaulme, seigneur de Pont. Un fils, Louis-Joseph, fut tenu sur les fonts par Jean-Joseph du Rosel et Maguerite de la Cliette. Quatre ans plus tard naissait une seconde fille, Armande Louis Gabrielle ; le 26 juillet 1699, elle eut pour parrain et marraine « Louis François Armand du Plessis de Richelieu, duc de Fronsac, et dame Louise-Elizabeth du Rosel. Armand de Blet avait deux autres filles : Catherine Françoise Alberte, née en 1700, et Renée Antoinette, en 1701. Au cours de l’été 1718, le château retrouva quelque chose de son gai sourire d’antan, à l’occasion du mariage de la fille aînée du gouverneur. Le 14 juin, Jeanne Perrine, parée de la grâce de ses vingt-deux printemps, épousa Jean Armand, fils de Jean de Chauviry, chevalier, seigneur de Milly, Charsay et autres lieux, et de Marguerite Poirier-Ragonneau ; le fiancé avait vingt-cinq ans. Dans les rangs de la brillante assistance, on remarquait le sénéchal, le doyen de la Sainte-Chapelle de Champigny, Jacques de Remigioux, chevalier, seigneur de la Fuye de Chanteloup, le chevalier de Relay et plusieurs autres gentilshommes. Cette union donna le jour à Gabrielle Armande Marguerite, qui fut baptisée le 9 avril 1719 et mourut à l’âge de onze mois ; plus tard, naquit une autre fille, Jeanne Alberte. A cette époque, le gouverneur de Richelieu était qualifié « chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis et capitaine au régiment royal de cavalerie » ; il perdit sa belle-mère, qui fut enterrée dans le domaine de Chargé, situé sur la paroisse de Razines.

    Armand Charles de Blet mourut vers 1725 ; sa femme quitta ce monde quelques années plus tard, et sa sépulture eut lieu au commencement de l’année 1729, dans l’église de Richelieu. La dignité de gouverneur fut ensuite occupée par leur fils, Armand François de Blet, qui épousa Fulgence Thérèse d’Aux ; celle-ci mit au monde Armand-Jean, dont le parrain fut le duc de Richelieu. Ils eurent d’autres enfants qui sont : Louis, baptisé le 2 juin 1730, et dont la marraine fut Marie-Thérèse d’Aux, épouse de François Emmanuel d’Outreleau, seigneur de Beaulieu ; Madeleine Alberte, présentée aux  fonts le 30 décembre 1733, par René Prosper d’Aux, chanoine de la collégiale de Châtellerault, et par Alberte de Blet ; René Armand, né en 1735 et mort à l’âge de cinq ans ; enfin, en 1740, Gabrielle Armande, qui eut pour parrain Jean Gabriel de Blet, capitaine au régiment royal de cavalerie. Le Gouverneur entretenait les meilleurs rapports avec la noblesse des environs, en particulier avec Louis de Lomeron, seigneur de la Pataudière, dont la jolie résidence se voit encore à la porte de Richelieu. Plus d’une fois, il prit une part active aux cérémonies religieuses ; membre du conseil de fabrique, il se distinguait par sa régularité aux séances et par la sagesse de ses avis. En 1747, il perdit sa sœur, Antoinette-Renée, âgée de quarante-trois ans : elle fut inhumée, le 30 août, devant la chapelle Saint-Louis. Le même jour, on enterrait aussi dans l’église, la supérieure des Filles de la charité, Marguerite Bethnotte, âgée de cinquante ans. Les ducs de Richelieu étant rentrés en possession du domaine de Chinon, Armand François de Blet réunit la qualité de gouverneur du château de Chinon à celle de capitaine de Richelieu : il porte ce titre en 1761. Armand François eut pour successeur Armand Jean de Blet, qui occupe la charge en 1788, année où il vend au sieur Piballeau, les terres de Chargé, Haute-Claire et Milly. Les de Blet portaient « d’argent à trois feuilles de laurier de sinople. »

    « Le 5 janvier 1729, madame Albert de Saudelet, veuve de Messire Armand-Charles de Blet, en son vivant chevalier, seigneur de Chargé, Haute-Claire et autres lieux, chevalier militaire de l’ordre de Saint-Louis, gouverneur du château et ville de Richelieu, morte le jour précédent, âgée de cinquante-six ans environ, a été inhumée dans l’église de cette paroisse, vis-à-vis l’autel de Saint-Louis, dit de la Charité, dont elle était supérieure, par moy curé soussigné, en présence de Armand-François de Blet, gouverneur de Richelieu, de Louis-Gabriel-Joseph de Blet, fils de ladite dame défunte et de Messire Jean-Armand de chauviry, gendre de la même défunte. Cusson curé. »

    « Le 28éme jour de may 1729, je soussigné curé de Notre-Dame de Richelieu, dans la chapelle du château, par la permission de l’evesque de Poitiers, en date du 30 avril dernier, ay suppléé les cérémonies du baptesme et prières accoutumées à Armand-Jean, fils de messire Armand-François de Blet, chevalier, seigneur de Chargé et de Vaucouleurs, capitaine au régiment roayl d’infanterie, gouverneur de la ville et du château de Richelieu, et de dame Marie-Fulgence d’Aux, son épouse, de cette paroisse, né le vingt de février dernier, ondoyé le même jour par permission de mon dit seigneur en date du 29 janvier : le parrain a esté monseigneur Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu et de Fronsac, chevalier des ordres du roy, la marraine madame Jean Perrine de Blet, épouse de messire Jean-Armand de Chauviry, chevalier, seigneur de Milly et autres lieux, en présence de ladite dame de Blet, mère de l’enfant. »

     

     

    Louis de BLET capitaine dans les gendarmes du roi. Il comparaît à l'assemblée de la noblesse du Poitou, réunie à Poitiers pour nommer les députés aux Etats de 1651

    Marié bis 12 Juillet 1662 Razines (37) avec   Catherine Le Voyer.  Devenue veuve, elle se remariera avec Jean de Rémigioux, peut-être l’oncle de Jacques époux d’Elisabeth de Blet

     

    Armand Charles de BLET Gouverneur du château et de la ville de Richelieu (1699-1725) et de Chinon  

    Marié le 22 février 1691 avec Gabrielle Albert de SAUDELET.  Témoin au mariage :  le cardinal de Richelieu

     

    Jeanne Perrine de BLET mariée en 1718 avec    Armand Jean de CHAUVIRY 1682-

     

     

    Armande Louis Gabrielle née le 26 juillet 1699 – Parrain : Louis François Armand du Plessis de Richelieu, duc de Fronsac))

     

     

    Jean Gabriel Vincent de Blet né le 19/11/1704 Razines 37 – Parrain /Marraine : Jean de Rémigioux ; Dame Elisabeth de Blet épouse de Jacques de Rémigioux))

     

     

    Armand François de BLET 1692-1772, Gouverneur de Richelieu et de Chinon Marié le 27/11/1726 avec Fulgence Thérèse d'AUX + 19/12/1741 (Parents: M René d'AUX  seigneur de Jardres  et  Z Madeleine du VERDIER ) 

     

     

     

    H  Armand Jean DEBLET ° 1729 Baptisé Richelieu, 37196 ((Parrain : Duc de Richelieu)) + 1804 Marié avec Armande Marguerite de CHAUVIRY †1787 

     

    ELISABETH de BLET née le 28/04/1666 mariée en 1688 à Langeais (37) à Jacques de Remigioux (Parents : Jacques de Remigioux marié vers 1665 avec N Devilliers 

    Elle signe en au contrat de mariage en mars 1681 d’Olympe de Rémigioux § avec Pierre Alexandre Desmaretz / des Marets/ Desmarais, mariage de la religion réformée (Olympe de Rémigioux abjure à à Saint Cybard Poitiers le 15 mars 1685 : abjuration d’Olympe de Remigioux, âgée de 35 ans femme de Pierre Alexandre des Marets, écuyer et sieur dudit lieu des marets, demeurant dans la paroisse de Thurageau. Signe A. L. de Chalucet.

     

     

    De REMIGIOUX Joseph Antoine § 20/11/1723 Langeais (86) avec Marie Moreau veuve de François Poullain

     

     

      Françoise Thérèse de REMIGEOUX décédée à Oiron sur recommandation de Madame de Montespan, qui y avait transféré le 14/11/1703 l'Hospice de la Sainte-Famille qu'elle avait créé en 1693 à Fontevraud.

    Mariée   4 /11/1718 à Marigny-Marmande, 37148 avec   M  Joseph GUESBIN de RASSE / RASSAY

     

     

    Marie Elisabeth de REMIGEOUX, mariée en 1727 Jaulnay (37) vue 20 avec   Armand Charles de la VIALLIERE Seigneur des Monteils - Témoins :  Monsieur le curé Antoine de Rémigioux, Gabriel, François, Jeanne Françoise, Louise de Rémigeoux ; François, Gabriel, Antoinette et Albert Deblet)

     

     

    Jeanne Françoise REMIGEOUX  1703 ?- 1812 Mariée le 12 janvier 1728 Jaulnay 37120, avec  Louis La viallière 

    (Témoins : Elisabeth de Blet ; André de Rémigioux ? ; François et Elisabeth de Rémigeoux)

     

     

     

    Richelieu et les arts

     

    Richelieu était aussi sensible aux arts et les a largement réorganisés.

    Il fonde en 1635 l’Académie française.

     

     

    Histoire de l’Académie française de Jean Pélisson

     

    « Environ l'année 1629, quelques particuliers, logés en divers endroits de Paris, ne trouvant rien de plus incommode dans cette grande ville, que d'aller fort souvent se chercher les uns les autres sans se trouver, résolurent de se voir un jour de la semaine chez l'un d'eux. Ils étoient tous gens de lettres, et d'un mérite fort au-dessus du commun : M. Godeau, maintenant évêque de Grasse, qui n'étoit pas encore ecclésiastique, M. de Gombauld, M. Chapelain, M. Conrart, M. Giry, feu M. Habert, commissaire de l'artillerie. M. l'abbé de Cérisy, son frère, M. de Serizay, et M. de Malleville. Ils s'assembloient chez M. Conrart, qui s'étoit trouvé le plus commodément logé pour les recevoir, et au coeur de la ville, d'où tous les autres étoient presque également éloignés. Là ils s'entretenoient familièrement, comme ils eussent fait en une visite ordinaire, "et de toute sorte de choses, d'affaires, de nouvelles, de belles-lettres.

    Ils avoient arrêté de n'en parler à personne, et cela fut observé fort exactement pendant ce temps-là. Le premier qui y manqua fut M. de Malleville : car il n'y a point de mal de l'accuser d'une faute qu'un événement si heureux a effacée. Il en dit quelque chose à M. Faret, qui venoit alors de faire imprimer son Honnête homme, et qui, ayant obtenu de se trouver à une de leurs conférences, y porta un exemplaire de son livre qu'il leur donna. Il s'en retourna avec beaucoup de satisfaction, tant des avis qu'il reçut d'eux sur cet ouvrage, que de tout ce qui se passa dans le reste de la conversation. Mais comme il est difficile qu'un secret que nous avons éventé ne devienne tout public bientôt après, et qu'un autre nous soit plus fidèle que nous ne l'avons été à nous-mêmes, M. Desmarests et

    M. de Boisrobert eurent connoissance de ces assemblées, par le moyen de M. Faret. M. Desmarests y vint plusieurs fois, et y lut le premier volume de l’Ariane qu'il composoit alors. M. de Boisrobert désira aussi d'y assister, et il n'y avoit point d'apparence de lui en

    refuser l'entrée ; car outre qu'il étoit ami de la plupart de ces Messieurs, sa fortune même lui donnoit quelque autorité, et le rendoit plus considérable3. Il s'y trouvadonc; et quand il eut vu de quelle sorte les ouvrages y étoient examinés, et que ce n'étoit pas là un com

    merce de compliments et de flatteries, où chacun donnât des éloges pour en recevoir, mais qu'on y reprenoit hardiment et  franchement toutes les fautes jusqu'aux moindres, il en fut rempli de joie et d'admiration. Il étoit alors en sa plus haute faveur auprès du cardinal de Richelieu ; et son plus grand soin étoit de délasser l'esprit de son maître, après le bruit et l'embarras des affaires, tantôt par ces agréables contes qu'il fait mieux que personne du monde, tantôt en lui rapportant toutes les petites nouvelles de la cour et de la ville ; et ce divertissement étoit si utile au Cardinal, que son premier médecin, M. Citois, avoit accoutumé de lui dire : « Monseigneur , nous ferons tout ce que nous pourrons pour votre santé ; mais toutes nos drogues sont inutiles , si vous n'y mêlez un peu de Boisrobert.

    Parmi ces entretiens familiers, M. de Boisrobert qui l'entretenoit de tout, ne manqua pas de lui faire un récit avantageux de la petite assemblée qu'il avoit vue, et des personnes qui la composoient ; et le Cardinal qui avoit l'esprit naturellement porté aux grandes choses, qui aimoit surtout la langue françoise , en laquelle il écrivoit lui-même fort bien ', après avoir loué ce dessein, demanda à M. Boisrobert si ces personnes ne voudroient point faire un corps et s'assembler régulièrement, et sous une autorité publique. »

    Cela se passoit ainsi au commencement de l'année 1634. En ce même temps, M. Conrart, chez qui les assemblées s'étoient faites jusques alors, vint à se marier. Ayant donc prié tous ces Messieurs, comme ses amis particuliers, d'assister à son contrat, ils avisèrent entre eux qu'à l'avenir sa maison ne seroit plus si propre qu'auparavant pour leurs conférences. Ainsi on commença à s'assembler chez M. Desmarests, et à penser sérieusement, suivant l'intention du Cardinal, à l'établissement de l'Académie.

    Car comme la Cour embrasse toujours avec ardeur les inclinations des ministres et des favoris, surtout quand elles sont raisonnables et honnêtes, ceux qui approchoient le plus prèsdu Cardinal, et qui étoient en quelque réputation d'esprit, faisoient gloire d'entrer dans un corps dont il étoit le protecteur et le père. Non-seulement M. Desmarets et M. de Boisrobert, qui avoient su les premiers ces assemblées secrètes, mais encore M. de Montmor, maître des requêtes, M. du Chastelet, conseiller d'État, M. de Bautru, aussi conseiller d'État, et qui étoit en grande faveur, M. Servien, alors secrétaire d'État, et M. le garde des sceaux Séguier, maintenant chancelier de France, voulurent être de cette Compagnie. »

     

    Valentin Conrart est huguenot, secrétaire du roi Louis XIII, spécialisé dans les affaires de librairie. Les secrétaires du roi étaient chargés de dresser les lettres de privilèges de librairie, c'est-à-dire d'autoriser la parution d'un livre et de conférer un monopole à l'éditeur. Personnage central du monde des auteurs, médiateur entre le pouvoir royal et les auteurs, et également entre les auteurs et le public, et entre les catholiques et les protestants grâce à son activité de publication. Il publie les écrits des pasteurs du temple de Charenton et encourage l'édition en Hollande de certains livres qui n'ont pas l'agrément du roi en France, notamment celle des Mémoires de Philippe Duplessis-Momay, le pape des huguenots, pour la tolérance entre les religions lui-aussi.

    Antione Godeau était son cousin, catholique.

     M. de Boisrobert (François le Metel de Boisrobert) était secrétaire de Richelieu.

    Jean Desmarets de Saint Sorlin est aussi huguenot, tout comme Paul Pélisson Fontanier. qui abjurera par la suite.

     

     

    Le cardinal de Richelieu demande que les statuts soient rédigés par les intéressés eux-mêmes, porte le nombre d’académistes à 40, et que seul le « talent » soit pris en compte dans les nominations, sans distinctions de naissance ou de fortune.

    Il ne pourra éviter néanmoins que se distinguent deux catégories d’académistes : ceux nommés pour leur situation (aristocrates, position de pouvoir ou fortune) et ceux nommés pour leur rapport aux lettres et à la littérature.

    Les membres de cette assemblée ne seront nommés académiciens qu’à partir du 12 février 1635.

    Leur objectif était de se préoccuper de la pureté de la langue, et de la qualité de l’éloquence, l’objectif de censure octroyé aux secrétaires qui délivraient les patentes (dont Conrart) n’ayant pas été repris. Cette dimension de censure est laissée à la loi, non plus à l’administration.

    Le garde des sceaux Pierre Séguier scelle les lettres patentes de constitution de l’Académie huit jours avant le décès de Richelieu, ce qui semble prouver que Richelieu accordait une grande importance à cette création, alors même que la langue française ne se préoccupait pas d’une « purification »  de l’orthographe, dont aucun auteur ne fait mention, mais plutôt d’une normalisation des « polices’ d’impression, chaque éditeur ayant ses propres fondeurs de caractères, ce qui était une contrainte de compatibilité lors des rachats ou transferts de matériel entre éditeurs. On reconnaît encore certains imprimeurs aux caractères qu’ils utilisaient.

     

    Le parlement de Paris n’enregistrera les lettres patentes de création de l’Académie française que le 31 juillet 1637, après de longues discussions qui prouve qu’il était conscient du partage des pouvoirs accordés au déplacement vers la forme langagière d’un contrôle qui s’exerçait auparavant par voie administrative plus sur un contenu que sur une forme même.

    Ainsi : « La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences » (article XXIV). À cet effet, « il sera composé un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique » (article XXVI), et seront édictées pour l’orthographe des règles qui s’imposeront à tous (article XLIV). »

     

     

    L’Académie affiche deux missions principales :

    -        Une mission langagière visant à lister, normer, définir les mots et tournures … d’où la rédaction d’un dictionnaire et d’une grammaire (publiée pour la première fois en 1940 !) afin de rendre la langue riche (ce qui ne veut pas dire compliquée) accessible et partagée par tous.

    -        Puis plus tard une mission de mécénat par l’attribution de différents prix.

     

     

    Mais comme nous pouvons le voir dans les textes retranscrits plus haute, l’orthographe non fixée des mots n’était pas vraiment un problème. Par contre le contenu l’était d’autant qu’à la Renaissance :

    L’aventure du livre BNF :

     « En ce qui concerne l’appartenance sociale des possesseurs, l’exemple parisien montre que 54 % des bibliothèques se trouvaient chez les officiers, les avocats, les notaires et les procureurs, 21 % chez les marchands et les bourgeois, et seulement 6 % chez les gentilshommes. »

    « Pour protéger leur travail, les imprimeurs et les libraires se font délivrer des privilèges par les pouvoirs publics, qui leur assurent le monopole temporaire de l’impression et de la vente des ouvrages publiés à leurs frais. 
    Le privilège apparaît à Venise en 1469. En France, Louis XII octroie le premier à Antoine Vérard en 1508 pour son impression des Epîtres de saint Paul. En raison de leur généralisation au cours du siècle, ils sont accordés non seulement par la chancellerie royale, mais aussi par les parlements, le Châtelet et même des juridictions locales, du moins jusqu’au début des guerres de religion.

    Puis l’ordonnance de Moulins de 1566 rend obligatoire l’obtention préalable du privilège et le réserve au seul pouvoir royal, qui entend contrôler ainsi la production éditoriale du royaume. »

    http://classes.bnf.fr/livre/arret/histoire-du-livre/renaissance/03.htm 

     

     

    Nous avons vu dans un dossier précédent que la loi fonctionnait alors par coustumes, et que Charles VII avait ordonné leur rédaction par l’ordonnance de Montils-lès-Tours en avril 1454.  Gutenberg naît en 1468. L’imprimerie ne pouvait pas ne pas être marqué par les évolutions de son époque, et les essais d’organisation politique d’un état tendant à être unique voire uni ne pouvaient pas ne pas marquer les technologies de leurs époques.

     

    Le mouvement ainsi créé est humaniste et laïc, car il s’applique sur les hommes quel que soit le groupe humain auquel ils se réfèrent, religieux, « technologique », politique, géographique, ou même social.  

     

     

     

    Et le roi

     

     

    Le roi l’est de droit divin et catholique !

    Il ne peut donc être laïc, car cela reviendrait à renier ce sur quoi repose son pouvoir.

     

    Mais à toutes les époques, son souci est moins la religion que l’unité du royaume et l’obéissance aux lois.

    Henri IV et Louis XIV ne s’attaque au protestantisme que parce que les oppositions continuelles entre catholiques et protestants porte atteinte au pays et au pouvoir qui en garantit l’unité, moins que par passion ou fanatisme.

     

    Louis XIV gardera parmi ses gardes du corps des protestants convertis après 1685, et il conservera des comédiens parmi sa troupe d’origine ou de convictions protestantes. Il s’amusera même de les voir brocarder une aristocratie qu’il n’aimait guère pour des raisons que l’histoire a assez détaillées.

     

    Mme de Maintenon, fille de Constant d’Aubigné et petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, tous deux protestants, s’opposera au protestantisme extrémiste mais jugera qu’il n’y a pas lieu d’inquiéter ceux qui restent modérés, bien qu’apparemment elle ait craint que sa position d’huguenote de naissance ne la soumette aux intrigues religieuses de la cour ; contrairement à la légende, elle se serait opposée  à ce que Louis XIV abroge l’édit de Nantes, ce qui conduira aux honteuses dragonnades (certains historiens pensent que Louis XIV n’en n’était pas informé)  puis à l’abjuration de nombreux protestants.

    Les protestants qui abjurent restent sous surveillance, (comme on le voit dans le fait que certains sont obligés d’abjurer plusieurs fois de suite, convaincus d’avoir gardé des relations ou fréquenté des réunions de réformés), mais généralement gardent leurs postes, la société civile étant plus avide de paix et de prospérité que de dissensions sociales.

     

    Quant à Mme de Maintenon, elle créera en 1686 l’internat de Saint-Cyr, dans la maison royale de Saint-Louis, chargée de l’éducation de jeunes filles nobles mais désargentées, comme ça été son cas lorsqu’elle était jeune.  

     

    L’ancien régime catholique n’était pas favorable à l’émancipation des filles, Pourtant, certains les émanciperont, comme François Barthélémy de Rémigioux époux de Marie Anne de Messemé qui émancipe sa fille mineure Marie Anne née le 29 septembre 1746, ce qui ne l’empêchera pas de signer comme témoin dans certains des actes qu’elle passera plus tard sur ces propriétés. Elle se mariera plus tard avec Ours Armand de Sassay.

    Bataille aussi pour l’éducation des filles avec la création d’organisations telles que « Les filles de la Croix » créée par Jeanne Marie Elisabeth Lucie BICHIER des AGES née en 1773, qui ne fait qu’officialiser pourtant une organisation qui existait déjà

    -        Signature de Sœur Marie Dumont, supérieure des filles de la Croix en 1755 (vue 87 / 294) ou de plusieurs sœurs en 1756 dans les registres de la Souterraine dont sœur Gravelat (vue 30/328)  : « Le quinze février dudit an a été inhumée dans la chapelle des Sœurs de La Croix, le corps de Geneviève Choppy, sœur de la congrégation des filles de la Croix, décédée dans leur communauté après avoir reçu les sacrements âgée d’environ cinquante cinq ans toutes les cérémonies faites dans leur chapelle, sans préjudice à l’usage et aux droits de transporter les corps des dites sœurs  dans notre église paroisse, lequel droit nous avons bien voulu céder aujourd’hui seulement sans tirer conséquence à l’avenir, lesquelles dites sœurs soussignées ont connu et s’obligent de reconnaître à notre volonté ; sœur Gravelat supérieure, sœur Thouraud, … « 

    -        signature en 1757 soit un an plus tard de sœur Gravelat, comme sœur de Saint Joseph , toujours à la Souterraine.

    Ces congrégations avaient pour but l’éducation des filles, mais aussi la création de maternités.

     

     

    Il faut dire qu’il y a presque trois siècles, les citoyens n’avaient pas la même vision des administratifs qu’aujourd’hui :

     

    MEMOIRES DELA SOCIETE DES SCIENCES NATURELLES & ARCHÉOLOGIQUES de la Creuse FONDÉE EN 1832

    DEUXIÈME SÉRIE. TOME 19 Première partie

    « Les fonctions de consuls-collecteurs admettaient, de la part de ceux qui les exerçaient, une certaine solvabilité, aussi les choisissait-on toujours avec discernement et si l'un d'eux n'offrait pas les garanties désirables, les habitants n'hésitaient pas à l'éliminer.

    Le sieur Joseph Forgemol, porté sur le tableau des consuls collecteurs pour exercer ces fonctions en 1759, adressa une requête à l'intendant de Limoges, le i~ octobre 1758, demandant à en être déchargé comme ayant quitté la ville depuis trois ans et faisant élection de domicile au village du Poirier, paroisse de La Souterraine (3). L'intendant y répondit par la formule ordinaire « soit communiqué aux habitants de la ditte ville de La Souterraine)).

    Les habitants assemblés le 3 décembre, à l'issue des vêpres, reconnurent le bien-fondé de cette demande et ne firent aucune objection à sa radiation du tableau, attendu que ledit « Forgemol est très dérangé dans ses affaires, chargé d'une nombreuse famille, et hors d'état de pouvoir tenir la charge» de collecteur )'. (1-2) Hameaux de la commune de Saint-Priest-la-Feuille. (3) La paroisse avait son administration distincte de celle de !a ville. La Souterraine faisait partie de l'élection de Limoges, pendant que la paroisse faisait partie de l'élection du Blanc. »

     

     

    Alors la laïcité

     

     

    Si nous faisons un résumé de ce que nous voyons à travers l’histoire, nous pouvons constater que la laïcité dépend et contraint à :

    -        La prise en compte de tous en tant que citoyen, à la mesure de ce que chacun peut percevoir et appréhender à son propre niveau ;

    o   cette constatation pose aujourd’hui la définition de la citoyenneté des  condamnés, des immigrés, des enfants, des SDF…

    o   Plus largement, c’est aussi les domaines soumis aux votes ou référendum qui seraient à définir : pout-on voter pour les droits de l’homme, pour le respect de la nature, pour le droit des immigrés, c’est-à-dire pour des questions générales ou essentielles à une société, ou faut-il les inscrire comme préalables et indispensables de façon constitutionnelle et donc hors vote.

    o   Les votes ne porteraient-ils que sur des points d’organisation financiers ou administratifs ???

    o   Quelle est la part de liberté de chacun : notre corps est-il à nous et a-t-on le droit de s’euthanasier ou non ? a-t-on le droit de porter volontairement un bébé pour quelqu’un d’autre ? Quels sont les droits respectifs de chaque partie dans ce cas et quels droits donne-t-on au bébé qui n’est pas encore né ?

    o  

    -        Différencier entre ce qui est la conception individuelle du monde que chacun a obligatoirement, qu’elle soit religieuse, politique, écologique ou sociale et :

    o    la confrontation entre cette conception et celle des autres

    o   L’organisation d’une société qui nécessite un compromis entre ces différentes conceptions

    o   Cela pose aussi la question de la limite dans laquelle une personne peut exercer un choix individuel sans porter atteinte à la conception de penser de se voisins, tout en respectant les bases du bien commun (les droits de l’homme, de la nature flore et faune, de la météo …)

     

     

    Le désir de démocratie s’exprimait aussi dans des faits plus quotidiens, à travers des conseils comme ceux de fabrique, composés d’un groupe de clercs ou de laïcs élus régulièrement (sans pouvoir se représenter lors d’une sortie de mandat), les marguilliers  qui veillent à l’administration les biens, des revenus d’une église, des terres (locations, écoles, rentes et impôts), de l'entretien des locaux, de tenir le matricule (registre public où l'on enregistrait les pauvres qui demandaient / recevaient l'aumône à la porte des églises (Vu sur un acte de 1734 à Berbiguières en Dordogne),  et de préparer les affaires qui doivent être portées au conseil. Ce conseil servait d'aide au sacristain, nommait et révoquait les chantres, les bedeaux...

     

    Ou encore :

    Chabeuil Par Robert Portal et Jacques Delatour - Ed. AUED, Valence, Études drômoises, revue trimestrielle, n°51 d'octobre 2012 pp. 25 à 31

    Dès 1247, les seigneurs-maîtres de Chabeuil se voient remplacés par Jean II, dauphin du Valentinois, comte d’Albon et seigneur de La Tour du Pin, qui veut bien accorder à ses fidèles sujets une charte de libertés et de franchises. Dès le XVe siècle, Chabeuil peut se vanter d’une institution originale, la Cour des Conventions, qui relève du Parlement de Grenoble et rend la justice de paix jusqu’à la Révolution.

     

    Souvent, la bonté envers le peuple cache quelques motifs moins présentables, comme dans certaines volontés de défunts, qui donne aux pauvres de leur commune ou seigneurie moyennant des prières ou un défilé en bonne et due forme lors de leurs funérailles. Déjà une corruption des obligés par des faveurs financières ou sociales. 


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    La laïcité s’est donc toujours exercée à travers les âges, et elle a toujours été bafouée.

     

    Si nous résumons les objectifs qui dérive de sa simple définition, nous parvenons à tout un ensemble de critères.

    La laïcité est le principe résumé en séparation de l’église et de l’Etat.

    Le clip de l’Education nationale rappelle que la laïcité repose sur trois piliers : l’égalité des citoyens devant la loi, la liberté de croire ou de ne pas croire, la neutralité de l’Etat.

     

    C’est dont le fait de séparer de façon claire :

    Sur le plan collectif

    Sur le plan individuel

    Sur le plan de l’institution

    Ce qui relève du fonctionnement d’un Etat et qui implique donc la totalité de sa population

    L’Etat en tant que représentatif de normes de fonctionnement acceptées par tous collectivement et individuellement

    Une organisation collective est nécessaire sauf à retourner à l’époque des tribus et des guerres de clans.

    La prise en compte de tous en tant que citoyen, à la mesure de ce que chacun peut percevoir et appréhender à son propre niveau, ce qui pose la question de la définition de ce qu’est un citoyen 

    L’individu a besoin d’un espace de liberté et d’autodétermination.

    Sur le plan individuel

    De ce qui relève des croyances spécifiques aux religions ou autres mouvements religieux, philosophiques ou politiques qui ne concernent que les personnes impliquées dans ces croyances, religions, partis, mouvements ou opinions personnelles.

    La personne en tant qu’individu avec ses croyances et représentations personnelles du monde qui l’entoure.

    Le savoir, repose sur la science, incontestable car elle repose des expériences reproductibles et constatables par tous.

     

    La laïcité réclame une ouverture envers le monde qui nous entoure en dehors de tout jugement préétabli, de tout préjugé, donc un détachement même provisoire de ses propres opinions personnelles permettant d’examiner d’autres « thèses » que les siennes afin de les accepter … ou de les rejeter. Refuser cette ouverture ponctuelle équivaut à avoir un esprit fermé sur lui-même. L’organisation d’une société qui nécessite un compromis reposant sur une base commune la plus solide (est-elle large ou plus étroite ?) entre différentes conceptions quelques fois opposées voire incompatibles.

    L'opinion, qui est l’ensemble de ce qu’on croit individuellement,

    La croyance en ce qui est probable, possible, envisageable, même en dehors de toute validation scientifique.

    La foi, qui est l’acceptation comme étant sienne d’une croyance transmise par une religion, une chevalerie, …

    La conviction, qui est l’opinion fondée sur une preuve jugée irréfutable, scientifique (donc reproductible et constatable par tous).

    Distinguer entre ces différentes croyances nécessite de différencier entre :

    -        La conception individuelle du monde que chacun a obligatoirement, qu’elle soit religieuse, politique, écologique ou sociale

    -        Soit la confronter à celle des autres

    Cela pose aussi la question de la limite dans laquelle une personne peut exercer un choix individuel sans porter atteinte à la conception de penser de ses voisins, tout en respectant les bases du bien commun (les droits de l’homme, de la nature flore et faune, de la météo …)

    Sur le plan social

    Ce qui garantit le fonctionnement la séparation entre ces deux entités Etat / religion ou croyance : la neutralité de l’Etat, en rappelant qu’il est aussi garant de l’organisation des cultes, donc de l’exercice de la liberté de croyance.

    Le rapport individuel établi par chacun de nous entre ces deux entités, donc notre rapport personnel aux autres et à l’Etat, à la norme.

    La loi s’exerce dans le domaine collectif ou dans un espace commun défini (entreprises, commerces…)

    Délimitation de l’espace collectif et de l’espace particulier à un groupe ou personnel.

    Choix des personnes qui déterminent la loi :

    -        Loi de constitution, inamovibles car reposant sur des principes universels : le respect de la nature, les droits de l’homme, des animaux (et à travers l’écologie des plantes et des climats)

    -        Lois générales par pays

    -        Lois particulières tenant du règlement interne de structures particulières : règlements d’établissements, d’associations … comme autrefois les conseils de fabrique, aujourd’hui les coopératives …

    Chacun est libre d’agir de façon privée dans son espace privé, s’il est le seul à subir les conséquences de ses actes.

    Quelle est la part de liberté de chacun : notre corps est-il à nous et a-t-on le droit à l’euthanasie ou non ? a-t-on le droit de porter volontairement un bébé pour quelqu’un d’autre ? Quels sont les droits respectifs de chaque partie dans ce cas et quels droits donne-t-on au bébé qui n’est pas encore né ?

                   

     

     

     

    Que devient le mouvement démocratique / laïque au travers du temps ?

     

     

    Certaines familles évoquées dans les articles précédents ont prolongé les parcours initiés par leurs familles, sans pourtant avoir connaissance du passé engagé et parfois tumultueux de leur famille. Voici quelques extraits glanés au fil des pages :

     

     

     

    Journal de Francfort DU LUNDI, 3o JUILLET 1798. Extrait des Nouvelles de Paris, du 24 Juillet.

     

    Une pétition des militaires pensionnés est lue à la tribune ; ils se plaignent de ne pas recevoir leur traitement ; ils se sont adressés au Directoire, qui a trouvé leurs réclamations justes ; mais il a déclaré ne pouvoir les traiter que comme des militaires réformés, attendu que la loi gardoit le silence à cet égard. Jourdan (de la Haute Vienne) prend la parole ; il appelle l’attention du Conseil sur l’état de ces militaires. Pour prix de leurs services & de leurs blessures, ils languissent dans le besoin. Il demande qu’il soit fait un message au Directoire pour lui demander si l’état des finances permettra, pour l’an 7, de traiter les militaires suspendus comme les militaires réformés. – Adopté.

    Le même membre dénonce au conseil un écrit distribué au corps législatif, ayant pour titre :  Les invalides mutilés en défendant la patrie, au corps législatif. Voici quelques passages de cet écrit :

    « On nous expulse arbitrairement (disent les invalides), on nous envoie dans les départements pour nous y faire égorger par les royalistes. Ceux qu’on nous a donnés pour chefs sont des requins royaux qu'on florie grassement au ministère de la guerre. Ne vous appliquerez vous pas, législateurs, à faire cesser des vexations contre-révolutionnaires qui ont privé de la mission nationale un grand nombre de nos camarades mutilés, tandis que la plus grande partie de ceux qui y restent ont l’usage de leurs membres, & que plusieurs n’y ont d’autres titres que d’avoir servi des ci devant nobles en qualité de portiers ou de cuisiniers | ces Directeurs qui avoient serré l’entrée du corps législatif au citoyen Remigeon, ( invalide élu, par l'oratoire) pouvoient-ils ne pas le chasser de la maison nationale? De quel œil verrez-vous qu’on appelle au commandement de nos compagnies des ci-devant chevaliers, tandis que de braves invalides redescendent au rang de simples soldats ? Ne seroit-on pas tenté de croire qu’on nous fait un crime d’avoir servi la République, & que ses ennemis seuls ont droit à ses récompenses ? Nous abhorrons les usurpateurs, les flatteurs & leurs mouchards. Ne permettez pas qu’on dégoûte, par des manœuvres perfides, ceux que le sort des combats a épargnés jusqu’ici. Si, pour avoir réclamé nos droits, nous étions livrés sans appui à la fureur du Directoire, où à celle de ces exécrables agents, nous supporterions avec courage les persécutions, la misère, les fers & les cachots : nous saurions braver la mort avec calme. »

    Non, s’écrie Jourdan, cet écrit n’est point ouvrage des braves militaires, qui ont si bien défendu la patrie ; non, les défenseurs de la liberté ne calomnient pas le corps législatif, le Directoire exécutif, & la journée du 18 Fructidor qu’ils ont eux-mêmes provoquée par leur adresse. Cet écrit et l’ouvrage du royalisme, qui veut jeter parmi nous & dans les armées une pomme de discorde : mais cette nouvelle manœuvre sera encore déjouée, & les ennemis de la République auront fit des frais d’impression en pure perte. – Aréna manifeste une même indignation contre les auteurs de cet écrit.

    Il demande qu’il soit transmis, par un message au Directoire, pour en faire poursuivre les auteurs. — Adopté.

     

    Un Rémigioux est inscrit dans les listes des Vendéens recherchés, les descendants de la famille Rémigioux / de Blet font partie des dépossédés qui seront indemnisés sous l’empire napoléonien.

     

     

     

    Le semeur algérien – 11 novembre 1921 :

    Alger - L’accaparement des œufs

    L’accaparement des œufs fait l’objet des préoccupations non seulement des conseillers algérois, mais surtout de toute une population qui ne peut admettre – et elle a parfaitement raison – qu’on lui fasse payer les œufs « à un prix axorbitant par suite de l’accaparement et de l’exportation de la presque totalité des œufs algériens en France.

    Dans une des séances du Conseil général, M. Billet s’est fait l’éco du mécontentement des consommateurs. Il a demandé que des mesures soient prises d’urgence pour mettre un terme à cet état de choses.

    Au Conseil municipal d’Alger, dans la séance du 4 novembre, M. Ramigeon a déposé un vœu tendant à ce que l’exportation des œufs soit totalement interdite ou tout au moins fortement limitée et sévèrement contrôlée ; mais que de toutes façons il y ait interdiction totale lorsque le cours normal dépassera 30 centimes dans le port d’embarquement.

    Etant donné qu’un vœu est la plupart du temps sans résultat, le conseil a décidé qu’une délégation serait envoyée au Gouvernement général pour lui exposer la situation. *MM. Raffi, Pasquier-Bronde, Paoli, Barrucani et Ramigeon ont été chargés de ladite mission.

     

     

     

     

     

    Annales africaines – 34ème année – Nouvelle série n° 23 – 8 juin 1922

    Petit billet

    Sidi-Ferruch, 15 mai 1922

    Cher Monsieur Mallebay,

      Voulez-vous être assez aimable pour aviser M. Ramigeon que j’ai trouvé une solution au problème de la vie chère ? Je ne doute pas que M. le Gouverneur Général, justement ému de ses doléances, n’obtienne du gouvernement de la République :

    1-    Que toutes les marchandises d’Espagne et d’Italie rentrent en France en franchise ;

    2-    Que les mêmes marchandises, en provenance d’Algérie, paient un droit d’entrée de 200 francs par 100 kilos.

    Les effets de cette mesure tutélaire ne se feront pas attendre ; les électeurs de M. Ramigeon pourront pendant quelque temps se nourrir à bon marché et mettre quelques billets de côté pour le cinéma.

    Cette satisfaction, une fois obtenue, peut-être serait-il plus sage, de leur part, d’émigrer, l’Algérie risquant de devenir par la suite, au point de vue prospérité, quelque chose comme la Russie soviétique.

    Agréez, cher Monsieur Mallebay, l’assurance de mes meilleurs sentiments.

    S.

    Ce billet d’humeur de trouve sur la page regroupant ce qu’on pourrait qualifier de courrier des lecteurs ou de billets d’humeur.

    Ainsi, il est suivi d’un poème

    Les beaux poèmes

     :

    Fleur

     

    Douce, autour d’elle ruisselait

    Comme une lumière inconnue.

    Elle a seize ans tout juste, elle est

    Folâtre, naïve, ingénue.

     

    Petite, avec un peu d’azur

    Ainsi qu’un Ange, elle est de celles

    Dont on admire le front pur.

    Ses yeux d’or sont pleins d’étincelles.

     

    Pareille au gai matin vermeil,

    Elle est enfantine et superbe,

    Et sous un rayon de soleil

    Semble un grand lys, fleuri dans l’herbe.

     

    Théodore de Banville

     

     

     

    LE MAITRON -  Notice RAMIGEON Jean-Pierre

    http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article145340

    Né le 17 novembre 1904 à Folles (Haute-Vienne), mort le 19 septembre 1981 à Gourieux (Oise) ; ouvrier métallurgiste ; président de la Fédération des locataires.

    Fils de cultivateurs, Jean-Pierre Ramigeon se maria à Paris, XVIIIe arr. avec Marie Boyer, le 5 février 1927.Militant communiste, il participa à la Résistance et devint colonel FTPF. En 1950, il vivait rue Chapu dans le XVIe arr.de Paris ; il présida la Fédération nationale des locataires puis la Confédération nationale des locataires en 1950. Il était directeur du journal Le Réveil des locataires, et affilié à la CGT.

     

    Le peuple CGT –  Organe officiel de la Confédération générale du travail – Lundi 8 mai 1939

    La fédération des locataires poursuivie par les « colonnards »

    Par personnes interposées, le trust de l’électricité et des colonnes montantes, en particulier l’Expansion électrique, 4 rue Chauveau-Lagarde, a réussi à faire inculper le secrétaire de la Fédération des locataires de la région parisienne, 62 bis rue Richard-Lenoir, à Paris, notre ami Ramigeon, et plusieurs militants pour soi-disant séquestration, violences et menaces sous conditions.

    Le but recherché est d’anéantir le mouvement de protestation des usagers de l’électricité contre le paiement de la location des colonnes montantes électriques.

    En collaboration avec le Secours populaire de France, la Fédération a envisagé la défense de tous nos camarades inculpés. Elle demande à tous les locataires et aux usagers de l’électricité d’élever avec elle une énergique protestation contre les procédés employés par les « colonnards ». Il faut que celle-ci soit assez puissante pour les faire reculer ainsi que les pouvoirs publics, qui ont mis deux ans à prendre en considération une plainte non fondée dont le caractère pour le moins abusif n’échappera à personne.

    La Fédération des locataires de la région parisienne, 62 bis boulevard Richard-Lenoir Paris

    Jean Ramigeon devint colonel FTPF dans la résistance, sous le nom de Duncan (commandant). Il voyageait dans la France en reliant les groupes de résistants sous couvert de son métier d’agent immobilier. Il était présent lors de la libération de Limoges, s’écroulant en soirée et hospitalisé d’urgence pour cause de … très forte fièvre (peut-être une grippe), ce qui fit bien sourire ses hommes qui allèrent placer la casquette de colonel sur sa tête le lendemain matin.

     

    Il a écrit ses mémoires tout au long de sa vie, gardées pieusement par sa fille, mais il pratiquait aussi la poésie quand son emploi du temps le lui permettait.

     

    André Ramigeon et sa famille

    Sur cette photo de la famille d’André Louis Ramigeon et de sa femme Jeanne Guinard prise à Folles (87), leurs père et mère,  Pierre Gaston (appelé Gaston) est l’enfant assis au premier plan à droite, son frère Jean Pierre (appelé Pierre dans sa vie privée, Jean dans sa vie publique) est celui qui chevauche le tonneau.

    A mon frère 

     

    Tu es mon frère et mon parrain,

    Tous les deux, nous nous aimons bien.

    Entre nous deux pas de disputes,

    Je ne trouve pas trace de lutte.

    Te souviens-tu mon cher Gaston,

    On a été douze à la maison,

    Sept filles et cinq garçons ! Les tout petits, nous les aimions,

    Trois n’ont pas connu les misères

    Que nous avons vu sur cette terre.

    L’un n’a vécu que peu de temps,

    Notre Maurice avait cinq ans !

    Notre Renée n’en n’avait pas tant.

    Quelle douleur pour nos parents !

    Quand j’y pense, soixante ans plus tard,

    De moi s’empare le cafard.

    Nous avons vieilli tous les deux.

    Nous ne sommes pas trop malheureux.

    Parfois je pense au wagonnet

    Quand nous descendions des Caunées,

    Tu avais le diable à cet âge,

    Au tournant du pont des Bellages,

    Dedans tu m’avais fait monter,

    Dans les virages j’ai culbuté,

    Et quand je reprends ce chemin,

    Je souris et pense aux galopins

    Que nous étions, pour jouer comme ça.

    Plus tard j’aurais joué au soldat,

    Toi tu l’étais et pour de bon,

    Et on chantait la Madelon,

    Je voulais me battre contre les Allemands,

    Je me plaignais à nos parents.

    Et tu m’a dit bien gentiment :

    T’es mieux ici qu’au régiment.

    Ainsi tu m’as donné l’éveil,

    Sagement, j’ai suivi ton conseil.

    La résistance a fait de moi un gradé,

    Mais je t’en ai toujours su gré.

    Tu es chez toi, tu as deux enfants,

    Tu en as même des petits, charmants.

    J’ai une fille que j’adore,

    Pour moi, c’est la fin du décor.

    La vie vois-tu c’est une lutte.

    Elle est belle si elle a un but.

    Je te sais souffrant, cela me chagrine.

    Elle ne dit pas de quoi ? Petite Nadine,

    Mais je voudrais bien vite et j’en serais heureux

    Te savoir guéri, je crois que ça se peut.

    J’irai te revois, plaisanter encore,

    Peut-être fêter tes Noces d’or.

    Va mon cher parrain, profite de la vie,

    Car elle est bien courte, après c’est fini.

    Ton filleul te souhaite, du fond du cœur,

    Une bonne santé, et encore du bonheur.

     

    Fait à Orcemont le 23 mai 1973 pour mon frère Gaston Ramigeon.      Jean Pierre Ramigeon

     

     

    Le brassage initié par les mariages entre familles déplacées ou éclatées rend cousines nombre de familles de la bourgeoisie de robe, marchande, ou civile (la gestion des communes étant souvent assurées soit par des nobles de robe, des enseignants, des marchands) et les  familles plus populaires, comme les propriétaires terriens, agriculteurs, artisans … alors même que si l’Etat-civil est seulement survolé, les mariages y paraissent autrefois endogènes.

    Et beaucoup d’édiles font partie de ces familles par alliance  : les pré-démocrates et pré-laïques s’impliqueront dans la vie de leur commune, comme certains qui ont déjà été cités parmi les auteurs,  académiciens, mais aussi échevins ou édiles des communes, à la Rochelle, Niort, Tours, Poitiers, Montmorillon, Limoges, Argenton, Châteauroux, Saintes, La Réole, Bordeaux, ou dans des communes plus petites : Chaillac, Sacierges, Roussines, Bersac sur Rivalier, Saint Sulpice Les Feuilles Laurière, Fursac, La Souterraine pour ne citer que quelques  communes rencontrées dans le bas Berry ou la Marche de L’époque.

     

     

    Ces familles sont « courantes » et donc représentatives de celles de cette époque, présentant un mélange de convictions personnelles, d’actions engagées ou non, parfois de d’échecs ou de dérives, comme dans toutes les familles.

     

     

     

    Quels enseignements de l’histoire pour aujourd’hui ? 

     

     

    Cette histoire semble aujourd’hui bien dépassée, la révolution étant passée par là.

    Mais dans les faits, la démocratie ne suffit pas à garantir la laïcité.

     

    En effet, les principes sur lesquels repose la laïcité dépasse largement les limitations entre religion et Etat.

    Ils englobent de façon plus générale les rapports entre :

    -        L’individu, ses opinions ou croyances personnels, ses savoirs,

    -        L’Etat, son obligation de neutralité,

    -        La liaison entre les individus qui le compose, le construise mais aussi l’utilise,

     

    Ainsi peut-on se poser la question de son application dans des domaines très différents et pourtant bien d’aujourd’hui :

     

    La définition du citoyen

    Est-ce celui qui vit sur un territoire, ou qui y travaille, y ajoute-t-on une notion d’âge, de sexe, de capacités, d’implication dans la société (par le travail, les réunions, l’appartenance à un parti ou un syndicat…)

    La délimitation des pouvoirs de l’Etat

    Quels sont les domaines dans lequel l’Etat peut légiférer, par exemple pour déterminer ce qui relève du domaine personnel et n’a pas à être évoqué en public et ce qui doit l’être absolument, sur quels sujets peut porter un référendum et comment l’engager.

    La constitution de bas à laquelle aucune loi ne peut déroger, par exemple :

    -        Quelle place y fait-on à la protection du climat, qui devrait être un préalable, au respect des paysages, des plantes, des animaux, en un mot de la biodiversité…) Comment réagir par rapport à des étendues à perte de vue de cultures intensives non écologiques, même si leur utilité est reconnue ?

    La reconnaissance de l’autre

    Quelle prise en compte fait-on de l’opinion de l’autre :

    -        Peut-on rejeter une proposition au titre que celui qui la formule la justifie personnellement par une opinion que l’on ne peut pas épouser (il justifie sa proposition parce qu’il est religieux, étranger, c’est une femme, il est noir, juif, il est extrémiste) ?

    -        Peut-on parvenir à détacher la loi qui se doit d’être neutre et laïque des opinions personnelles de ceux qui la proposent. Ceux-ci peuvent-ils vraiment parvenir à « neutraliser » leurs opinions personnelles pour proposer une loi juste et applicable à tous ?

    -        Quelle part faire dans nos expériences personnelles entre ce qui relève d’une expérience que l’on peut transmettre à tous et dont on peut témoigner et ce qui est une réalité particulière et individuelle qui nous vient de nos rêves, de nos illusions, ou d’une situation particulière que l’on a vécue ?

     

    Quel rapport institue-t-on entre les différentes intelligences. A une époque où celui qui pense est censé être « le premier de cordée », quelle définition et quelle place lui donne-t-on :

    -        Celui qui a une idée, et qui de ce fait pense le maître de ceux qui vont l’aider à la mettre en place, la personne indispensable apte à tout gérer et donc à en tirer un très large bénéfice (voire tout le bénéfice). Fera-t-il appel à un financement participatif ou prendra-t-il un crédit pour devenir par la suite un actionnaire privilégié voire unique de l’entreprise créée par les efforts de tous?

     

    Certains pays ont porté attention aux intelligence autres qu’intellectuelles en favorisant les apprentissages dès le plus jeune âge. Ces pays affichent un taux de chômage très bas pour leurs jeunes. En France, s’est mise en place une course aux diplômes dès le plus jeune âge, avec l’illusion que les voies d’apprentissage sont des voies de garage. Pourtant, tous se plaignent dans le monde du travail des jeunes qui arrivent diplômés mais en fait sans expérience, et qu’il faut presque reformer sur « le tas » avant qu’ils ne deviennent efficaces … ou pas. Pourrait-on favoriser les processus de promotion interne plutôt que ceux d’engagement externe de personnes non intégrées à l’entreprise dans laquelle elles travaillent ?  

     

    Quel rapport entre décisionnaires et exécutants : poursuivra-t-on le mouvement de déresponsabilisation de la base au profit d’une oligarchie qui règne par rapports / enquêtes / audits interposés, sans connaissance du terrain et entraînant une perte considérable d’efficacité dans la création d’administratifs chargés de gérer ses rapports ?

    Ainsi, dans l’Education nationale, le primaire recule dans les sondages européens depuis plusieurs décennies, en fait depuis que  l’université prend en compte la formation des maîtres sans y avoir intégré des formateurs de ce niveau de spécialité autrement que pour des stages très limités . Cela a entraîné :

    -        La suppression de ceux qui avaient fait carrière de l’instituteur jusqu’à professeur d’école normale, en passant par le statut de PEGC, et donc pour tout dire la quasi suppression de la possibilité d’évoluer des enseignants du primaire : maintenant, s’ils veulent entrer à l’université, ils doivent abandonner leurs savoirs pour adopter ceux du secondaire. La hiérarchisation entre les constructions des notions de base qui font l’objet du primaire et les savoirs complexes délivrés du secondaire entraîne-t-elle vraiment une hiérarchisation des capacités à enseigner des enseignants ?  L’architecte est-il plus indispensable dans la construction d’un ouvrage que le maçon ? Leurs métiers sont-ils complémentaires ou hiérarchisés de façon pyramidale ? Quel niveau de reconnaissance donne-t-on à travers le salaire à chacun : tout à l’actionnaire, un peu au contremaître, peu à l’ouvrier ? Croit-on vraiment que celui qui a fait fortune sur une idée récolte vraiment le fruit de son seul travail ? Comment partage-t-il les bénéfices de ce qu’il a mis en place avec l’aide des autres ?

    o   A ce propos, comment les syndicats d’enseignants peuvent-ils accepter une situation si désavantageuse pour les enseignants de la maternelle et du primaire, dont les savoirs pédagogiques ne sont pas « absorbés ni transmis » par les savoirs des enseignants du lycée ou du supérieur  (par exemple : la formation des nombres chez le jeune enfant, l’apprentissage de la lecture, les découvertes spatiales ou l’appréhension du temps historique, la connaissance ressentie de son corps, la première socialisation, les premières notions de gestion du travail). Ces enseignants du primaire qui sont tout autant adhérents chez eux que leurs collègues de tous niveaux (qui font très bien leur travail … à leur niveau, pas à ceux des autres.

    -        La diminution des heures de cours des élèves, trouvées trop lourdes, mais qui organisées par les maîtres leur permettaient de laisser aux élèves le temps de respirer dans la classe. Ainsi, est-on passé des « leçons » dans lesquelles l’élève avait une heure pour découvrir une notion aux « séances de découverte » dans lesquelles il n’a plus qu’une demi-heure pour effectuer le même travail.

    -        Enfin, la quasi suppression d’éléments venant du primaire dans les staff des universités de formation de maître au bénéfice d’une intelligentsia qui commandite par l’intermédiaire de rapports et d’évaluation (autant des écoles que des élèves) pousse cette hiérarchie oligarchique, devant le recul de la France dans les évaluations internationales, à réclamer encore plus de rapports pour promulguer encore plus de bons objectifs assignés à tel ou tel domaine scolaire en difficulté, le tout par l’intermédiaire d’une hiérarchie que l’on voudrait bien renforcer, par exemple en nommant les directeurs d’école comme chef d’établissement avec les avantages administratifs qu’on leur laisse miroiter : ils deviendraient les chefs hiérarchiques de leurs collègues, aurait un salaire supplémentaire, et absorberaient la responsabilité de la chute des résultats des élèves, en la déplaçant entièrement sur la pédagogie des maîtres. Pourtant, les méthodes d’autrefois comme les méthodes d’aujourd’hui donnent de bons résultats … ailleurs. Alors pourquoi nos élèves ne se sentent-ils pas investis dans des études qui ne donnent plus accès à des métiers qu’après moult études ?

     

     

     

    Mais aussi la gestion du temps :

    -        Peut-on croire qu’une société qui ne parvient pas à équilibrer le travail, la participation de tous, les revenus à un temps T de son existence pourra les équilibrer en prenant hypothèque sur un futur dont elle ne sait à peu près rien. Est-il crédible que cet argent que les banques souhaitent à tout prix nous faire économiser pour notre retraite aura dans cinquante ans une valeur suffisante pour garantir un niveau de vie décent dans une société dont l’équilibre sera forcément modifié ? Comment garantir une répartition des efforts sur une société dont on ne connaît pas par avance la composition, les contraintes ni les besoins ?

    -        Qu’en est-il d’une société où ses compétences et domaines de base sont sacrifiés :

    -        Sous paiement des fonctionnaires, contrairement à ce qu’en pense le privé, qui ont toujours été et sont toujours considérées comme des dépenses sociales. En fait, la déclaration même des droits de l’homme oblige à ces dépenses dont tous les français bénéficient. Pourtant, beaucoup trouvent normal de jouer sur les salaires des fonctionnaires comme ajustement du budget, fonctionnaires qui ne bénéficient pas des augmentations du privé, ni des avantages :

    o   Ils ne sont jamais au chômage, donc pourquoi les payer autant que le privé, qui lui pourtant a le droit de cumuler indemnité de licenciement et des indemnités chômage, et conserve pendant un temps leurs droits à la retraite. En fait, cela revient à dire : le fonctionnaire travaille sans rupture, donc il n’a pas à être payé pour un travail continuel.

    o   Les fonctionnaires d’Etat n’ont pas une vraie retraite complémentaire, l’Etat ayant joué pour eux à bas coût le rôle de retraite de base et de complémentaire (sinon il aurait dû augmenter les salaires dont le net serait devenu indécent) : pour ma part, en tant que maître formateur partie à la retraite après 40 annuités, j’ai touché 1500 € par mois de retraite complémentaire … mais un seul et unique mois. Les fonctionnaires comme les enseignants partent avec maximum 75% de leur dernier salaire diminué de toutes leurs indemnités, soit environ 60 % de leur dernier salaire net (encore une fois sans aucun versement complémentaire). Certaines banques leur ont d’ailleurs proposé d’investir de façon privée dans un fond de retraite, ce qui revient à dire que contrairement au privé qui voit apparaître sa retraite complémentaire sur sa fiche de paie, celle des fonctionnaires n’y apparaît pas, ce qui gonfle d’autant leur net à gagner.

     

     

    Qu’en est-il des choix de chacun en ce qui concerne l’équilibre en apports personnels à la société ou collectivité et bienfaits attendus d’elle ? :

    -        Est-il juste de penser qu’on peut cumuler une formation alors qu’on n’occupera pas les postes proposés,

    -        Est-il juste de penser que la société peut protéger quelqu’un qui a vécu d’indemnités sans contreparties d’un travail adapté ou d’une présence (associative, transmissive …), que l’on soit au chômage, handicapé, malade ou vieux ?

     

     

     

    Bref, la laïcité, dans les questions qu’elle pose sur les rapports entre individualité, rapport à l’autre et société implique bien d’autres sujets que les rapports religion / Etat ou égalité des sexes, même si ce sont ces deux sujets qui sont abordés principalement.  

     

     

     

    Et même l’écologie !

     

     

    En ce qui concerne le rapport public, privé impacté par la laïcité, on voit face au défi climatique que personne ne peut penser que son action personnelle dérivée de ses opinions est sans conséquence pour la société, et qu’il peut vivre dans une bulle préservée ou réservée sans qu’il y ait impact plus ou moins grand sur les autres :

    -        Quand on parle de continuité écologique, de préservation des terres cultivées ou protégées,

    -        Quand on parle des respects de la flore et de la faune, de la biodiversité, de bien-être animal,

    -        Quand on parle de manger local (en respect avec la biodiversité, et pas en vivant de salades composées de produits exotiques venus d’ailleurs à grand coups de multiples pollutions), et même de vivre local (diminution des déplacements et des transports, que ce soit pour le travail, pour la consommation ou pour le plaisir / vacances, et donc diminution de la pollution qui leur est due)

    -        Quand on parle d’isolation des logements, au lieu de parler de bâtiments à énergie positive avec réserve d’eau de pluie …

    -        En réduisant les déchets car la seule énergie propre est celle que l’on n’a pas utilisée, et le seul déchet propre est celui que l’on n’a pas fait, les efforts portant sur son traitement et son réemploi  local (par quartier comme dans certaines communes cherchant à diminuer le coût de transport et de traitement des déchets verts),

    -        Quel est le coût en énergie des avancées modernes : téléphone, SMS, box, … que l’on utilise largement pour diffuser des idées … écologiques …

    -       

     

     

    On voit que le grand défi d’aujourd’hui est de faire comprendre à tous que la moindre petite action et un grand pas pour la Terre, et que nul ne peut se prévaloir de ne pas y porter atteinte car son impact sur la nature n’y est forcément pas nul.

     

     

    Et pour finir

     

     

     

    En fait, pour être laïque, il suffit de prendre conscience que quelque soit la motivation personnelle de l’un ou de l’autre qu’on peut vouloir entendre … ou non, car elle correspond ou non à une recherche ou une expérience personnelle, la vie réclame une participation active de tous (quelle que soit son opinion) à une société qui ne peut pas redistribuer des richesses de production ou de services s’elles n’ont pas été créées et équilibrées.

     

    C’est aussi reconnaître que son positionnement personnel dans cette société a forcément un impact qui devrait tendre à être positif de préférence, même si on peut avoir transitoirement ou plus durablement besoin d’aide, et ce que l’on soit jeune, actif ou retraité.

     

     

    Enfin, comme le savent ceux qui travaillent à la conservation de châteaux, sites naturels, entreprises … l’impact qui permet de préserver l’outil collectif ou naturel en l’adaptant à son temps est celui qui met en valeur l’objet, le site, la nature à conserver et à ce titre qui efface ses traces personnelles pour laisser place à son objectif, quel que soit ses opinions intérieures.

     

     

     

    Alors il reste à chacun à se dire : pour que je puisse atteindre un rêve de laïcité, d’écologie, de société équilibrée, je dois me dire :

     

     

    Vis, pense, agis mais

    Efface tes traces !

     

    La laïcité devient donc une forme de home staging universel, l'art de transformer :

    - ce qui constitue notre identité venue de notre expérience et dont nous pouvons témoigner

    - en un apport acceptable par tous dans une société dans laquelle nous sommes tous interdépendants,

    - en accord avec les principes de base de préservation d'un Environnement dont nous ne sommes que passagers.

     

    Et c'est aussi se dire que tout ce qui nous est apporté par la société a été initié par des individus qui ont une personnalité, des conceptions et des opinions, qu'ils ont le droit d'exprimer ce qu'ils vivent et ressentent dans la limite de leurs droits d'homme, sans porter atteinte ni aux autres, ni à l'environnement (flore, faune,  écosystèmes  ...).

     

    La laïcité comme aller-retour permanent entre son propre soi et le "soi" des  autres.

     


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  • La laïcité est le principe résumé en séparation de l’église et de l’Etat.

    Le clip de l’Education nationale rappelle que la laïcité repose sur trois piliers : l’égalité des citoyens devant la loi, la liberté de croire ou de ne pas croire, la neutralité de l’Etat.  

     

    C’est dont le fait de séparer de façon claire :

    Sur le plan collectif

     

    Sur le plan individuel

    Sur le plan de l’institution

    Ce qui relève du fonctionnement d’un Etat et qui implique donc la totalité de sa population

    La délimitation du domaine individuel et des pouvoirs de l’Etat

    La connaissance des lois

    L’Etat en tant que représentatif de normes de fonctionnement acceptées par tous collectivement et individuellement

    Sur le plan individuel

    De ce qui relève des croyances spécifiques aux religions ou autres mouvements religieux, philosophiques ou politiques qui ne concernent que les personnes impliquées dans ces croyances, religions, partis, mouvements ou opinions personnelles.

    La définition du citoyen

    La connaissance de soi

    La cognitivité

    La personne en tant qu’individu avec ses croyances et représentations personnelles du monde qui l’entoure.

    Sur le plan social

    Ce qui garantit le fonctionnement la séparation entre ces deux entités Etat / religion ou croyance : la neutralité de l’Etat, en rappelant qu’il est aussi garant de l’organisation des cultes, donc de l’exercice de la liberté de croyance.

    La reconnaissance de l’autre La socialisation

    Théorie de l'attribution causale dans la psychologie sociale

    Cause externe ou interne

    Cause permanente ou temporaire

    Cause globale ou spécifique

    Le rapport individuel établi par chacun de nous entre ces deux entités, donc notre rapport personnel aux autres et à l’Etat, à la norme.

     

     

    Les éléments figurant sur ces tableaux symbolisent des notions, et pas les compétences nécessaires à leur compréhension ou leur élaboration.

     

    Il est à remarquer que les trois piliers sur lesquels reposent la laïcité, selon l’Education nationale, sont très proches des trois dimensions fondamentales de l’être humain : soi, les autres et les normes. 

     

    Une personnalité équilibrée prend en compte ces trois dimensions à part égale. Cependant, chacun peut minimiser l'importance et le rôle d'un pôle et en privilégier un autre. Chacun peut également avoir tendance à accorder une importance prioritaire à l'un ou l'autre de ces trois pôles.

     

     

    MOI, L’INDIVIDU

     

     

     

    La personnalité est approchée de façon différente selon les courants (psychanalytique, cognitiviste, psychopathologique, mais aussi behavioriste, humaniste …) et les chercheurs.

     

    C’est une triangulation entre :

     

    Le tempérament s’appuie sur la constitution physique et l’ensemble des dispositions organiques innées du sujet.

    La personnalité dépend de :

    L'inné physique et psychique

    L'état d'esprit et la condition physique

    L'expérience des situations passées

    La norme sociale / la norme individuelle

    Il en résulte un comportement.

     

     

    Confronté à son environnement physique, social et intellectuel,

    Cette confrontation donne lieu à la perception, et des réactions émotionnelles ou intellectuelles.

     

     La perception est un processus cognitif de sélection, d’organisation et d’interprétation des information fragmentaires et ponctuelles s collectées par les sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût).

    La sensation permet la collecte des informations du monde extérieur à travers les stimuli dus aux sens

    L’attention est la concentration mentale portée par l’individu sur un objet déterminé.

    La compréhension : classe et interprète mentalement l’information.

    La mémorisation conserve ou oublie l’information selon l’importance du stimulus, sa répétition dans le temps, sa relation en réseau avec d’autres informations.

     

    Les émotions sont littéralement un mouvement, une réaction rapide, ponctuelle, automatique donc involontaire à un stimulus affectif, environnemental, psychologique. Elles dépendent des acquis du passé, intellectuels ou psychologiques et impactent physiologiquement ou mentalement l’individu, se manifestant par des expressions, faciales, gestuelles, posturales ou vocales. On en distingue généralement six de base : la peur, la joie, le dégoût, la colère, la surprise et la tristesse.

    Les émotions en réaction avec un objet, une situation, donc elles impliquent une interaction avec « un autre objet ou sujet ».

     

    La cognitivité est incluse dans la personnalité. Le raisonnement, la propension à s’en servir prioritairement en fait partie.

    Ce qui donne le caractère : des caractéristiques stables émotionnelles, des attitudes et des comportements dont le social. Celles-ci permettent de distinguer une personnalité d’une autre. Le caractère est l’ensemble des traits qui singularise la personnalité et distingue une personne d’une autre. 

     

    Les attitudes ou intentions d’agir, prédispositions internes à l’individu naissent des acquis par l’expérience (opinions, croyance, idées, réflexes) modifiables dans le temps.  Elles marquent  un ensemble de fonctions, un rôle, qui indiquent le statut d’un individu par rapport aux autres, son statut social.

    L’attitude se décompose en trois éléments :

    -        la composante cognitive : elle reflète l’ensemble des idées, des connaissances, des croyances d’un individu à l’égard d’un objet ou d’une idée ;

    -        la composante affective : elle permet de déterminer l’appréciation, les sentiments à l’égard de l’objet ;

    -        la composante conative (ou comportementale) : elle montre la prédisposition à entreprendre une action.

     

    Le comportement est composé par les actions et réactions d’un individu observables de l’extérieur dans des situations données, soit les attitudes d’une personne lors de différentes situations, évènements ou relations. Il est extérieur et se voit car il manifeste la personnalité, il est observable.

     

    S’il y a correspondance cohérence entre attitudes et comportement, on parle de « consonance ». Dans le cas inverse, il y a « dissonance ».

    Jung propose :

    -        Deux modes d’investissement de l’énergie de la personnalité : l’introversion et l’extraversion.

    -        Quatre fonctions de base de l’appareil psychique : intuitif ou factuel, intellectuel ou affectif.

    Le type psychologique est le croisement entre modes et fonctions.

    D’autres types sont venus les compléter, notamment en cognitivité : stabilité / instabilité ; autonomie / soumission … 

     

    Les traits de caractère définissent la structure des dispositions psychologiques individuelles. Ils sont qualifiés pour permettre de décrire un comportement, les états affectifs, la valeur attribuée à l’individu.

    Dans la théorie des 2D (Osgood, 1962), les traits de personnalité sont répartis en deux groupes :

    -        Les traits sociaux (Sympathique; malhonnête …),

    -        Les traits de compétences (compétent ; dynamique…).

    Dans la théorie des 5D (ou Big Five), les traits ou facteurs de personnalités sont répartis en cinq groupes :

    -        L'extraversion (esprit bouillant, actif) / réserve

    -        Le caractère agréable, (personne sympathique, amabilité, gentillesse) / froideur 

    -        La conscience (organisation, minutie, application) / insouciance 

    -        La stabilité émotionnelle (calme, contrôle) / névrosisme 

    -     L’ouverture d'esprit et à l’expérience (personne imaginative, originale) / caractère banal 

     

    Pour rappel, la cognitivité distingue nombre de qualités cognitives qualifiées par paire.

     

     

    Les caractéristiques décrites dans le tableau se croisent et se combinent, aboutissant à une unité et une permanence qui constituent la personnalité, l’individualité  de chacun.

    Dans WWC Métacognition théorie.

    Métacognition

     

     

    La cognitivité est l’ensemble des processus mentaux nécessaires à la connaissance :

     

    Informations ou connaissances.

    Acquérir

    -        La sensation (voir, entendre, goûter, sentir), Le langage,

    -        La perception

    Traiter

    -        L’attention ou la concentration

    -        Le raisonnement, (, la compréhension, l’intelligence,

    Stocker

    -        La mémoire,

    -        L’apprentissage,

    Utiliser

    -        Le jugement, la prise de décision 

     

    L’identité ou soi-même

     

    Le soi, l’ego est notre identité de référence cognitive et sociale.

    On ne peut apprendre, connaitre, que par ce qu’on peut vivre, percevoir, ressentir, raisonner, découvrir, comprendre …

     

     

     

    L’ALTERALITE : L’AUTRE

     

     

    Emmanuel Levinas dans le recueil « Altérité et transcendance « (1995) voit dans l’altéralité une recherche sur la relation avec autrui.

    Pour sortir de cette solitude qu'il décrit comme désespoir ou isolement dans l'angoisse, l'être humain peut emprunter deux chemins, soit de la connaissance, soit de la sociabilité.

     

     

    L’altérité est le caractère, la qualité de ce qui est autre L’antonyme d’altéralité est identité.

    Tout ce qui n’est pas identique est autre.

     

    L’altérité est ce qui caractérise, distingue, différencie, diversifie une entité (individu, groupe social, culturel, religieux, ethnique, local …) par rapport aux « autres » entités extérieures à la réalité de référence et donc possédant des références ou identités différentes des nôtres. Cet « écart » à l’autre doit pouvoir être perçu ou mesuré.

     

    Il y a souvent confusion entre cognitivité et altéralité, et cette confusion impacte notre vie quotidienne et notre société.

     

    Ainsi, on peut penser que :

    -        Les outils modernes de communication incitent à l’altéralité alors qu’en fait, ces outils invitent à un échange d’informations, c’est-à-dire de représentations mentales de sentiments, d’opinions … D’où le problème des fake news mais aussi celui d’une « aseptisation » de la relation d’altéralité, qui est « dépersonnalisée » et qui supprime certains des éléments nécessaires à la communication humaine : le toucher, le regard, le ressenti, l’adaptation à l’autre …

    -        Les voyages permettent de s’ouvrir aux autres : Fausse idée que de penser que par exemple, parce qu’on a visité une mosquée et un souk on connaît la civilisation d’Afrique du nord …

    Ces voyages si à la mode et qui tuent la Terre de par la pollution qu’ils induisent sont indubitablement une ouverture d’esprit à d’autres cultures que les nôtres, mais ils ne portent que très peu à l’altéralité, pour peu qu’ils ne provoquent pas un repli culturel : combien d’hôtels proposent des repas locaux autres que de menus internationalisés ? Combien en zone de sécheresse proposent la même rationalisation de l’eau que  celle imposée aux habitants locaux.

    Combien ne proposent que des menus sans porc ou végétariens dans les pays où ces coutumes sont monnaie courante.

    Et pire : comment peut-on croire qu’il peut exister un hôtel écologique qui ne dérangerait pas la faune et la flore de l'’île jusque-là déserte d’habitants sur lequel il s'est implanté.

    Quels sont ceux d’entre nous qui sont rentrés changés par un voyage à l’étranger et non juste « distraits » ?

    Tout cela prouve que cette culture qui est sensée nous faire évoluer n’est qu’une somme d’informations et de données acquises au moyen de voyages couteux écologiquement mais considérés comme nécessaires.

     

    Ces ambiguïtés prouvent que la connaissance ne peut pas se contenter de donner informatives et marquent la confusion entre la prise directe d’informations (sur le terrain ou par la pratique) et l’acquisition d’autres données autres qu'informatives mais aussi partie intégrante de la connaissance.

    Ou encore, c’est la confusion entre la connaissance et le savoir :

    Qui n’a pas entendu dite d’un autre : oh, oui, je sais, j’ai entendu ça à la radio, la télévision … C’est la même confusion qu’entre celui qui a vu fabriquer un objet (un plat, …) et celui qui sait vraiment le confectionner.

     

    En clair, l’humain confond les données représentatives qu’il a emmagasinées avec les compétences qui en ont découlé : il sait intellectuellement mais il n’a ni intégré, ni réutilisé les données acquises. 

    Ceci indique la dualité entre :

    La connaissance et sa théorie

    Il est traditionnel de distinguer deux grands courants :

    -        Le rationalisme et les rationalistes affirment l'existence d’une connaissance indépendante de l'expérience, purement intellectuelle, universellement valable et indubitable.  

    -        L’empirisme : les empiristes, eux, affirment que toute connaissance procède de l'induction et de l'expérience sensible. Ce sont souvent aussi des sceptiques qui affirment qu'il n'existe aucune connaissance universellement valable, mais seulement des jugements nés de l'induction et que l'expérience pourra réfuter. 

    Il en découle deux formes de socialisation, une qui crée l’altéralité et l’autre qui la rend secondaire ou inutile :

    La socialisation qui sert à la construction ou la modification de la personnalité par la confrontation du soi avec l’autre, qu'il soit objet, sujet ou univers.

    La socialisation informative qui procède par la formation intellectuelle

    L’altéralité détermine le type de relation que l'individu ou la société mènera avec l'autre (Angelo Turco).

    La psychologie sociale étudie de façon empirique comment les pensées, les émotions et les comportements des gens sont influencés par la présence réelle, imaginaire ou implicite d'autres personnes ou encore par les normes culturelles et les représentations sociales.

    Dans un cas, elle sera positive, basée sur la coopération (hospes) L'autre est différent de façon plus ou moins analytique et mesurable.

    Il est possible donc de trouver dans cette altéralité des points de convergence et d’appui pour une construction réciproque.

    Le tourisme par exemple repose sur l'altérité puisqu'il exprime une triple quête : quête d'un lieu, quête de soi, quête de l'autre. (Rachid Amirou)

    Dans l'autre négative, basée sur le conflit (hostis)

    L’autre est une totalité irréductible et donc que l’on doit accepter ou rejeter comme tel.

    Les conséquences portent sur la conception même de l’altéralité :

    L'altérité étend la liberté individuelle au travers de celle des autres, impliquant l'attention aux autres, le respect fondamental et l'ingérence dans les situations identifiées comme portant atteinte aux droits fondamentaux des humains d'être eux-mêmes et chacun différent. C’est l’idée que la différence de l’autre aide à la construction de l’individualité par le contraste qu’elle forme avec l’autre.

    La tolérance implique la séparation entre soi et l’autre, l’idée que la liberté individuelle de chacun s'arrête là où commence celle des autres, et justifie l'idée qu’on ne doit pas me mêler des affaires des autres ; Le rapport social est réglé selon la loi et le droit.

           

     

    Dans le contexte de la médiation entre soi et l’autre, l'altérité implique la réciprocité, la responsabilité l'un de l'autre.

     

    Les sociologues distinguent la socialisation primaire de la socialisation secondaire :

    La socialisation primaire se construit dans l’enfance et l’adolescence et permet la construction de l’identité en contraste avec l’altéralité : ce qui est moi n’est pas l’autre.

    C’est à cette période que se forment les normes et les valeurs constitutives de l’individu, en relation avec sa famille, l’école …

    La socialisation secondaire prendra appuie sur la précédente pour la compléter, la prolonger ou la transformer souvent partiellement.

    Un changement complet du mode de socialisation ne pourrait provenir que d’un fait bouleversant complétement la personnalité construite avec une certaine forme de socialisation.

     

     

    NOUS UNE SOCIÉTÉ

     

     

     

    La société civile

     

    La société civile est constituée d'associations ou d'organisations censées être légitimes pour représenter la volonté des citoyens, donc pour représenter les individualités.

    La perception des questions de société lui est propre et n'est pas nécessairement représentative de la société législative constituée.

    Pour Larry Diamond, elle se fonde sur le volontariat, la spontanéité, l’autosuffisance, l'autonomie vis-à-vis de l'Etat, qui est lié par un ordre légal ou un ensemble de règles communes."

     

    La société 

     

    Une société est un groupe organisé d'individus humains ou d'animaux :

    -        Ayant établi des relations éphémères ou durables à une époque et en un lieu donné. Les moyens d'information et de communication les plus divers y sont une base.

    -         Une grande importance dans la vie quotidienne

    -        Ayant des rapports fortuits ou une organisation commune sou forme de lois / Règlement …

    -         Ayant un centre d'intérêt commun : économie, politique, juridique, sociopolitique, humanitaire, éthique, juridique, environnemental, scientifique, culturel …

     

    Elle possède des formes économiques et politiques, des conduites sociales, des valeurs morales engendrées par une communauté. 

     

    La société ainsi constituée est conçue comme une réalité distincte de l'ensemble des individus qui la composent.

     

     

    La triarticulation sociale / de l'organisme social, sociétale ou tripartition sociale (Rudolf Steiner) est fondée sur l'interaction des trois grands domaines d'activité de la société :

    Le spirituel et la culture au sens large (le spirituel, le social, l'écologie, l'humain)

    Le droit et la politique (élaboration et suivi des règles permettant la vie en société)

    L’économie (production, circulation et consommation des biens et des services)

    Suivant cette approche, pour Nicanor Perlas (ingénieur philippin, auteur de "société civile : le 3e pouvoir - Changer la face de la mondialisation"), le fonctionnement de la société (ou "organisme social) est considéré comme sain lorsque ces trois pouvoirs opèrent à la fois de manière autonome et coordonnée pour le bien de tous en collaborant de manière respectueuse. Ce qui nécessite d'instaurer :

    La liberté dans le domaine culturel qui tend à une forme d’autogestion respectant le principe de la non-ingérence

    L’égalité dans le domaine juridique

     

    La fraternité dans le domaine économique implique une forme de « globalisation » répartie en économie sociale et solidaire, opposée à un libéralisme

     

    Une organisation sociocratique est une forme d’organisation démocratique existant y compris au sein d’une organisation type entreprise visant l’autogestion, type association. Il s’agit d’une structure à différents niveaux mais interconnectés du haut vers le bas et du bas vers le haut.

     

     

    LES PROCESSUS DE LA LAÏCITÉ OU SOI, L’AUTRE ET LA SOCIÉTÉ

     

     

    Les processus menant à la laïcité peuvent être confondus avec ceux de la connaissance de cette trilogie moi / L’autre / la société ou Moi / l’autre / la laïcité …

    Simplement, l’approche ne peut se faire que par réflexion sur des sujets touchant à ces trilogies.

    D’où l’intérêt de les aborder par le biais des contes, des conseils de classe, de la philosophie …

     

    Le tempérament prédispose à l’un ou plusieurs des trois pôles d’intérêt : pour Soi (individualité), pour les Autres (social) ou pour un Projet (organisation, institution).

     

    Le passage de l’un à l’autre de ces pôles est déterminé par une motivation, un moteur d’action : par exemple la pratique, le résultat, la connaissance, l’estime, le désir de création ou d’innovation, de renouveau, la sécurité, la conformité …    Ce moteur d’action peut mener à un projet personnel … ou non.

     

    Cette motivation aboutit à un objectif conscient ou non. Il este fonction de l’individu même, de son âge, son milieu social, son sexe, son éducation …

    Vouloir que les gens « entrent en laïcité » comme on entrerait en religion, c’est vouloir que tous ces projets individuels conscients ou inconscients soient compréhensibles et acceptés par tous.

    Or ils se situent tous à des niveaux différents :

    -        L’un cherche juste à survivre

    -        Tandis que l’autre vit selon les principes qu’on lui a inculqués … ou pas

    -        Le troisième cherche à faire un plein d’expériences de toutes sortes à travers des animations, des voyages …

    -        Le quatrième est un puits de culture,

    -        Le cinquième est militant associatif, syndical ou politique

    -        Celui-ci est féru de spiritualité à titre individuel (il pratique la méditation, le yoga) ou religieux (il pratique selon des rites, des croyances…)

     

     

    Certains des freins inhérents à la compréhension de l’expérience ou de l’objectif de l’autre peuvent être évoqués :

    Les objections de principe soit le désir de rester dans l’état présent sans changement, souvent par désir de sécurité, crainte du nouveau, ou manque de visualisation de l’objectif à atteindre …

    Les objections subjectives liées à l’émotionnel. Elles sont propres à chacun et proviennent souvent sensations, perceptions, et « leçons de vie  »  mémorisés dans le passé.

    Les objections liées au mental, le désir de comprendre pour avancer avant d’agir ou de changer, les acquis intellectuels trop marqués qui bloquent leur propre évolution ou l’acquisition de nouvelles idées. Il n’est pas inutile de rappeler que toute nouvelle notion pour être acceptée doit être en cohérence avec ce qui a été précédemment appris, sou pein dedemander de gros efforts pour changer le réseau de connaissances déjà existant.

     

    Elle questionne plusieurs disciplines (la philosophie, l'anthropologie, l'ethnologie, la géographie, la morale et le juridique, les sciences de l'homme et de la société…) selon la nature de « l’entité » prise comme base de référence et conduit à s'interroger sur ce qui est autre (alter) que nous (ego), sur nos relations avec lui, sur les moyens de le connaître, sur la possibilité d'exister sans lui, sur la menace qu’il peut constituer pour notre propre individualité, notre personnalité.

     

     

    La philosophie, « désir de connaissance » et / ou « amour de la sagesse », 

     

    Emmanuel Kant ramenait le domaine de la philosophie à quatre questions : « Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l’homme ? ».

     

    S’il était possible de lister les questions qui peuvent être abordées en philosophie, on y trouverait toutes celles que l’on peut se poser au cours d’une vie.

    Car tout devient philosophie quand il s’agit d’y former ou transformer sa personnalité :

     

     

    Retour sur expérience à propos d’un fait vécu       ou     Réflexion critique type philosophie analytique

    Phénoménologie

    Qu'est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que la réalité ? Qu’est-ce que les émotions, le ressenti, une information.

    Quelle différence entre moi et les autres.

    Est-ce qu’il faut toujours dire la vérité ? C’est quoi grandir ?  Est-ce bien de grandir? 

    Les émotions, les sentiments, l’individualité,

    C’est quoi, un enfant ? Etre une fille ou un garçon, est-ce que c’est pareil ?

    Qu’est-ce qu’un ami ?  A quoi ça sert un ami ? Est-ce difficile d’être seul ? 

    Cognitivité

    Le raisonnement, la logique.

    L’école à quoi ça sert ? C’est quoi avoir de la chance ? Qu’est-ce qui se passe quand on se trompe ?

    Morale / éthique / politique

    Quelle est la fin des actions humaines ? Comment bien vivre ? Qu’est-ce que la vertu, le bonheur, le bien, le mal, la justice.  Le bien et le mal sont-ils des valeurs universelles permettant de définir cette fin ? 

    Quelles sont les relations entre droit et justice ? Comment naissent les normes juridiques ? Selon quels critères faut-il les juger ? Dois-je toujours me conformer aux normes et aux règles ?

    Doit-on toujours obéir ?  ?  Quel est le meilleur maître ?  La morale peut-elle et doit-elle guider l'action politique ? Pourquoi on ne fait pas tout ce qu’on veut ? Pourquoi, parfois, « C’est pas juste ! » ?

    La généralisation, la philosophie

    La philosophie est une approche qui repose, en principe, sur la raison. Pour le philosophe, en général, la spiritualité est une notion valide, aussi longtemps qu'elle ne fait pas « référence à des croyances, religieuses ou autres » et qu'elle se définit comme « l’incidence de la vérité (comme telle) sur le sujet (comme tel) ». La spiritualité est fondée sur la notion plus évasive et aléatoire de l'expérience intérieure » ou de la croyance

    La relation au monde, la spiritualité (laïque ou religieuse)

     

    On attribue au mot « religion » la racine latine :

    -        religare, dont le  sens est « relier, amarrer », le lien entre l’homme et une réalité universelle transcendante.

    -        Ce qui conduit à citer une autre racine éventuelle, relegere, « relire », relecture des rituels (diront certains) mais obligatoirement de l’univers à travers la perception et la cognitivité de l’homme

     

    Quelles sont les relations entre corps et esprit ? », « Comment fonctionne la cognition ? 

    Qu'est-ce que l'être ? », « Pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que rien ?  Y a-t-il des réalités immatérielles ? », « Dieu existe-t-il ? », « L'âme est-elle immortelle ? Incorporelle ? Qu’est-ce qui est beau ? C’est quoi la vie ?

     

     

    La philosophie est une discipline déductive et rationnelle. Elle n'est pas simple intuition ou impression subjective, mais demeure inséparable de la volonté de démontrer par des arguments et déductions ce qu’elle avance : elle est volonté de rationalité.

     

     

    Le processus de laïcité peut s’apparenter à un processus d’autocritique, d’ouverture aux autres, et de prise de conscience de l’univers dans lequel on vit.

    A ce titre, elle possède une double face à chacun des niveaux sur lequel elle s’applique :

     

     

    Aspect positif

    Aspect négatif

    Connaissance de soi

    Maîtrise de son corps : alimentation, sommeil, désir d’information et de connaissance, de culture … Les émotions ne peuvent pas être toujours considérées de façon négative et à dominer. Elles sont souvent recherchées (fête foraine, films, musique, sports…) et est souvent moteur de progrès. Mais la façon de se les procurer, l’objectif suivi, et la distinction entre émotions et informations doivent être « re » connus voire maîtrisés.

    Excès de toutes sortes (drogues, sport qui conduisent à l’addiction), confusion entre les savoirs (fixes et finis) et la connaissance (en mouvement et en réseau), refus d’admettre ce que l’on n’a pas expérimenté soi-même

    Ouverture à l’autre

    Constitution d’une société, démocratie, socialisation.

    La cognitivité reste une base et un point d’appui incontournable vers la spiritualité, même si elle n’en est qu’une composante. Des connaissances erronées ne peuvent pas mener leurs propriétaires à une universalisation valide, positive et vécue de ses opinions.

    Soumission à un parti, un groupe, une secte, une association. Jeu de pouvoirs entre opinions, convictions …

    Création d’une dichotomie entre partis (politiques) ou dans la société (public / privé) ;

    Création d’illusions ou de discours (politiques, spiritualistes, religieux) sans fondement réel, s’appuyant sur d’autres bases que celles sur lesquels ils devraient reposer.

    Spiritualité

    Extension progressive de son univers (de compréhension, de vie, de rencontre).

    Multiplication des modalités d’approche du monde dans lequel on vit.

    Dogmatisme, confusion entre son univers et l’univers, désir de dominer « son » monde …

     

     

    On peut donc conclure que le processus de laïcité est une déclinaison de l’altéralité sur différents plans de nos vies :

    -        Notre vie courante : l’acceptation de nous voir comme notre propre instrument de vie en confrontation avec le monde extérieur,

    -        Les autres : la constitution de la société avec nous comme une de ses composantes et les relations qui en découlent,

    -        Et l’univers : notre rapport à l’univers d’une façon générale, notre façon de nous y inclure, d’y former un parcours individuel et cohérent, d’y évoluer et de le comprendre.

     

    Voir la laïcité comme la séparation de l’église et de l’Etat n’en n’est qu’une infime partie et conséquence, une limitation à son domaine extrêmement réducteur et simpliste.

     

     

    Mais étendre cette notion aux domaines qu’elle touche ouvre des voies d’exploration riches à explorer ensemble au fil du temps.

     


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  • Les différentes anaphores Sens et accords des anaphores

    Substituts, anaphores et pronoms : le sujet paraît être assez simple pour ne constituer :

    - qu'une partie de la compréhension de texte pour les anaphores

    - qu'une partie assez répétitive de la grammaire, pour les pronoms. Leurs listes sont apprises par coeur et évoquées surtout au moment des conjugaisons ou  des accords des participes passés inversés.

     

    Mais en fait, étudier les règles de fonctionnement de ces substituts posent  le problème du nombre (singulier ou pluriel) de ces anaphores par rapport à leurs référents.

    Ainsi, les mots collectifs, de culture, les locutions de quantité ou adjectifs numéraux réclament une attention particulière.

     

    Il n'existe même aucune règle fixe conditionnant de façon stricte ces accords.

    Est-à dire que l'orthographe peut parfois être une histoire de choix, voire de compréhension ou de cognitivité.

    A vous de voir...

     

    Télécharger « VVC Substituts anaphores pronoms Théorie.doc »


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  • Ce document est une reprise d'un document précédent. 

    Vous n'y trouverez certainement rien de nouveau par rapport aux documents déjà en place dans vos classes. 

    Mais il était logique de combler ici la nécessité de donner aux élèves des outils, ceux-ci servant autant de référent qu'à la mémorisation. 

     

    Une partie de ces fiches outils se trouvent aussi dans le document outil sur les groupes nominaux, puisque les pronoms les remplacent et s'accordent ordinairement en genre et en nombre comme eux.

    Télécharger « VVC Outils Les pronoms.docx »


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